Je continue sur ma lancée du Prix de littérature de l’Union européenne avec le prix 2017, Double vitrage de l’autrice islandaise Halldóra Thoroddsen.
Esja, 78 ans, vit seule dans son petit appartement de Reykjavík. Elle est veuve, isolée, et ne reçoit que des nouvelles sporadiques de ses fils. Elle contemple le monde à travers le double vitrage de sa fenêtre. Elle est devenue invisible aux yeux de la société et semble accepter son sort. Elle vit dans les souvenirs de son passé, de son union avec son défunt mari. Mais un jour, tout bascule : une homme lui déclare sa flamme.
Soudainement, ses sens se réveillent. Des émotions qui lui semblaient perdues remontent à la surface. Mais qu’en pense leur famille respective ? Et la société ? Car de nos jours, lorsque deux personnes âgées tombent amoureuses, on les regarde d’un air supérieur, comme des enfants qui ne savent pas ce qu’ils font. On les infantilise. Et on leur refuse ce droit à l’amour, comme si les personnes âgées n’avaient plus toute leur tête. Pourtant, Esja et son compagnon vont refuser d’abdiquer et vont s’aimer. Mais à quel prix ?
Là, dehors, ils sont tous en train de changer le monde. Et derrière la fenêtre, elle observe.
Ce roman délicat et poignant m’a beaucoup touché. Il m’a évidemment fait penser au roman de Kent Haruf, Nos âmes la nuit, qui abordait le même thème : une histoire d’amour entre deux personnes âgées, contrariée par les enfants du couple. Et au roman Olive, again d’Elizabeth Strout.
Trop sensible pour ces coups incessants, dont elle a néanmoins tellement besoin. Parce que ça fait si mal de ne pas sentir si l’on existe.
Si ce sujet a déjà été abordé dans la littérature américaine, il reste plus discret dans la littérature européenne. Ce roman a remporté le Prix de Littérature de l’Union européenne en 2017. D’à peine 104 pages, il réussit le même exploit : redonner de la dignité aux personnes âgées, nous faire réaliser que l’on n’est pas mort, que nos émotions et sentiments sont bien réels et que l’amour ne connaît aucune frontière, dont celle de l’âge. Et avec une écriture magnifique.
♥♥♥♥
Editions Bleu&Jaune, Tvöfalt gler, trad. Jean-Christophe Salaün, 2021, 104 pages
Photo by Nicolas J Leclercq on Unsplash
12 commentaires
J’adore ce genre de sujet ; je note illico !
oui, une très belle histoire
Pas trop tentée, à l’inverse de Lewerentz…
no souci, pareil pour moi sur certaines de tes lectures 🙂
C’est vrai que ça reste tabou… j’ai même eu le fâcheux réflexe de vérifier l’âge sur ton article, peu fière après coup. Il me dit bien, je le note. C’est beau, j’ai bien envie de découvrir comment l’amour lui tombe dessus alors qu’on ne s’y attend plus.
Oui, c’est étrange surtout en ce qui concerne les enfants devenus adultes qui infantilisent leurs parents
J’ai douté une fraction de seconde en voyant ta photo car j’ai utilisé la même l’année dernière pour illustrer un billet sur Indridason, je me suis demandée si j’avais atterri sur mon blog au lieu du tien 😄
Je travaille, indirectement, avec les personnes âgées et il arrive assez régulièrement qu’on soit informés du mariage de couples de septuagénaires. Je trouve ça très beau.
Je garde ce livre à l’esprit.
j’adore cette photo (j’avais oublié que tu l’avais utilisée) elle est très belle ! oui, ma grand-mère a eu amants à la maison de retraite, une seconde jeunesse 🙂
Le sujet peu traité effectivement, est intéressant ! Je note (et la maison d’éditions aussi)
Oui ! je suis en train de faire de belles découvertes avec cette maison 🙂
Je commande de ce pas, tu imagines bien! En te lisant, j’ai pensé à Olive (2) et à Nos âmes la nuit. Tu les nommes après!
J’avais adoré ces deux romans, tu le sais. J’ai trop envie de découvrir une nouvelle plume sur ce sujet.
super ! c’était top hier soir même si ce matin, je suis à coté de la plaque – le café et une sieste à l’ordre du jour et ensuite le tri va continuer sur nos blogs respectifs
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