Des souvenirs américains ∴ Michael Collins

par Electra
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Lors du repérage de la rentrée littéraire, ce roman m’avait intrigué. Je ne connaissais l’auteur, Michael Collins, que de nom. Romancier irlandais, né à Limerick, l’homme a quitté son île pour s’installer tout près de Chicago, où ses romans ont reçu un très bon accueil, avec le Prix de la meilleure nouvelle américaine. Sportif de haut niveau, il vit désormais entre les Etats-Unis et Dublin.

J’avoue que j’ai parfois une manie étrange : ne pas lire la quatrième de couverture. Pourtant, je l’avais bien lue lors de mes repérages, mais une fois le livre entre mes mains, je me suis lancée dans directement dans ma lecture, sans connaître un fait important. Et le début fut laborieux, car j’ai eu, j’avoue, une difficulté qui a perduré très longtemps dans ma lecture : je confondais les deux personnages principaux.

D’un côté Norman Price, un metteur en scène de Chicago, qui traverse depuis la crise économique de 2008, une période très trouble : ses parents sont décédés, et son compagnon l’a quitté. Il a obtenu la garde de leur fille adoptive, Grace mais semble incapable de s’y attacher. Tout change lorsque sa voisine, Joanne, débarque inopinément dans sa vie. Quittée par son compagnon, la jeune femme n’a pas les moyens de conserver l’appartement. Norman accepte de l’engager comme nounou, et la jeune femme s’installe chez eux.

De l’autre côté, Nate Feldman, a quitté l’Amérique, il y a fort longtemps. La raison? Sa réquisition par l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam – refusant d’aller combattre, le jeune homme avait sauté dans sa voiture et roulé non stop jusqu’au Canada. Tout seul, Nate avait du reconstruire toute une nouvelle vie. Veuf depuis la mort de son épouse, décédée d’un cancer lié à la pollution des eaux, Nate, souffre à son tour, et surtout il semble ne plus rien attendre de la vie. Jusqu’à ce qu’une lettre le décide à rentrer au pays.

J’avoue, qu’en tapant ces mots, j’ai à nouveau la même difficulté à savoir qui est qui ! L’un d’eux, je pense qu’il s’agit de Norman, a perdu sa mère dans un accident de voiture, qui ressemble plus à un suicide. La quinquagénaire ne s’est jamais remise de la mort violente de son patron. Assistante personnelle pendant plus de vingt ans de cet homme, ce dernier s’est suicidé en 2008 lors de la crise bancaire. La mère et le fils ne se sont jamais entendus. Elle vit dans la nostalgie de l’Amérique de son enfance. Conservatrice, elle a du mal avec cette liberté de moeurs et cette course après le temps. Tout va trop vite pour cette femme qui se sait malade. A son décès, le notaire chargé de son héritage n’arrive pas à joindre son fils pour lui remettre des pellicules de film.

Il réussit à joindre Nate – et les deux hommes vont devoir remonter dans leur passé et affronter leurs fantômes respectifs. Peu à peu, le lecteur comprend ce qui lie le sort de ces deux hommes (annoncé dans la quatrième…)

Je ne suis pas d’accord sur le fait que l’auteur se concentre uniquement sur Nate et Norman – et je lui reproche d’ailleurs de les quitter trop souvent, et d’aller nous raconter la vie de personnages secondaires – ainsi, je me suis ennuyée avec les histoires d’amour de Susan ou de l’ex de Norman. Je n’ai pas non plus compris ces histoires de corruption (et d’une délation basée sur le mensonge, accusant un ex d’être séropositif). J’ai survolé ces passages, en ayant hâte de retrouver Norman ou Nate.

Car où je trouve le roman très intéressant, c’est sur la quête d’identité et la reconstruction de ces deux personnages, et selon l’éditeur, « que l’auteur irlandais raconte avec une acuité toute particulière, mais plus largement, celle d’un pays tout entier ». 

Et c’est vrai que certains passages m’ont paru en effet percutant, et très parlant. Cette volonté délibérée de raconter l’histoire des dernières cinquante années d’un pays (son mythe et la destruction de ce dernier) est réussie mais, fait pervers,  peut aussi lasser le lecteur. Et surtout l’aliéner. Ce qui fut mon cas, je n’ai pas pu totalement m’attacher aux personnages, car les digressions perpétuelles du roman sur la chute de l’empire Américain créent une distance infranchissable avec Nate et Norman. Dommage. Reste que la prose de l’auteur et sa maîtrise du sujet impressionnent la lectrice que je suis.

Un grand merci à l’éditeur !

♥♥♥♥♥

Editions Christian Bourgois, The death of all things seen, trad.Aurélie Tronchet, 326 pages

 

Et pourquoi pas

8 commentaires

keisha 24 février 2017 - 7 h 20 min

OK je peux passer… (et si j’ai bien compris, la 4ème de couverture en disait trop (tu fais bien de ne pas les lire)

Electra 24 février 2017 - 7 h 25 min

Trop ? Disons qu’elle m’aurait permis de comprendre leur lien mais c’était mieux de Le découvrir. Moi je vais lire le deuxième roman car j’aime son style

jerome 24 février 2017 - 8 h 50 min

Je suis sûr que tu as mieux sous le coude alors je ne vais pas te suivre sur ce coup-là et attendre tes prochaines lectures 😉

Electra 24 février 2017 - 17 h 28 min

Ah oui ! Ma pal a bien grossi

Marie-Claude 25 février 2017 - 17 h 20 min

Dommage… Je passe. Mais c’est bien pour moi: je peux économiser pour cet été.
Mais ton craquage qui me fait craindre le pire…

Electra 25 février 2017 - 18 h 04 min

Tu as raison d’avoir peur ! Je n’ose entrer dans la chambre d’amis oui la place faite par mes livres sera celle pour tes achats !

Océane 26 février 2017 - 21 h 11 min

je me demande si c’est le même MIchael Collins qui a écrit Les Âmes Perdues ? Roman que j’avais plutôt aimé. Il faudrait que j’en lise d’autres, et malgré ton avis mitigé, je suis tentée.

Electra 26 février 2017 - 21 h 13 min

Oui c’est le même. Il écrit très bien et offre une analyse très poussée de la crise économique et son impact sur le rêve américain. Je vais lire mon autre roman de lui.

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