Miscellanées

par Electra
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  • Bonnes nouvelles 

Vous l’aviez demandé ? Votre voeu est exaucé : le 9 janvier prochain, JC Lattès publie le livre de Tara Westover, Educated que j’ai tant aimé , en français, sous le titre Une éducation. Evidemment, je ne peux que vous encourager à le lire ! J’ai tellement aimé cet essai autobiographique où cette jeune femme confie cette éducation très particulière. Et je me libère ainsi de la menace du Caribou de se mettre à l’anglais ! Ouf ….

Tara Westover n’a  jamais eu d’acte de naissance. Ni de dossier scolaire, car elle n’a  jamais fréquenté  une salle de classe. Pas dossier médical non plus, parce que son père ne croyait pas en la médecine, mais à la Fin des temps. Enfant, elle a regardé  son père mormon s’enfermer dans ses convictions, et son frère céder  à la violence. Et, à seize ans, Tara décide  de s’éduquer toute seule. Son combat pour la connaissance la mènera  loin des montagnes de l’Idaho, au-delà des océans, d’un continent à l’autre, d’Harvard à Cambridge. C’est à ce moment seulement  qu’elle se demande si elle n’est  pas allée trop loin. Lui reste-t-il un moyen de renouer avec les siens ?
Une éducation est le récit d’une  construction  de soi, l’histoire d’une fidélité farouche envers la famille, et du chagrin dû à la rupture. Forte de la lucidité qui constitue la marque des  grands auteurs, Tara Westover nous livre son expérience singulière : son combat pour  entrer  dans l’âge adulte grâce à  une éducation qui  lui a permis de poser un regard neuf sur la vie  et donné  la volonté de changer. Traduit de l’anglais par Johan Frédérik Hel Guedj.

«  Les mémoires remarquables d’une jeune femme qui décide d’échapper à son destin.  » Barack Obama

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Et deux adaptations cinématographiques au programme !

La première est l’adaptation cinématographique du livre de David Grann, Killers of the Flower Moon,  publié aux Editions Globe sous le titre La note américaine au cinéma ! Et pas par n’importe qui, tout simplement Martin Scorsese et Leonardo Di Caprio. Mon Caribou l’a lu un an après moi, et comme bon nombre d’entre vous a trouvé cette enquête passionnante et dire que c’est de surcroît une histoire vraie. Du coup, j’ajoute également le lien vers son billet (oui, je sais, je suis trop gentille, mais je suis Cendrillon, n’oubliez pas). J’ai hâte de voir le film, et je suis rassurée de voir qui est aux commandes, ça devrait être génial.

“When I read David Grann’s book, I immediately started seeing it — the people, the settings, the action — and I knew that I had to make it into a movie,” said Scorsese. (Quand j’ai lu le livre de David Grann, j’ai immédiatement commencé à le visualiser : les personnages, les lieux, l’action – et j’ai su qu’il fallait que j’en fasse un film)

Pour ceux qui n’auraient pas encore lu le livre, l’histoire (réelle) se passe en Oklahoma dans les années 1920 où vit la tribu des Osage, qui à cet instant T étaient les personnes les plus riches au monde après que l’on ait découvert du pétrole sur leurs terres. Mais subitement, l’un après l’autre, ils étaient mystérieusement assassinés. Hoover venait tout juste de créer le « FBI » et décida d’y envoyer une équipe « sous couverture » (une première) afin de découvrir la vérité sur l’un des crimes les plus monstrueux de l’histoire américaine. David Grann remonte à la surface un pan de l’histoire complètement oublié. Passionnant !

La société de production Imperative Entertainment a acquis les droits en 2016 et a rencontré depuis la nation Osage afin de déterminer les lieux de tournage, prévu à l’été prochain.

La seconde bonne nouvelle est la sortie aux USA en octobre 2019 de l’adaptation de The Goldfinch (Le Chardonneret) de Donna Tartt. Rien moins que ça. Une de mes lectures préférées de 2014 (déjà!) et un des premiers billets de mon blog. C’est également mon roman préféré de l’auteur.

