Une pause BD, ça vous tente ?

par Electra
2,K vues

Café Budapest d’Alfonso Zapico
♥♥♥

C’est dans le cadre du Prix BD qu’il m’a été donné l’occasion de lire ce one-shot. Une saga historique où l’on suit le jeune Yechezkel Damjanich, jeune violoniste juif de 23 ans à l’occasion de son départ pour Jérusalem. La deuxième guerre mondiale est terminée, nous sommes en 1947 et le jeune vit avec sa mère Shorintza à Budapest. Les lendemains de guerre sont difficiles et plus encore pour un musicien juif. Lorsque Yosef, son oncle maternel lui propose de venir le rejoindre à Jérusalem mais sa mère s’y oppose, elle aime Budapest et a coupé tout contact avec son frère. Shorintza est une survivante des camps de la mort, où le père de Yechezkel est mort. Mais finalement son fils la convainc, et ils embarquent ensemble sur un bateau pour Israël.  Yosef les attend au port et est ravi de leur faire découvrir son petit café Budapest.

Ce café est un lieu où juifs et arabes se retrouvent pour écouter de la musique, refaire le monde et tout le monde s’entend bien mais l’atmosphère change brutalement avec la naissance de l’état israélien, la Palestine voit ses terres réduites et tout cela bouleverse l’atmosphère quotidiennes des habitants de la Palestine, qu’ils soient juifs ou arabes.

Alfonso Zapico est à la fois le dessinateur et le scénariste – il a choisi une plume en noir et blanc pour illustrer cette petite histoire qui rencontre la grande histoire et la fin du Jérusalem d’avant-guerre, multi ethnique. L’histoire de Yechezkel est touchante et émouvante, parce que le jeune homme avait été toute sa vie victime d’un ostracisme fort va voir la même chose arriver aux Arabes et puis il y a l’histoire d’amour, qui montre que ce sentiment ne connaît ni frontière, ni mur.

Leur volonté de résister face à ces changements, de refuser de céder aux sirènes, de s’aimer malgré leurs religions différentes est magnifique et la fin m’a surprise, car si les juifs d’Europe ont trouvé un havre de paix après tant d’années de souffrance, je ne peux que m’interroger sur leur zèle religieux et leur incapacité à accepter cet amour.

Pour deux autres lecteurs qui participent au challenge, il s’agit de la meilleure BD – mais ce n’est pas le cas pour moi, car je réalise que j’ai déjà oublié plusieurs passages pourtant le récit est intelligent, le regard sur les extrémistes, l’antisémitisme est vraiment maîtrisé et les personnages sont touchants.

Editions Steinkis, mars 2016, 164 pages

 

          Ce qu’il faut de terre à l’homme de Martin Veyron
♥♥♥

Ma dernière lecture du Prix BD Cézam a obtenu le Prix spécial Angoulême 2017 – Marti Veyron adapte ici une nouvelle de Léon Tolstoï.

Nous voici en Sibérie, le paysan Pacôme y vit avec sa femme et son fils. Il cultive les terres d’une riche propriétaire (une « lady » барыня)  en l’échange du gîte et du lopin de terre mais il subvient tout juste aux besoins de sa famille. Il lui arrive parfois, comme de nombreux villageois, d’aller couper du bois ou récolter des fruits qui ne lui appartiennent pas. Tout se passe assez bien jusqu’à l’arrivée d’un nouvel intendant qui décide de mettre fin à ce « laisser aller » – le voilà même à fouetter les imprudents.

Tout bascule lorsque la vieille femme annonce son intention de céder ses terres et ne garder que la demeure, l’intendant souhaite racheter les terres. Les villageois décident d’intervenir. Pacôme, qui se sent à l’étroit, devient propriétaire mais l’homme n’a que son fils pour l’aider, l’entraide entre les paysans a pris fin depuis que chacun est devenu propriétaire et Pacôme rêve d’agrandir sa propriété :
« Si seulement j’avais plus de terres, soupire-t-il en regardant par-delà la clôture, je pourrais être tout à fait heureux. »

L’homme a changé, il s’est mis à dos les autres paysans. Isolé, il se prend à rêver de terres immenses. Cette envie finira par lui coûter très cher.. Tolstoï nous livre ici une fable avec une morale bien de son époque, et très russe !

