La maison préservée · Willem Frederik Hermans

par Electra
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C’est par hasard en allant à la bibliothèque que j’ai déniché ce court roman publié en 1952 et traduit du néerlandais. Je ne connaissais pas l’auteur Willem Frederik Hermans qui est considéré comme l’un des grands auteurs néerlandais du XXème Siècle. Il est l’auteur d’une dizaine de romans, de nouvelles et d’essais et a passé les vingt dernières années de sa vie en France.

Le roman nous emporte, quelque part, sur le front de l’Est, alors que la fin de la guerre commence à se profiler. Un homme, le narrateur, a été enrôlé dans un groupe de soldats soviétiques. Il a appris à se battre et avance désormais aveuglément dans cette guerre. Un jour, il est envoyé un jour en reconnaissance dans une ville dévastée et pratiquement abandonnée. Le soldat s’est éloigné du reste des troupes et subitement se dresse devant lui, une imposante demeure. Cette dernière n’a pas été touchée par les bombardements et l’homme ne peut résister longtemps. Il y pénètre et décide de s’y installer. Il trouve des vêtements de civil et cache sa tenue militaire. Il prend un bain. Cette demeure offre ici une parenthèse inespérée au soldat. Un refuge, un havre de paix loin des combats. Comme si le temps s’était arrêté.

Mais la guerre n’est jamais loin, ni les ennemis, qu’ils soient civils ou militaires. La quiétude trouvée finit par laisser place à l’angoisse, lorsque des soldats allemands viennent s’installer, pensant que notre narrateur est le propriétaire de la villa…

Dans une maison, on ne doute de rien, car il est facile de revenir sur ses pas pour vérifier si on a commis une erreur. Etre seul dans une maison où personne ne risque de s’introduire pour emporter ou déplacer quoi ce soir ce soit, cela suffit à faire de la vie une réussite.

Un roman court et d’une intensité particulière, ici c’est plutôt la noirceur de l’âme humaine et le désespoir qui prédominent et cette maison offre quelques heures de répit. Le choix de l’emploi du « je » participe à cette sensation de plongée dans l’horreur de la guerre. Le personnage principal n’est pas un homme plaisant dont on se prend d’affection. Il tue au besoin et agit désormais comme un robot. L’auteur ne laisse guerre de chance à notre héros. Ce dernier est désincarné. Plus rien ne le touche.

Dans ces lieux, quelque chose me poussait, semble-t-il, à retrouver un comportement décent, le propriétaire pouvait s’estimer heureux que je misse pas à sac sa demeure. Sa bonne lui avait préparé de la soue alors même que moi, je me tordais de soif dans un champ.

Les éditions Gallimard ont traduit deux autres de ses romans (en 2006 et 2009).

♥♥♥

Editions Gallimard, Het Behouden Huis, trad. Daniel Cunin, 2023

Et pourquoi pas

1 commentaire

Cath L 8 décembre 2025 - 10 h 42 min

Je ne connais pas cet auteur, mais ce roman semble très sombre, tout de même, sans lumière à laquelle se raccrocher…

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