Le casting ? Sarah Paulson, Nicole Kidman, Ansel Elgort et Luke Wilson. Le réalisateur, celui de Brooklyn, John Crowley,  un autre roman adapté au cinéma.  Pour ceux qui n’auraient toujours pas lu ce roman fleuve (700 pages), on y suit le parcours initiatique (entre Mark Twain et Charles Dickens) du petit Théo, qui se saisit du tableau préféré de sa mère au MET, alors qu’un attentat vient de les séparer à jamais.  Un roman étourdissant, exigeant, parfois lassant, mais superbe et intelligent.  J’avoue que, ce coup-ci, je m’interroge sur l’adaptation, je ne suis pas très fan du casting et je connais mal le réalisateur. Je suis curieuse de le voir porter au grand écran.  Mais le meilleur moyen sera d’aller s’enfermer dans la salle, n’est-ce pas ?

 

  • Abandons et coup de cravache 

J’ai mis en pause deux livres, l’un parce qu’à l’époque, mon chien a été opéré en urgence et l’esprit préoccupé, mais je compte y revenir. Le deuxième ce midi, parce qu’en une semaine, je n’ai lu que 30 pages, autant dire rien ! Moi qui peux lire un roman de 200 pages en un soir. Il faut dire qu’entre le boulot surchargé, les rendez-vous chez le véto, les cadeaux de Noël et plein de paperasse, j’ai l’esprit préoccupé mais j’arrive souvent à lire malgré cela. Je le mets de côté (en fait, je le retourne à la BM), je le finirai un jour, mais là, il me faut autre chose. Il s’agit de Chaleur Blanche, de M.J McGrath.

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Et puis il y a un livre que j’ai lu et que j’ai abandonné volontairement, en ressentant un profond soulagement. Un livre qui m’a tout de suite déplu, puis j’ai senti la moutarde monter au nez au fur et à mesure que ma lecture avançait. Quand j’ai finalement décidé de ne plus me forcer, j’ai décidé de le lire en diagonale et en mode rapide afin de connaître la fin de l’histoire. Et cette lecture accélérée m’a confirmé que j’avais fait le bon choix !  Malheureusement pour l’auteur, j’y ai trouvé tout ce qui m’horripile dans certains romans français : on veut forcer la chose. Ici, le thème c’est la pauvreté. Et l’auteur a choisi de l’illustrer en racontant avec froideur (croisement entre essai sociologique et test clinique) la vie d’une seule et même jeune femme, « Marie-Hélène X. dite Marilène » (notez-bien cette citation). Marilène n’a pas de chance : ses parents sont pauvres, enfin ils sont fermiers et ses premières années, Marilène grandit à la ferme, petite dernière. Sa soeur ainée et son frère ainé sont internes. Marilène aime cette vie, malgré leurs maigres moyens. Mais un jour, il faut tout quitter. Le père trouve du travail en usine et ils emménagent dans un appartement. Marilène va au collège. Elle est pauvre, donc elle n’aime rien, n’a goût rien, ne sait rien. Elle ne s’intéresse pas aux garçons, ni aux histoires typiques de son âge, ni à la musique. Non à rien. Marilène est bonne à l’école, du coup, elle réussit son bac alors que ses parents, pauvres, donc forcément illettrés (sic) n’ont « aucun livre chez eux » ; ils regardent la télé.

Du coup, Marilène part étudier et devient professeur des écoles. Mais Marilène est pauvre, donc elle n’a toujours goût à rien. Elle n’aime pas les enfants, ceux de sa classe et même ceux qu’elle a avec son premier petit ami, devenu son mari. Epousé sans amour, bien sûr. Et il faudra des années pour que Marilène comprenne enfin que son malheur vient de cela : elle est née pauvre. Elle ne l’est plus depuis son mariage.  Mais c’est dans vos gênes.

Voilà, donc si vous êtes pauvre, vous n’avez goût pour rien, aucune passion, vous ne ressentez aucune émotion. Vous n’avez aucun don, ni envie particulière. Rien ne vous intéresse. Ma question : pourquoi ne pas l’avoir tuée dès le départ ? Et puis pauvre, c’est relatif. Pas de coupure d’électricité, toujours à manger sur la table, ses parents sont gentils, lui offrent de nouveaux vêtements dès qu’ils le peuvent, lui paient ses études (ainsi qu’à son frère et sa soeur) – alors oui, les fins de mois sont dures, oui, ils ne partent pas en vacances, mais ils ne sont jamais menacés d’être à la rue et surtout ils protègent leurs enfants. Ils lui offrent des livres. Ils l’aiment et font de leur mieux. Et pourtant, « Marie-Hélène X. dite Marilène » est terriblement malheureuse car elle est pauvre. Elle le porte comme une tâche de lie de vin.

