Nord Michigan ∴ Jim Harrison

par Electra
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Il me tardait de retrouver ce bon vieux Jim et ce fut chose faite avec l’un de ses plus beaux romans. J’ai été enchantée par certains passages, épatée par le talent infini de Sir Harrison. Nous voici dans le Nord-Michigan, région si chère au coeur de Jim Harrison.  Joseph, instituteur dans une bourgade rurale, y vit depuis longtemps. Il vit dans la ferme de ses parents, sa mère est décédée récemment. Le prof, tout juste la quarantaine est un passionné de chasse et de pêche. Il partage ses nuits avec la très belle Rosalee, l’éternelle fiancée.

Mais un jour Jim s’éprend de l’une de ses élèves, elle a dix-sept ans et la jeune femme sait ce qu’elle veut. Jim ne lui résistera pas et cette histoire va venir bouleverser le long fleuve tranquille qui rythmait sa vie… Jim est comme vous et moi, il a des regrets, des remords, des rêves (partir voir l’océan). Rosalee est un pilier dans sa vie. Enfant, il n’aimait pas trop l’attention qu’elle lui portait mais lorsqu’elle choisit son meilleur ami comme époux, Jim fut contraint de reconnaître qu’il en était amoureux.

Lorsque son meilleur ami décède brutalement, laissant derrière Rosalee et un fils, Jim ne résiste pas longtemps. Mais après cinq années de batifolages, Rosalee attend plus. Mais Jim est incapable de s’investir, de quitter la ferme de ses parents. Jim se souvient d’eux, de son père, de sa mère, tous deux d’origine scandinave. De la dure vie de labeur dans les champs, du fameux accident qui laissa Jim infirme.

La vie de Jim n’a rien d’extraordinaire, il sait qu’il fait une bêtise et se confie au médecin de famille qui tente de lui botter le derrière mais Jim doute éternellement. Il préfère boire pour oublier ou aller à la pêche, ou à la chasse.

Ce roman demande un certain investissement, le style est quelque peu, je dirais suranné, daté.  L’époque (l’avant-guerre, l’enfance puis une autre guerre) y joue sans doute.

Je ne pensais pas m’attacher si profondément à ce personnage indécis, égoïste mais il nous ressemble tant ! La vie passe et Jim le sait. Mais cette ferme, c’est lui, c’est son enfance, son accident, ses souvenirs.  Une nostalgie que j’ai partagée avec Joseph, et Jim.  Car il y a beaucoup de Jim dans cette histoire. L’infirmité de Joseph rejoint celle de Jim, au même âge. L’éducation rurale et simple de ses parents, des grands frères et soeurs disparus avant eux, ses quatre soeurs, sa jumelle – Jim se confie à nous lecteur, et j’ai été totalement envoutée.

Les enfants s’égaillèrent dans le pré et ramassèrent des boules de coton sauvage. Il y en avait seulement une trentaine, de la première à la dernière classe, c’est-à-dire l’école tout entière. Joseph était assis au milieu du pré et dirigeait les opérations perché sur un tas de cailloux. Les plus jeunes étaient malheureux parce que les élèves des classes supérieures étaient meilleurs qu’eux. Ils pleuraient de dépit. C’était une chaude journée de septembre et le mouchoir de Joseph était trempé, à la fois de sa propre sueur et des larmes des plus petits.

Un magnifique roman sur la fragilité de la condition humaine et une nouvelle fois, une sublime déclaration d’amour à la nature et à la région de son enfance. Rarement on sort d’un roman en étant si imprégné d’un endroit où l’on n’a pourtant jamais mis les pieds. Cette ferme, j’y étais. Merci Jim !

J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge sur ce bon vieux Jim.

♥♥♥♥

Editions 10-18, Farmer, trad. Sara Oudin, 2007, 223 pages

Et pourquoi pas

16 commentaires

gambadou 24 février 2018 - 12 h 28 min

Très bonne idée de lecture poche. Je note

Electra 24 février 2018 - 12 h 29 min

Oui ils sont tous en Poche

Tasha 24 février 2018 - 15 h 33 min

Ah comme tu me donnes envie! Ce que j’aime chez Jim Harrison, c’est son absence totale de manichéisme. Et il me semble que j’ai ce roman, acheté en poche il y a longtemps, avec une autre couverture. Il va falloir que je vérifie ça!

Electra 24 février 2018 - 19 h 18 min

Oui il a un caribou ! J’ai cette ancienne version. Oui il est profondément humain et ici tout le monde se reconnaît.

keisha 24 février 2018 - 17 h 51 min

A voir, donc. Sûrement à la bibli.

Electra 26 février 2018 - 16 h 25 min

Oui, ils doivent tous y être ! Je viens de le voir en boutique de livres d’occasion et 10-18 l’a publié de nouveau il y a peu de temps.

Ingannmic 24 février 2018 - 18 h 25 min

J’aime beaucoup Jim Harrison, mais je n’ai pas lu ce titre, et d’autres d’ailleurs. De Marquette à Vera Cruz et En route vers l’ouest sont sur ma PAL, mais je note aussi ce titre, ce que tu écris à propos des personnages m’interpelle, cet auteur est en effet très fort pour nous attacher à des figures de caractère qui ne suscitent pas d’emblée l’empathie..

Electra 25 février 2018 - 12 h 10 min

Merci Oui ici Joseph peut sembler égocentrique et puéril. Mais on finit par l’aimer. Jim Harrison montre aussi leurs failles.

Goran 25 février 2018 - 11 h 46 min

Jim Harrison, j’adore !

Electra 25 février 2018 - 12 h 10 min

Oui

La Rousse Bouquine 25 février 2018 - 17 h 13 min

Je pense suivre tes articles avec attention… Tu m’as donné envie de découvrir Jim Harrison, mais j’attends d’autres chroniques pour me décider et savoir par lequel commencer !

Electra 25 février 2018 - 17 h 20 min

Merci c’est exactement ce que j’espérais avec ce challenge. Faire découvrir l’auteur à travers ses romans. Bientôt il y a aura ses nouvelles et romans plus « connus »

keisha 26 février 2018 - 10 h 30 min

Ah mon commentaire n’est pas passé, on dirait. Bref, tout ça pour dire que je me mélange dans les Jim et joseph, mais ce n’est pas grave, j’ai compris l’idée.

Electra 26 février 2018 - 16 h 26 min

Tu peux te mélanger car je crois que ce roman est profondément intimiste, en particulier sur son passé (et son infirmité) et le Nord-Michigan, le titre dit tout !
Tu n’es plus indésirable, bon retour ici 🙂 (WP a parfois de drôles d’idées…)

Laeti 27 février 2018 - 12 h 59 min

Je la trouve belle cette couverture 10/18! Tu remplis ta mission à merveille car moi aussi j’ai envie de découvrir Jim Harrison avec ton challenge! j’ai effleuré l’un de ses écrits, la première nouvelle de Légendes d’automne, mais j’ai du le rendre à la bibliothèque avant de l’avoir terminé. C’était lent mais pas mal 😉

Electra 27 février 2018 - 13 h 07 min

Merci il a écrit toute sa vie et ses textes sont très influencés par sa propre vie et son âge. Aussi ses derniers ont moins plu car il parlait de la vieillesse. J’espère que mon challenge te donne envie d’en lire plus ☺️

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