Des voleurs comme nous • Edward Anderson

par Electra
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J’ai croisé la route de ces fugitifs un peu par hasard mais comment résister à un roman noir qui date de 1937 et dont le héros s’appelle Bowie ? Condamné à à la prison à vie pour un meurtre, Bowie est dorénavant un fugitif en cavale. Bowie A.Bowers a 27 ans et vient de fuir avec deux autres prisonniers d’une prison en Oklahoma. Ses compagnons sont Chicamaw, un Indien braqueur de banques au Texas et T-Doub qui a braqué toutes les banques en Oklahoma.

Les fugitifs ont pris des otages pendant leur cavale mais ils ont soin de les relâcher vivants. Les trois hommes ont besoin d’argent. Ils décident de braquer plusieurs banques au Texas, et sont très organisés : plusieurs planques, des repérages, jamais au même endroit ,etc.

Leur plan fonctionne bien mais peu à peu les hommes sont rattrapés par leurs mauvaises habitudes, l’alcool et le jeu pour Chicamaw. Bowie est tombée amoureux de Keechie, la cousine de Chicamaw. Les jeunes gens décident de partir ensemble s’installer au Nouveau-Mexique. Bowie et Chicamaw avaient prévu de rejoindre leur pote T-Doub pour un dernier braquage mais ont eu un accident de voiture lorsqu’une autre voiture leur a coupé la priorité. Deux policiers arrivés sur les lieux sont abattus par T-Doub mais ce sont les empreintes de Bowie sur le volant qui sont relevées.  Recherché désormais pour meurtre, Bowie tente avec Keechie de trouver une solution.

Que dire ? Ce roman reflète bien l’époque : 1937 – l’Amérique a connu la Grande Dépression. Le pays est immense, les États communiquent peu entre eux, la police fédérale est presque inexistante. Les braquages de banque sont assez faciles et les véhicules de police peu nombreux. Les journaux sont les seuls moyens de diffuser les appels à témoins et les portraits à robot de ces hommes. La chaise électrique est encore très populaire et les détenus travaillent encore dans des champs de coton ou dans des fermes où ils sont maltraités. Aussi, ces hommes n’ont rien à perdre. Bowie est jeune et n’arrive pas à entendre Keechie qui lui demande d’abandonner ses compagnons de cavale.

C’est une voiture neuve que vous avez, on dirait ? dit Grand Flic
Ouais, dit Bowie. Mais vos engins peuvent me battre à la course, pas vrai ?
Ça se pourrait, oui.
Je parie que ces motos vont plus vite que n’importe quel bolide sur la route, non ?
Ne croyez pas ça, monsieur, dit Petit Flic. Il y en a plein que je prends pas la peine de poursuivre.

Bowie et Keechie ne sont pas Bonnie et Clyde mais ils sont touchants, leur jeunesse et leur situation émeuvent : ils sont nés pauvres et leurs parcours de vie semblent tout tracés. Pas d’échappatoire possible. Pourtant, comme le répète l’un des personnages, le monde est rempli de voleurs, les juges, les flics ripoux, les banquiers, ce sont des voleurs comme nous (même titre que le roman original, Thieves like us ). Les pauvres gens sont comme marqués d’un sceau. Leur escapade est temporaire et ils le savent.

La réalité les rattrape toujours. Un roman noir mais avec des touches de lumière, d’espoir. Des échappées auxquelles les personnages et le lecteur, comme moi,  s’accrochent.

♥♥♥♥♥

Éditions Points, trad. Emmanuèle de Lesseps, 215 pages

 

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