L’arbre du voyageur · TSUJI Hitonari

par Electra
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J’ai acheté ce roman de Tsuji Hitonari en le trouvant en bouquinerie, un roman japonais avec une très belle couverture et un sujet qui me passionne à chaque fois, lorsqu’un personnage part à la recherche de l’un de ses proches.

Le narrateur a grandi dans l’ombre et l’admiration de son grand frère, Yûji. Ce dernier a fini par disparaître pour de bon. Les années passent, et le narrateur, âgé à présent de 19 ans, décide de partir à sa recherche. Leurs parents sont décédés subitement et il souhaite en informer son frère aîné.

Peu après son entrée en primaire, il avait tranquillement quitté la maison. « L’école, ça ne lui a jamais beaucoup plu », disait ma mère avec un sourire fataliste. Mon frère était donc parti sur un coup de tête, sans que rien laissât deviner cette intention. Ces escapades se renouvelèrent. Parfois il ne rentrait pas de toute une journée, voire deux.

Ce n’est pas uniquement 9 ans qui le séparent mais tout un monde. Yûji a toujours été différent et n’a jamais sembler appartenir à la même famille. Ainsi, enfant, il multiplie les fugues et ne semble être proche de personne, surtout de ce petit frère qu’il devait trouver trop encombrant. Il finit par quitter très vite le cercle familial, ne revenant qu’une seule fois pour toucher sa pension. Lorsque le narrateur part à sa recherche, il a très peu d’indices, excepté l’adresse d’un logement. Ce dernier est inoccupé depuis plusieurs mois. Il apprend que Yûji  travaillait dans une jardinerie située en hauteur, au-dessus de l’agitation de Tokyo. Il y a rencontre un des employés qui lui décrit un homme que le narrateur ne connaît pas. Il ne l’a pas vu si longtemps.

Yûji est toujours aussi obsédé par ce frère ainé qu’il a idéalisé à travers le temps. Cette quête va lui faire rencontrer des gens qui connaissent le vrai Yûji, un homme qui ainsi vivait deux histoires amoureuses en même temps, plongeant sa petite amie officielle dans la souffrance. Yûji parlait aussi régulièrement de la mort, comme à son jeune frère quand il lui avait expliqué que le corps et l’âme étaient deux choses totalement différentes et que seule l’âme l’intéressait.

Son frère va ainsi découvrir la personnalité très troublante de Yûji, à ses obsessions et va bientôt être persuadé de sa mort après avoir rencontré un collègue et ses deux amantes. Mais est-ce vrai ? Aucune trace de son corps, d’un avis de décès. Son jeune frère doit alors apprendre à lâcher prise et se faire confiance.

Un récit initiatique que j’ai lu avec plaisir sur le coup mais qui dans le temps, ne m’a pas laissé une profonde empreinte même si je souris à nouveau en pensant à la fin. Je crains hélas que la distance choisie par l’auteur n’a eu comme effet de rendre cette lecture assez floue, sans attache. Ce que j’ai longtemps reproché à d’autres auteurs japonais, et que je pense avoir de nouveau retrouvé ici. Pourtant j’ai vraiment aimé cette quête et le personnage étrange de Yûji. Il m’a juste manqué quelque chose pour que je retienne cette lecture. A voir dans le temps.

♥♥

Editions Folio, 千年旅人 , trad. Corinne Atlan, 1999, 208 pages

 

Photo de TOKYOLUV sur Unsplash

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8 commentaires

je lis je blogue 10 mars 2024 - 18 h 50 min

Le personnage du frère aîne semble très énigmatique, presque insaisissable, non ?

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Electra 11 mars 2024 - 8 h 22 min

oui ! c’est un texte un peu philosophique (séparation du corps et de l’âme) et il connaît finalement très peu son frère – le texte finit sur une sorte de rebondissement. Je suis curieuse de voir ce que les autres en ont pensé !

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Kathel 11 mars 2024 - 8 h 30 min

Pour que cela ait été plus intéressant peut-être aurait-il fallu que les deux frères soient plus proches ?

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Electra 11 mars 2024 - 8 h 37 min

Je pense que c’est plus lié à l’auteur qui a voulu jouer sur plusieurs tableaux à la fois, effectivement j’étais plus intéressée par la relation entre les deux frères – lui, a, je pense, souhaité faire du frère ainé une figure symbolique. Mais ça reste quand même une lecture intéressante, par contre la quatrième de couverture exagère sur la plongée dans les bas-fonds de Tokyo, l’éditeur raconte des bêtises

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Marie-Claude 11 mars 2024 - 13 h 40 min

Tu m’en avais bien parlé. J’avais très envie de le lire, l’ayant même mis dans mon panier. Du coup, j’hésite. Reste qu’il est très court. Je verrai bien. Je n’ai pas la main chanceuse, ces jours-ci, après trois abandons, dont un roman chinois et un japonais… Ma PAL est rachitique!

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Electra 11 mars 2024 - 14 h 01 min

oh non ! et ta virée chez l’Echange ! hâte que tu me parles de tes abandons, un Japonais ? le livre reste néanmoins intéressant et il se lit vite mais ce n’est pas un coup de coeur du coup je ne veux pas te faire regretter ton achat.

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Fanja 11 mars 2024 - 22 h 10 min

De cet auteur, je garde un très bon souvenir de ma lecture du Bouddha blanc même si les détails de l’histoire ne me reviennent pas. C’est peut-être le propre de ces romans plus philosophiques qu’axés sur une intrigue. Ma lecture remonte aussi, il faut dire.^^

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Electra 11 mars 2024 - 22 h 56 min

Oui, je comprends parfaitement, parfois on se souvient de nos émotions en lisant le livre, mais pas de l’histoire. Si je croise le Bouddha blanc, je me laisserais peut-être tentée !

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