Schoolgirl · DAZAI Osamu

par Electra
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Auteur japonais décédé en 1948, DAZAI Osamu est devenu culte dans son pays et célèbre à l’étranger avec son livre No longer human. Mais l’auteur japonais, dépressif et nihiliste, a publié en 1939 une novella : Schoolgirl (Ecolière) qui a connu un grand succès au Japon pour son ton moderne et ironique. Comparée récemment à Catching in the Rye (L’attrape-coeurs) de J.D Salinger – dois-je le rappeler, mon auteur préféré – il ne m’en fallait pas plus pour commander cette nouvelle édition magnifique. Même si à la lecture, les deux récits ont juste en commun de suivre les pensées de deux adolescents. Et je comprends que le ton de l’héroïne et ses propos ont pu résonner chez tant d’adolescents. Son côté parfois irrévérencieux , ses lubies, son regard parfois sévère sur les autres, son envie d’être à l’âge adulte tout en conservant un corps d’enfant résonnent avec la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui.

Le récit se déroule le temps d’une journée alors que son pays est en guerre. Un stream of consciousness qui m’a plu immédiatement, et je me suis laissée emportée avec plaisir dans les pensées de cette adolescente un peu revêche et parfois cruelle, mais qui fait preuve aussi de grands moments de tendresse. Le récit est effectivement moderne.  La jeune fille part à l’école, après avoir déjeuné toute seule. Sa mère est déjà partie travailler et son père est récemment décédé. Son esprit bourdonne, et ses pensées la mènent absolument partout.

I never have confidence in the mornings. (…) My glasses are the things I hate the most about my face but there are certain good things about glasses that other people might not understand. I like to take my glasses off and look out in the distance. Everything goes hazy, as in a dream, or like a zoetrope –  it’s wonderful.

J’ai tout de suite aimé le ton du récit, la description de cette vie un peu solitaire, ses pensées et ses envies parfois morbides. Le deuil de son père qui pèse encore sur elle et sur sa famille. Le départ de sa soeur ainée. Mais aussi ses petites joies comme les broderies cachées sur ses vêtements ou cette soirée avec sa mère.  Un joli portrait de l’adolescence, cette étrange tranche de vie où des dizaines d’émotions parfois contradictoires nous envahissent. Où l’on veut s’affranchir des autres, mais continuer d’être câliné par sa mère. J’ai aussi voulu immédiatement noter plein de passages.

I yearned for everything long gone. With anyone else, if we were far apart, they would eventually grow fainter in my mind until I forgot about them, but with my family, their memory seemed only to grow fonder and all I remembered were the beautiful things about them.

Cette novella est une très belle surprise. J’ai envie de lire à présent ses autres écrits.  Une très jolie parenthèse. Bonne nouvelle, vous pouvez la lire en français (recueil avec Ecolière et La Boîte de Pandore) aux éditions Motifs.

♥♥♥♥

Editions One Peace Books, 晩年と女生徒, trad. Allison Markin Powell, 2011, 103 pages

Photo de Rowny Law sur Unsplash

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10 commentaires

Fanja 10 octobre 2025 - 22 h 31 min

Tu sembles avoir fait une belle rencontre avec cet auteur. C’est bête, je pensais avoir un recueil de 3 de ses nouvelles dans ma PAL, mais j’ai l’impression que je m’en suis délestée lors de mon récent déménagement. Probablement parce que j’avais lu que l’auteur était dépressif justement et que j’avais un peu peur du ton de ses textes.
Et ces vacances alors, c’était comment ? J’espère que tu en as bien profité.

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Electra 12 octobre 2025 - 14 h 30 min

Oui, il était dépressif et je pense que No Longer Human (que j’ai dans ma pAL) n’est pas une joyeuse lecture ! Il m’arrive aussi souvent de tomber sur un billet d’un livre dont je me suis défait il y a peu ! C’est la vie. Les vacances étaient géniales, j’ai vraiment profité de tout mon séjour, j’ai fait de très belles rencontres ! Il était temps que je parte et ce voyage m’a fait un bien fou

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keisha 11 octobre 2025 - 7 h 25 min

Ben oui tu étais où? j’avais mal deviné…

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Electra 12 octobre 2025 - 14 h 30 min

Corée du Sud ! Pas loin du Japon …

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Sacha 11 octobre 2025 - 7 h 58 min

Je ne connais pas cet auteur mais il pourrait me plaire. Il y a une belle mélancolie dans ces extraits.

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Electra 12 octobre 2025 - 14 h 31 min

Oui ! je pense que c’est probablement un des plus grands auteurs reconnus au Japon, je dois continuer la découverte de son oeuvre, en sachant qu’elle a été très influencée par son état d’esprit

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Cath L 11 octobre 2025 - 8 h 51 min

Je découvre aussi l’auteur, qu’il me plairait de découvrir…

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Electra 12 octobre 2025 - 14 h 32 min

Oui, j’ai découvert ici son style et j’ai beaucoup aimé. Je pensais que son style serait plus concis et âpre. Je comprends mieux le succès de ce roman !

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Alexandra 11 octobre 2025 - 9 h 59 min

J’ai l’impression que les auteurs japonais sont fascinés par l’adolescence. Je n’ai jamais lu DAZAI Osamu. Malgré ton beau billet, je suis plus attirée par ses autres romans. Je commencerais plus volontiers par les Cent vues du Mont Fuji, par exemple

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Electra 12 octobre 2025 - 14 h 33 min

Pas de souci, mais oui, l’adolescence est souvent évoquée dans les romans japonais (américains également) le passage à l’âge adulte sans doute. Je vais aussi aller voir ses autres romans et essayer de bien choisir ma prochaine lecture

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