No one is talking about this · Patricia Lockwood

par Electra
2,5K vues

Difficile de mettre des mots après ma lecture. Une lecture vraiment à part, à la fois très drôle et à la fois très inquiétante. Où va le monde ? Patricia Lockwood prend le contre-pied et nous plonge dans le monde virtuel des réseaux sociaux, le portal où le on-dit a remplacé la réalité.

C’est en écoutant un podcast que j’ai entendu parler de ce livre, sélectionné pour le Women’s Prize (enfin, je crois..) et ma curiosité a été piquée. Voici l’histoire, où ce que j’en ai saisi, car il s’agit plus d’une réflexion sur notre monde, notre relation aux réseaux sociaux, et notre perte de valeurs humaines.

Une femme devenue célèbre grâce aux réseaux sociaux (des posts où elle pose des questions) voyage aux quatre coins de la planète pour rencontrer ses nombreux fans, son existence étant désormais totalement absorbée par Internet ou ce qu’elle appelle « le portal ». Et la première question que les gens qui y sont se posent est la suivante : « Sommes-nous en enfer? » « Allons-nous devoir continuer ainsi toute notre vie ? « 

Mais soudainement tout change lorsqu’elle reçoit deux textos de sa mère qui lui dit que quelque chose vient d’arriver et lui demande dans combien de temps elle peut être là. La vie réelle (« IRL ») vient soudainement chambouler cette vie subliminée du portal, un monde où tout semble possible, où tout exagéré, la gentillesse, la générosité comme la violence et la haine.

Et puis que devient-on lorsque se met perpétuellement en image ? Que tout est mis en scène ? Nos repas, nos voyages ? Le lien entre la réalité et le faux est ténu. Et notre héroïne est celle qui a participé à cette fuite en avant. Les réseaux sociaux n’ont pas révélé notre personnalité, mais nos choix vestimentaires, musicaux, nos corps, nos posters ou les photos de famille accrochées au mur, ou vos Tupperware teinté d’orange. Soudainement, plus rien n’a de privé. Le début du livre est, je l’avoue, furieusement drôle et ses remarques visent juste à chaque fois.

A person might join a site to look at pictures of her nephew and five years later believe in a flat earth.

Dorénavant les réseaux sociaux guident notre manière de penser, et quand une injustice apparaît, les réseaux la dénoncent et vous êtes forcément jugés à part si vous ne condamnez pas également ce qui se passe. Votre silence est mal interprété. Or parfois, on ne connaît pas le sujet et la condamnation est parfois trop rapide, désordonnée et parfois injuste. Tout est remis en doute. Il s’agit donc d’une réflexion plus globale à travers un personnage qui a plongé dans ce monde et connu le succès. Tout remettre en cause lui est difficile. Elle aime être lue, elle aime le succès.

White people, who had the political education of  potatoes – lumpy, unseasoned, and biased toward the Irish – were suddenly feeling compelled to speak out about injustice.

Back in 1999, she had watched five episodes of The Sopranos and immediately wanted to be involved in organized crime. Not the shooting part, the part where they all sat around in restaurants.

J’avoue qu’à un certain moment, j’ai trouvé cela un peu répétitif et je n’aimais pas ce monde où tout le monde passe son temps à se mettre en valeur, à retoucher son image, à chercher la célébrité et puis soudainement la fin est magistrale.  Une lecture donc vraiment à part, parfois inquiétante sur les débordements et les failles humaines, mais passionnante et parfois très très drôle. Une fois mis à nu, oui, l’homme n’est plus grand chose.

♥♥(♥)

Editions Bloomsbury, 2021, 210 pages

Photo by Hitesh Choudhary on Unsplash

Et pourquoi pas

4 commentaires

Marie-Claude 16 juillet 2021 - 20 h 21 min

Tu te doutes que je tiens absolument à lire ce livre? Ce genre de réflexion me passionne. Il y a des sujets très actuels, dans l’air du temps, qui m’intéressent. D’autres me laissent plus indifférentes.
Tu connais mon ado avec son cell greffé à son avant-bras. Je tente de décrypter ce mode de vie et de représentation. J’y ai même touché avec mon engouement pour IG. Je veux comprendre! J’aime tournicoter autour de ces réflexions…
Donc… À QUAND UNE TRADUCTION?!!!!

Electra 18 juillet 2021 - 10 h 03 min

je ne sais pas ! LOL mais oui ce livre donne vraiment à réfléchir, surtout pour ceux qui désormais en vivent et ne semblent parfois plus capables d’en sortir …
tu te souviens de notre voyage à la Baie James où nous n’avions plus de réseaux ? c’était très bien !

Marie-Claude 19 juillet 2021 - 4 h 18 min

C’était, de fait, très bien, libérateur et allégeant. Mais… nous sommes trop vieilles pour comprendre et apprécier?!

Electra 19 juillet 2021 - 14 h 45 min

LOL je ne sais pas ! je pense que non, mais bon – à voir dans le temps et l’effet sur nos cerveaux 🙂

Les commentaires sont fermés