Into thin air · Jon Krakauer

par Electra
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Quoi de mieux pour se distraire ces temps-ci que de lire le récit d’une des plus grandes catastrophes d’ascension de l’Everest ? J’ai lu ce roman alors que j’étais plongée dans les Misérables de Victor Hugo et j’avais décidé de faire parfois une pause en lisant de la non fiction.

J’avais ce livre depuis des lustres dans ma bibliothèque. Je connaissais déjà un peu l’histoire ayant vu un documentaire puis l’adaptation cinématographique avec Jake Gyllenhaal – mais ma lecture du récit de Krakauer a totalement effacé le film de ma mémoire.

Jon Krakauer est devenu célèbre avec son roman, Into the wild (aussi adapté au cinéma) mais avant d’être un auteur reconnu, il était journaliste pour un magazine d’alpinisme. La chance (si on peut dire) lui sourit en 1996 lorsque son éditeur lui propose de lui payer l’ascension de l’Everest en échange d’un reportage complet. Le coût est élevé (plus de $60,000 à l’époque). Krakauer en avait rêvé mais n’avait jamais eu les moyens financiers. Sa compagne de l’époque est plutôt réfractaire. Jon lui promet de rester en arrière, mais évidemment il a hâte d’être sur place et de gravir la plus grande montagne.

Le récit commence avec l’histoire de l’Everest, la découverte et les années d’ascension avec en 1996, un système qui draine des millions d’euros. Qu’on arrive par le Népal ou le Tibet, il faut payer. A l’époque, les alpinistes chevronnés ont remarqué que l’Everest est envahi de pseudo grimpeurs, avec très peu d’expérience, des hommes riches, et qui laissent derrière une montagne de détritus. L’Everest est devenu sale, souillé. Les Sherpa le déplore et Krakauer découvre que la montagne, lieu sacré, est désormais en colère. Jon Krakauer est entouré d’un des meilleurs guides, Rob Hall, de son assistant Andy Harris et de clients plus ou moins connaisseurs. Certains ont déjà escaladé à de nombreuses reprises, d’autres beaucoup moins.

D’autres équipes se disputent le chemin, dont celle de Scott Fisher, ami de Rob Hall et qui avait proposé à Krakauer de venir avec lui mais n’avait pas eu les moyens de payer son ascension. Les deux guides ont vaincu de nombreux records, mais pour payer leur passion, ils sont devenus guides. Ils comptent sur les Sherpa pour les accompagner dans l’ascension de l’Everest.

Krakauer décrit la très difficile acclimatation à l’altitude et au froid – et croyez-moi, il a souffert et moi avec ! Même le guide Andy Fisher en vomit ses tripes, plusieurs font déjà des malaises au camp de base (la plus basse altitude). Ils ont trois semaines pour s’acclimater, en allant à la base 1 puis 2. Certains abandonnent, incapables de respirer. Krakauer avoue qu’il aura du mal à s’acclimater, les membres gelées, deux côtés cassées, incapable de manger, des migraines à répétition, plus de trente heures allongé sans pouvoir rien faire .. Mais il persiste car il sait qu’il n’aura plus jamais cette chance. Et sur les 12 membres de l’expédition, il fera partie des 4 à avoir réussi à atteindre le sommet, en mai 1996. Ce que Jon ignore, c’est que la descente – connue pour être plus difficile que la montée – va se transformer en un véritable cauchemar. Un blizzard va envelopper la montagne.

Je n’en dirais pas plus, car c’est effrayant – l’invisibilité, la perte de sens, les radios qui ne fonctionnent plus, les coéquipiers qui craquent, le risque de tomber dans une crevasse … Le froid tellement intense qu’il va geler les membres de beaucoup de membres, la détresse.. l’incompréhension. L’erreur de jugement de Jon qui va croire reconnaître un des membres et annoncer qu’il est en vie alors que c’est faux.

Le livre m’a fait dix fois plus d’effet que le film. J’aime la plume de Jon Krakauer. La fin est un peu plus compliquée car un autre livre sorti peu de temps après va donner une version différente de l’histoire sur la base d’un autre guide de l’équipe de Scott Fisher, Anatoli, qui va accuser Jon Krakauer de mensonges. 12 personnes sont mortes ce jour-là. Des gens biens. Certains ne vivaient que pour la montagne. On laisse leurs corps, on les croise l’année suivante… Un monde à part.

Le roman est disponible aux éditions 10-18 sous le titre Tragédie à l’Everest.

♥♥♥♥

Editions Anchor Books, 1997,337 pages

Photo by Christopher Burns on Unsplash

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8 commentaires

Sunalee 12 avril 2022 - 8 h 27 min

Je suis tentée, j’ai toujours aimé les histoires extrêmes de montagne (alors que je n’aime pas aller en montagne !).
As-tu vu/lu « Le sommet des dieux » ?
Quant à « Into the wild » c’est un trou dans ma culture (autant le film que le livre).

Electra 13 avril 2022 - 19 h 39 min

non du coup je vais aller voir si je peux l’emprunter
pour Into The Wild, ça vaut vraiment la peine (et comme tu aimes les films) et puis la musique sublime d’Eddy Vedder

Livr'escapades 13 avril 2022 - 15 h 31 min

Je l’ai lu et dévoré il y a quelques années. Une lecture addictive et très intéressante.
Pour rebondir sur le commentaire de Sunalee: si tu n’as pas encore lu « Le sommet des dieux », fonce!

Electra 13 avril 2022 - 19 h 38 min

oui je vais tout lire de lui 🙂 j’adore ce genre de lectures merci !

uneviedevantsoi 14 avril 2022 - 21 h 36 min

Je le veux! Ton retour me fait penser au livre coup de cœur que j’avais eu pour le récit sur la tragédie du pilier du Frêney sur le Mont-Blanc. Entre angoisse et admiration, une folie.
Je n’ai jamais lu cet auteur mais j’avais tellement aimé le film Into the wild que j’étais allée en Alaska 😅 véridique… Bon une fois là-bas, j’avais bien trop peur des ours pour aller dormir en pleine toundra!!

Electra 18 avril 2022 - 16 h 48 min

mdr ! Moi j’ai croisé des ours bruns, un grizzli et des bisons au Montana .. je suis revenue vivante 🙂 Mais oui, tu es la cliente parfaite pour le récit de Krakauer !

Marie-Claude 16 avril 2022 - 16 h 51 min

L’escalade et moi, ça fait deux. Pourtant, tu m’en as si bien parlé l’autre jour que j’ai plus qu’envie de le lire. Pour une fois que tu me tentes avec ouvrage déjà traduit…

Electra 18 avril 2022 - 16 h 49 min

Oui, je suis ravie ! Honnêtement, après tu as l’impression de connaître super bien l’Everest ! Les sensations sont fortes 🙂

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