Jane, a murder · Maggie Nelson

Do not gentle into that good night / Rage, rage against the dying of the light*

par Electra
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Après avoir lu Les Argonautes, Bluets et Une Part Rouge, il était normal que je veuille lire ce dernier récit au sujet de sa tante, Jane. Et quelle découverte ! Un coup de coeur pour ce récit et pour la poésie de Jane.

Dans son précédent livre, Une Part Rouge, Maggie Nelson racontait le procès du meurtrier de sa tante, arrêté presque trente ans après les faits. Jane, la tante maternelle de Maggie, était une jeune étudiante à l’université du Michigan lorsqu’elle a été sauvagement assassinée en 1969. Son corps a été retrouvé dans un cimetière. A l’époque, deux autres crimes identiques (viol suivi de meurtre) avaient eu lieu dans la même zone entre 1967 et 1969. Mais la police n’avait à l’époque rien trouvé. Maggie Nelson est née quelques années après la mort de Jane mais a grandi dans une famille où le fantôme de Jane et de son horrible meurtre a hanté sa famille.

L’arrestation du meurtrier a poussé l’autrice a raconté cette histoire dans ce premier récit en 2018. Dans ce dernier ouvrage, Jane, Maggie Nelson veut rendre hommage à sa tante et surtout nous la présenter. Ne plus la montrer comme la victime d’un tueur en série, mais comme une jeune femme pleine de vie et d’objectifs. Une jeune femme indépendante.

Maggie a découvert par hasard une série de journaux intimes appartenant à sa tante, qu’elle a complétés entre l’âge de 13 ans à 21 ans. Soudainement sa tante apparaît, d’abord sous les traits d’une adolescente rebelle, en colère contre ses parents et sa soeur parfaite (mais qu’elle aime) et puis elle devient une étudiante qui se cherche. A l’appui de ses journaux, Maggie crée un collage qui rassemble aussi de la poésie magnifique écrite par Jane, des rêves que Maggie fait sur sa tante, sa famille, mais aussi des extraits de journaux d’époque, de livres sur ce tueur en série et le récit de ses dernières heures. Enfin, Maggie entreprend avant le procès un voyage sur le lieu du crime et sur la tombe de Jane avec sa mère, la soeur de Jane.

January, 21 -1960

I know that my feelings

toward both parents will soften

but now the thought of these people

being my parents sound utterly repulsive

and I feel almost sick

I have come to the point

where home is unbearable

and I will do anything to escape from it.

Maggie Nelson n’est jamais larmoyante, mais le résultat est là – une jeune femme se dessine devant nous, toujours avec sa part de mystère, elle ne tenait pas de manière régulière ses journaux. Le témoignage de son petit ami de l’époque est aussi touchant. J’ai beaucoup aimé la juxtaposition de ces textes, le mélange – tout semble s’assembler de manière unique – ainsi la lectrice que je suis s’est aussi rappelée de ses 13 ans, de ses journaux intimes, de mon impatience, de mes colères enfouies, et puis évidemment soudainement le vide. L’arrêt brutal d’une vie.  Fort heureusement, la poésie semble nous faire aller du vivant au mort et du mort au vivant comme si Jane était d’une certaine manière encore présente.

1966 – My head cleared and rejoiced

I thought of neither the past nor future,

but only of the cold air

the fast walk, the next curb

the top of the hill,

the rain on my face.

My lips were singing

« I wish I were a Kid Again »

My destination : anywhere in god’s name

but out – away –

and make it exciting

Il m’apparaît donc aujourd’hui que je suis une inconditionnelle de Maggie Nelson et qu’elle tient son talent de sa tante, qui écrivait magnifiquement.  Je remercie Maud pour le prêt. Je vais dorénavant l’acheter.

♥♥♥♥♥

Editions Soft Skull, 2016, 200 pages

(*Extrait d’un poème de Dylan Thomas lu à l’enterrement de Jane)

Photo by Dima Pechurin on Unsplash

Et pourquoi pas

12 commentaires

Autist Reading 16 février 2022 - 13 h 28 min

Merci pour cette piqûre de rappel. J’avais tellement aimé « The Argonauts » qu’à la suite j’avais engrangé dans la liseuse « The Red Part » et ce « Jane, a Murder »… que je n’ai toujours pas lus. Ton billet me prouve que j’ai bien tort de ne pas avoir encore commencé…

Electra 18 février 2022 - 13 h 51 min

ah mais tu les as ce qui est déjà une bonne chose ! Tu peux les lire dans l’ordre car tu trouveras peut-être l’ensemble moins intéressant dans l’autre sens

Autst Reading 18 février 2022 - 18 h 30 min

Merci pour ce détail qui peut effectivement avoir son importance. Mais par « dans l’ordre », tu entends celui que tu as suivi (soit l’ordre antéchronologique de parution) ? D’abord le procès (The Red Parts), puis la bio (Jane: a Murder) ?

Electra 18 février 2022 - 18 h 58 min

oui c’est ça, en premier The Red Parts puis Jane, a murder
bonne lecture !

Marie-Claude 17 février 2022 - 0 h 51 min

Pas intéressée. Tu avais raison 😋

Electra 18 février 2022 - 13 h 52 min

oui je te connais bien !

uneviedevantsoi 17 février 2022 - 8 h 56 min

Ça suffit tentatrice!!
Je n’ai jamais lu Maggie Nelson, lequel est ton préféré?

Electra 18 février 2022 - 13 h 53 min

:-). désolée ! Mon préféré ? celui-ci mais j’ai aussi beaucoup aimé Bluets (attention assez spécial), les Argonautes est aussi à part. La part rouge est le plus abordable je dirais pour commencer.

Athalie 17 février 2022 - 9 h 52 min

Je découvre moi aussi cette autrice … je viens de lire une présentation sur la toile et ses écrits me paraissent bougrement intéressants. Le récit que tu présentes est-il celui que tu recommanderais pour commencer ? Ou vaut-il mieux lire Une part rouge auparavant ?

Electra 18 février 2022 - 13 h 54 min

Je te conseille une Part rouge auparavant, pour bien situer l’histoire, le procès – et ensuite celui-ci. Ses autres textes (Les Argonautes et Bluets sont à part, sur d’autres thématiques)

Livr'escapades 17 février 2022 - 20 h 03 min

Je ne connaissais pas non plus Maggie Nelson mais je vais aller voir tout ça de plus près.

Electra 18 février 2022 - 13 h 55 min

Oui, tu peux trouver tous mes articles sur ses écrits
Une voix à part

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