 

Le coup de crayon est agréable, même si j’ai trouvé les dessins « petits » ou ne suis-je plus habituée à ce format ? L’adaptation est réussie, visuelle sans perdre la profondeur des dialogues et la réflexion finale prend ici tout son sens, puisqu’il s’agit d’espace donc le visuel d’un roman graphique est évidemment très approprié.

J’avoue que, contrairement à l’an dernier, je n’ai pas eu d’immense coup de coeur pour une BD, même si j’ai deux ou trois titres en tête. Le temps de me laisser réfléchir avant de voter !

Editions Dargaud, janvier 2016, 144 pages

 

           Le tragique destin de Pépito de Catherine Lepage
♥♥♥♥

D’après un conte de Pierre Lapointe.  Oui, nous sommes au Québec et il s’agit d’un livre pour enfants.

En premier lieu, je souhaite remercie Marie-Claude qui m’a offert ce très beau livre à mon arrivée à Québec ! Je l’avais gardé au chaud pour un moment où j’aurais envie, besoin de changement et ce fut le bon moment !

Que dire ? Un conte est un conte. L’histoire de Pépito, ce petit garçon étrange, qui refuse les jeux de balle, reste en retrait et à part sa cousine, n’a pas d’ami paraît un peu spécial. Pépito se lie difficilement avec les gens, jusqu’au jour où il devient ami avec une autre fille de son école – il lui offre de temps en temps des bonbons. Des bonbons au goût exceptionnel ! La petite fille en donne un à sa maman qui les adore aussi ! Mais Pépito cache un secret….

Comme tous les contes, il y a de la noirceur. Je m’attendais à pire, j’avoue, parce que je connaissais déjà un bout de l’histoire mais finalement c’est une histoire comme je les aime ! Un petit bijou que cette histoire ! Et en plus, le livre est magnifique.

Certains jeunes gens, comme Pépito,
se sentent différents.  Ils n’aiment pas le sport, ont peu d’amis et cachent des choses à leurs parents.
Heureusement, au contraire de Pépito, ils ne sont pas les personnages d’un conte fantaisiste au dénouement tragique.

Merci Marie-Claude !

Editions Comme des géants, 2016, 78 pages

Et pourquoi pas

10 commentaires

keisha 19 mai 2017 - 14 h 09 min

Rien ne m’est connu (le deuxième vu sur un blog, peut être?)
Ceux qui se privent de BD passent à côté de bien du bonheur!

Electra 19 mai 2017 - 18 h 27 min

Oui !! Mon préféré est le troisième mais Le deuxième est intéressant

Fanny 19 mai 2017 - 18 h 28 min

Mais ce Pepito est trop tentant! Quel beau cadeau!

Electra 19 mai 2017 - 18 h 28 min

Oui ! Très Beau livre et une histoire atypique !

Marie-Claude 19 mai 2017 - 23 h 45 min

Oui, ce Pepito… Une histoire atypique qui sort des sentiers battus.
Pour la deuxième, j’ai une longue histoire avec cette nouvelle de Tolstoï. J’ai lu cette bd, mais elle m’a déçu (j’ai toujours en tête la nouvelle, hein!). Mais pour l’histoire (et la petite histoire), la meilleure adaptation demeure celle-ci:
http://www.hopsouslacouette.com/2015/01/comment-de-terre-faut-il-un-homme.html

Electra 19 mai 2017 - 23 h 48 min

pour sortir des sentiers battus ! ah ce Pepito ! ah j’ignorais qu’il existait une version québécoise, le dessin me plait beaucoup !

Eva 23 mai 2017 - 14 h 31 min

Je note Café Budapest, typiquement une BD qui pourrait me plaire!

Electra 23 mai 2017 - 14 h 51 min

Oui

Jerome 24 mai 2017 - 12 h 32 min

Le dernier a l’air top ! Perso j’ai adoré « Ce qu’il faut de terre à l »homme ».

Electra 24 mai 2017 - 12 h 34 min

Marie-Claude te dire qu’il existe une autre adaptation meilleure de la nouvelle de Tolstoï…. mais oui sinon Pépito est vraiment bizarre mais j’aime beaucoup !

Les commentaires sont fermés