L’auteur en fait presqu’un essai, ainsi la jeune femme déménage dans « la ville de X, 100 000 habitants » nous dit-il ; on se croirait dans un examen de concours administratif. Je pense du coup à tous mes amis d’enfance, mes voisins, qui ont aussi grandi chichement, un père ouvrier, une mère au foyer, cinq bouches à nourrir – et pourtant ils ont aimé leur enfance, même si parfois ils rêvaient d’être plus riches. Pourquoi devraient-ils être condamnés ainsi ? et puis si « Marie-Hélène X. dite Marilène » était tout simplement ennuyeuse ou dépressive ? Et ça, son statut de pauvre ne l’explique pas à lui seul. Elle aurait pu être riche et avoir la même vie, fantomatique – j’ai préféré la croire dépressive mais non l’auteur est catégorique : c’est sa pauvreté qui est à l’origine de tout (tant pis si son frère et sa soeur semblent, eux, s’être plutôt bien amusés, mariés, et semblent même heureux d’être pauvres).  « Marie-Hélène X. dite Marilène », ça vous énerve pas que je l’appelle ainsi ? Et bien, sachez que l’auteur la présente ainsi pendant tout le roman. A croire que seuls les pauvres donnent des surnoms à leurs enfants. Ceci m’a énervé dès le premier chapitre, alors imaginez au bout de cinquante pages….

Bref,  une lecture, dont l’objectif, s’il était de faire prendre conscience aux lecteurs des difficultés que rencontrent toute une partie des citoyens français aujourd’hui, a pour moi, provoqué l’effet inverse. J’ai trouvé cette vision de la France horripilante et très présomptueuse. Et j’ai eu envie de frapper Marie-Hélène X. dite Marilène contre un mur.

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Et puis parce que je n’aime pas finir un billet sur ce ton-là, une touche de musique, de Sami, de Claude et d’Anna. Bon week-end à tous.

19 commentaires

Virginie 14 décembre 2018 - 7 h 47 min

ah ah ! j’aime bien ton coup de griffe contre « Marie-Hélène X. dite Marilène » !! mais c’est quoi le titre de ce roman ?

Electra 14 décembre 2018 - 11 h 46 min

Je ne sais plus ! C’était un emprunt, mais apparemment Keisha l’a identifié et il a eu de bonnes critiques. Coup de griffe, voilà le terme qui me manquait ! Je me souviens du roman d’Eddy Bellegueule, violent mais tellement plus réussi, plus cru, moins clinique.

keisha 14 décembre 2018 - 8 h 00 min

Je viens de me renseigner sur cette Marilène, le roman a eu de bonnes critiques, mais franchement j’adore ta présentation et je sens que ça m’aurait agacée aussi! Parce que ça m’évoque un parcours personnel, mais heureusement on peut quand même se secouer ! Je sors de ce genre de famille, pas aisée, pas intello, mais aimante et près de ses gosses. Alors cette Marilène m’a l’air d’avoir des pb perso n’ayant rien à voir avec le manque de moyens dans sa famille (yes, on n’a pas souffert de la faim non plus ^_^)(j’ai eu une enfance heureuse!)

Electra 14 décembre 2018 - 11 h 49 min

Oui, elle n’a pas eu l’enfance d’Eddy Bellegueule, où la puavreté croisait la misère intellectuelle et la violence – là, elle a des parents aimants, des frères et soeurs aimants, elle n’est pas harcelée à l’école – du coup, elle m’a agacée ! Je pense à tous ces pays à travers le monde, où les gens sont pauvres, mais ils arrivent à être heureux , elle est neurasthénique – je n’ai pas supporté .. je suis désolée, mais comme tu le dis on peut être pauvre mais être choyée, aimée, entourée. A croire que ces émotions sont réservées aux gens aisés…

virginie 14 décembre 2018 - 13 h 32 min

C’est quoi le titre ? 😊

Kathel 14 décembre 2018 - 8 h 49 min

Le roman que tu décris à la fin de ton billet (comme Keisha j’ai fait une petite recherche, et bah, les avis sont souvent assortis d’un trois étoiles tiède) ne m’avait pas intriguée jusqu’alors, et je passe volontiers, le thème du déterminisme social qui est aussi celui du Goncourt, et bien mieux réussi dans ce cas, ne me le fera pas ouvrir, surtout si c’est aussi tranché. On a effectivement l’impression que ses problèmes n’ont rien à voir avec son origine sociale… ou alors tous ceux qui sont nés dans une famille qui avait du mal à boucler les fins de mois doivent passer leur vie sans s’intéresser à rien ? Curieux !

