Diary of a Misfit · Casey Parks

A memoir and a mystery

par Electra
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L’autrice, Casey PARKS, est journaliste. Voici son mémoire. Mais revenons-nous sur l’histoire de ce livre. C’est un pavé, il doit bien peser son kilo. Lorsque j’étais à Reno (Nevada, USA), j’ai croisé ce bouquin dans une librairie. J’avoue le visage en couverture m’a tout de suite intrigué et la quatrième C a fini de me convaincre. Il a fini dans ma valise malgré le poids de la bête.

Casey Parks a grandi en Louisiane. Le Sud, une région très conservatrice et très religieuse. La petite Casey a grandi entourée de parents aimants, mais sa mère était probablement bipolaire (borderline). Cette dernière a trouvé refuge auprès des Évangélistes et ne jure que par la parole de Dieu. Elle emmène ses enfants tous les dimanche à l’église. A l’adolescence, Casey comprend rapidement qu’elle ne fantasme pas sur les garçons de sa classe mais sur les filles. Au lycée, elle va connaître son premier amour avec une fille. Lorsque sa mère découvre cela, elle tente de soigner sa fille. Cette dernière réussit à l’époque à convaincre sa mère qu’il ne s’agissait que d’une lubie et affiche les posters des Backstreet Boys dans sa chambre. A 18 ans, elle part pour l’université (en 2002). À l’époque, un mouvement religieux parcourt les USA et les États adoptent des lois anti-LGBT, en particulier contre le mariage entre personnes de même sexe. Le Tennessee et le Mississippi (où elle étudie) en font partie. Casey tente de résister à sa manière. Elle finit par avouer à sa mère qu’elle est lesbienne.

Lors d’une visite à sa famille, sa mère la traîne de force à l’église où elle demande au pasteur de la libérer de ce mal, par tous moyens. Ce dernier demande à Dieu de la tuer, seul moyen pour lui de libérer son âme.  La jeune femme est effondrée. Le seul réconfort viendra de sa grand-mère, une femme pourtant autoritaire et conservatrice. Cette dernière lui glisse à l’oreille « j’ai grandi dans une rue où vivait en face une femme qui s’habillait et vivait comme un homme ».

Dans les années 30-40 ? Casey s’interroge et sa grand-mère voudrait savoir ce qui est arrivé à Roy (le nom de son voisin). Elle l’aimait beaucoup. Il prenait sa guitare, s’installait sur son porche, et tous les enfants du voisinage venait l’écouter jouer et chanter de la country. A la fin de ses études, Casey part vivre à Portland, en Oregon. La ville la plus tolérante (et aujourd’hui encore) envers les personnes LGBTQ+. Elle veut mettre de la distance entre elle et sa famille.

Les années passent, cinq ans environ, lorsque sa grand-mère décède. Casey s’en veut de ne jamais avoir enquêter sur ce fameux voisin, prénommé Roy. Avec deux amis qui souhaitent devenirs réalisateurs de documentaires, elle décide de retourner en Louisiane, dans la ville de Dehli où sa grand-mère a grandi et découvrir ce qui est arrivé à Roy. La ville est située au nord-est de la Louisiane, dans une région pauvre. Sa grand-mère y ramassait le coton enfant. Encore aujourd’hui, le taux de chômage est l’un des plus élevés du pays. Ils habitaient Hell Street (rue de l’Enfer)…

Ils vont alors frapper à toutes les portes, et la mère de Casey va accepter de les aider dans leur quête. Roy est hélas décédé peu de temps auparavant. Ils apprennent qu’il a tout légué à des voisins, et surtout qu’il tenait des journaux intimes. Ils retourneront pendant plus de dix ans à intervalles régulières en Louisiane. Les voisins qui possèdent les journaux intimes refusant de les lui montrer. Mais Casey ne lâche pas l’affaire…

Qui était-il ? Comment a-t-il assumé de vivre en homme à cette époque ? Deux éléments obsèdent Casey : pouvoir lire ses journaux intimes, et comprendre comment toute la communauté (et même le pasteur) l’avait accepté tel quel. Roy était très apprécié par le voisinage. La grand-mère de Casey en faisait partie. Cette dernière avait confié à Casey, que la mère adoptive de Roy lui avait confié avoir kidnappé l’enfant qui était maltraité par ses parents. Elle l’avait alors déguisé en garçon, changé son prénom en Roy afin de ne pas être arrêtée. L’enfant avait grandi sous cette nouvelle identité .. Mais certains avaient entendu une tout autre histoire. Quelle était la vérité ?

A misfit, says Webster’s dictionary , is something different, something that don’t fit, something odd, well that’s me.

J’ai été totalement happée par ces deux histoires, celle de Casey, qui doit confronter sa propre histoire, accepter sa sexualité, un pêché dans sa religion, et surtout tenter d’établir une relation plus saine avec sa mère et puis celle de Roy. J’avoue, j’ai dévoré ce livre, je voulais en savoir plus sur ce Roy. Il ne portait pas le nom de ses parents adoptifs, et malgré leurs recherches intensives, Casey n’arrive pas à retrouver de trace de son existence. Il venait d’un autre État. D’où venait-il ? Que confiait-il dans ses journaux intimes ?

Un mystère qui m’a passionné, comme j’ai aimé le récit d’une dizaine d’années qui a mené Casey à écrire ce livre. Une quête sur Roy mais aussi sur elle-même. Passionnant de bout en bout. Une leçon de vie. Je trouve cela aussi intéressant, que dans une région si conservatrice, tout le monde a pris sous son aile cette femme déguisée en homme, orphelin trop tôt. Il gagnait sa vie en tondant les pelouses et en faisant un peu de travaux manuels. Il avait peu d’amis et continuait d’aller à l’église, malgré les injonctions du pasteur de porter une robe. Plusieurs habitantes avaient pris sa défense et lui apportaient à manger, et le soignait quand il était malade.

My name is Roy Delois Hudgins, and I’m ugly, short, fat and getting old.  I’m a female dressed in men’s clothes. I live alone with two dogs and a bunch of cats, and I’m very very stupid.

Un récit, fort, poignant qui montre aussi l’évolution des lois et de la société envers les personnes LGBTQ+. J’ai adoré et je ne regrette pas d’avoir chargé ce pavé dans ma valise.   Un gros coup de coeur. Et toutes mes pensées vont vers Roy.

Ce livre faisait partie de ma liste de 25 livres à sortir en 2025.

♥♥♥♥♥

Editions Knopf, 2022, 368 pages

Photo de Lily Miller sur Unsplash

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