Brother I’m dying · Edwige Danticat

par Electra
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Enorme coup de coeur pour ce mémoire ! Et il est disponible en français. Connaissez-vous Edwige ? Parce que maintenant je veux tout lire d’elle.

C’est grâce à une Youtubeuse américaine qui a créé un challenge « Auteurs des Caraïbes » que j’ai découvert ce mémoire. Celui d’Edwige Danticat. L’autrice haïtienne, devenue américaine, avait écrit un roman inspiré de sa propre histoire. Ici, elle a choisi le mode autobiographique et son style, son regard en font un incontournable. Edwige est née à Haïti dans une famille soudée. Alors qu’Edwige a 4 ans, et son frère 1 an, ses parents décident de partir s’installer à New York. Ils laissent leurs enfants à l’oncle paternel, Joseph et son épouse. Très vite, la petite fille considère son oncle Joseph comme son second père. A l’époque, seul le courrier permet de garder le contact avec ses parents. Ces derniers envoient de l’argent. Joseph a créé sa propre congrégation, sa petite église. Un homme de foi, honnête et droit. Le hasard l’a fait naître le jour où se déroulent les élections nationales.

Edwige Danticat raconte ainsi l’histoire de son peuple, de son pays, Haïti. Première nation à se libérer toute seule du joug colonial de la France en 1804, la petite république va connaître des heures sombres avec la prise de pouvoir de plusieurs hommes assoiffés de pouvoir, comme le régime de François Duvalier et ses terribles tontons macoutes. Malgré la situation compliquée, Edwige aime sa vie et lorsque ses parents décident de venir les chercher, Edwige n ‘a pas envie de quitter son oncle et sa tante, et tous ses cousins et cousines dont elle raconte l’histoire. La petite fille a douze ans et ne parle pas anglais. Mais Edwige aime lire, et écrire et très vite elle va s’intégrer au mode de vie américain, tout en gardant un lien très fort avec sa famille et son pays d’origine. Elle raconte ici les dernières années, avec les soubresauts politiques haïtiens, et la vieillesse compliquée de ses deux pères. Edwige s’est installée (au grand dam de son père) en Floride avec son époux, lorsqu’elle rentre à New York en urgence s’occuper de son père malade. Au même moment la situation en Haïti se dégrade et la vie de l’oncle Joseph ne tient plus qu’à un fil.

This is an attempt at cohesiveness, and at re-creating a few wondrous and terrible months when their lives and mine intersected in startling ways, forcing me to look forward and back at the same time. I am writing this only because they can’t.

J’ai adoré ma lecture, en anglais comme j’ai aimé dans le récit l’incursion de nombreux mots créoles (en les lisant à voix haute vous trouverez immédiatement le mot français).  J’ai adoré la famille d’Edwige, les deux frères, la tante, les cousins et cousines. J’ai adoré être en leur compagnie et j’ai tremblé et souffert avec eux. L’autrice écrit en plus merveilleusement bien. Et j’ai revu avec elle l’histoire de son pays, qui ne cesse de souffrir entre tremblement de terre, et cyclone. Des gens tellement fort et résiliants.

Throughout his illness, my father never told his doctors he was feeling « bad ». It was either « Not so good » or « Not so bad », a literal translation of the Creole expression « Pa pi mal ».

Le titre en anglais est « Brother, I’m dying » – il a en fait murmuré ses mots à son frère en créole « Frè, map mouri » et je tenais à les reprendre ici. Edwige raconte les difficultés de ses parents, ainsi le « t » dans son nom de famille est muet or les Américains le prononcent Danti-cat comme un chat. Le titre français du livre « Adieu mon frère » (publié aux éditions Grasset) est beau mais il est moins fort que le titre anglais qui est vraiment fidèle à leurs échanges.  J’ai déjà envie de le relire en écrivant ces mots.

♥♥♥♥♥

Editions Vintage, 2008,288 pages

Photo by Zach Vessels on Unsplash

Et pourquoi pas

9 commentaires

uneviedevantsoi 31 janvier 2022 - 9 h 08 min

Oh la la ! Me donner envie déjà un lundi matin… noté noté!!

Electra 31 janvier 2022 - 10 h 21 min

oui dès le lundi matin ! Il en vaut vraiment le détour !! promis juré 🙂

Lune Depassage 31 janvier 2022 - 9 h 59 min

Oui ! Edwige Danticat, découverte avec son recueil de nouvelles Krik? Krak! et son roman The Farming of Bones (effroyable sur le massacre du Persil en 1937). Je l’adore ! Je n’ai pas lu celui-ci, mais je compte me le procurer.

Electra 31 janvier 2022 - 10 h 21 min

oh tu as de la chance ! je compte tous les lire à présent ! surtout ses nouvelles mais ici son mémoire est tellement touchant ! je peux en parler et reparler sans cesse …

Passage à l'Est! 1 février 2022 - 14 h 24 min

Je crois que j’avais entendu parler d’elle mais c’est sûr que je vais m’en souvenir après avoir lu ton enthousiasme! Je vois dans les bibliothèques d’ici qu’il y a beaucoup de livres où elle a contribué la préface, mais un seul livre écrit par elle: Breath, eyes, memory. C’est sur la liste.
Ce que tu écris sur le fait de lire les mots à voix haute pour retrouver leur sens me rappelle ma lecture de Getting rid of it (Lindsey Collen) qui se passe à Maurice – ce dont je n’étais pas sûre jusqu’à ce que je comprenne ce que les personnages voulaient dire par « Porlwi ». Cette flexibilité du langage me plait énormément.

Electra 1 février 2022 - 16 h 03 min

oui la langue créole est très riche, à l’écrit on ne reconnaît pas tout de suite, mais quand tu la lis à voix haute tu reconnais le français 🙂 je note pour Lindsey Collen du coup 🙂 J’aime beaucoup ces récits qui mêlent grande et petite histoire

Marie-Claude 3 février 2022 - 15 h 47 min

Oh là là… La lecture de ton billet vient de me couter cher! Je viens de commander à l’instant Adieu mon frère et j’ai ajouté Pour l’amour de Claire.

Electra 3 février 2022 - 18 h 45 min

Désolée ! Mais franchement, il vaut tellement le détour ! Je regarde les autres, mais là je dépense tellement en livres…

Autist Reading 4 février 2022 - 22 h 14 min

Je ne connaissais pas mais je note la référence dans un coin (je ne suis pas suffisamment « ferré » pour me précipiter comme Marie-Claude 🙂

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