Electra 14 décembre 2018 - 11 h 51 min

Oui, le déterminisme social – apparemment toutes les émotions (amour, passion, intérêts) sont liés à l’argent – du coup, si tu es pauvre, tu n’as donc RIEN. Le plus étrange c’est que le reste de sa famille semble bien vivre leur statut social – et pas de misère sociale non plus, les enfants ne manquent de rien et les parents sont gentils. Bref, j’ai trouvé ça très présomptueux et surtout très « clinique », d’une froideur rarement croisée. S’il réussit à faire prendre conscience aux gens, tant mieux mais je conseille de voir les films de Ken Loach – on y voit les pauvres, sauf qu’ils sont cent fois plus vivants qu’ici !

Fanny 14 décembre 2018 - 11 h 39 min

Ahahaah j’adore ton coup de griffes 😁!
Merci de nous éviter ce roman!

Je note l’essai de Tara Westover!

Electra 14 décembre 2018 - 11 h 52 min

Tu vas aimer le livre de Tara, j’en suis certaine ! J’ai adoré sa prise de conscience. De rien pour le coup de griffe, ça m’a fait bien d’en parler …

Mingh edwige 14 décembre 2018 - 14 h 06 min

Hâte de voir les deux films que tu mentionnes et comme toi un peu inquiète du casting pour « The Goldfish » roman qui m’a emballée. Un peu saturée de Nicole Kidman, mais j’aime assez Sarah Paulson notamment dans les diverses saisons d' »American horror story ». Et puis merci pour l’extrait de « Bande à part » que je connais et que j’aime.
Côté lecture j’ai du mal à terminer « My absolute darling » contrairement à la majorité des « fans » de Gabriel Tallent !

Electra 14 décembre 2018 - 18 h 08 min

Oui, le casting ne m’emballe pas mais Kidman était incroyable dans Lion et je connais Paulson dans une série – pour l’extrait, oui j’adore ce moment-là. Pour Absolute Darling, je ne fais pas partie des fans – j’y ai trouvé du bon mais aussi du moins bon, ma lecture date un peu, mais ça finit comme beaucoup de films ou séries américaines

Eva 14 décembre 2018 - 15 h 57 min

ravie de ces trois bonnes nouvelles !! et j’ai un gros faible pour Sami Frey !

Electra 14 décembre 2018 - 18 h 08 min

ah Sami !!! oui, je ne vais plus au cinéma mais là j’aurais des raisons d’y retourner du coup 😉

Titezef 15 décembre 2018 - 0 h 37 min

Cool pour Éducation , hâte de découvrir.
Ton coup de griffe m’a bien fait sourire. A sa sortie ce roman m’a agacée pour les mêmes raisons..pas lu donc !
Sympa la petite vidéo , je ne connaissait pas.

Electra 16 décembre 2018 - 15 h 00 min

de rien, je pense qu’Education va faire le buzz en français également !
pour le coup de griffe, ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi énervée en lisant un livre 😉

Lili 17 décembre 2018 - 21 h 10 min

Et bim ! Marilène en prend pour son grade !

Electra 17 décembre 2018 - 21 h 30 min

Oui, ton commentaire me fait vraiment rire !

Marie-Claude 18 décembre 2018 - 4 h 27 min

J’en ai mis, du temps, hein! Les chaudrons débordent, ici (métaphoriquement!).
Enfin, une traduction!!! C’est noté! Tu échappes à la menace!
Je ne vais pas manquer l’adaptation de « La note américaine ». TRÈS hâte de voir ça…
Ton coup de cravache était… délicieux à lire. J’en aurai pris encore! Tu remets ça bientôt?!

Electra 18 décembre 2018 - 12 h 44 min

Oui, je me disais que tu étais noyée sous la neige !!!
Oui une traduction, ouf !!! j’ai eu chaud ….
Pareil pour l’adaptation, il sortira en 2020 peut-être ira-t-on le voir ensemble ?
merci ! Je fais peu de coups de cravaches car j’ai la chance de bien choisir mes livres mais parfois il y a des ratés …. mais oui, je pense que ça fait du bien et apparemment ça plaît aussi !

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