La curée · Emile Zola

par Electra
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J’ai lu La Curée il y a déjà un mois, et j’étais persuadée d’avoir rédigé et publié le billet, pauvre de moi ..Me voilà donc de retour avec les Rougon-Macquart et Zola ! Nous quittons la Province pour monter à la capitale rejoindre Aristide Rougon…

Aristide Rougon a quitté Plassans pour monter à Paris connaître la fortune et la reconnaissance. Mais il n’est pas le seul : la ville est en pleine révolution capitaliste, avec ce chantier immense du Second Empire et de nombreux autres hommes ont eu la même idée que lui. Avide comme son père, il cherche à tout moyen à faire fortune. Pour cela, il lui faut pouvoir séduire les financiers et les investisseurs potentiels, ainsi il préfère changer de nom et se fait désormais appeler Saccard. Le mariage arrangé avec une belle femme, Angèle, lui permet enfin d’obtenir la mise de fonds nécessaire à son dessein. Saccard, va comme d’autres entrepreneurs plus ou moins véreux profiter de cet immense chantier, pour spéculer en achetant des domaines qui vont être expropriés par le gouvernement pour la construction des grands boulevards de Paris. La prime d’expropriation étant souvent plus conséquente que la vente simple. Et malin, il réussit avec son mariage, à approcher les investisseurs et les membres du gouvernement qui vont augmenter la prime…Son plan marche et le voici soudainement riche.

Aristide Rougon s’abattit sur Paris, au lendemain du 2 décembre, avec ce flair des oiseaux de proie qui sentent de loin les champs de bataille.

Mais Saccard n’aime pas son épouse, et lorsqu’elle meurt, il en profite pour envoyer son jeune fils, Maxime, en Province dans sa famille. Les années passent et Saccard joue avec le feu, il spécule, ment, promet, ment à nouveau .. gagne beaucoup puis perd beaucoup. Lorsqu’il croise la route de la belle Renée, vingt ans plus jeune, il craque. La jeune femme est un magnifique bijou qu’il s’est offert. Elle aime les belles robes et les nombreux bals qu’il organise. Cette vie de jeune femme riche finit pourtant par lasser la jeune femme. L’argent n’amène pas forcément le bonheur.. et lorsque Maxime, jeune homme, revient à Paris, sa belle-mère s’entiche de lui. Il est beau, très gracile, presqu’efféminé, très vite, elle le prend sous son aile et le présente à toutes ses amies. En vieillissant, les deux jeunes gens finissent par tomber amoureux – ils ont presque le même âge, après tout. Louise est lasse de sa cage dorée, et en transgressant la morale, elle se sent revivre. La jeune femme frivole et dépensière est folle de Maxime. Mais ce dernier, qui admirait cette jeune femme finit par se lasser ..

(Mme Sidonie) Petite, maigre, blafarde, vêtue de cette mince robe noire (..) Elle était sèche comme une facture, froide comme un protêt, indifférente et brutale au fond comme un recors.

Le tourbillon de Paris vous fait tourner la tête, mais lorsqu’il dure trop longtemps, c’est un mal de tête qui suit…De son côté, Saccard ne pense qu’à se fortune. Sa femme n’est qu’un apparat qu’il aime montrer dans le tout Paris et son fils.. pas grand chose. A nouveau Zola juge ses pairs. Leur avidité, leur orgueil…Personne n’y échappe. Un portrait encore peu flatteur de la société française, dévorée par l’appât du gain. Et le style de Zola, quelle plaisir, c’en est jouissif !

Cependant la fortune des Saccard semblait à son apogée. Elle brûlait en plein Paris comme un feu de joie colossal. C’était l’heure où la curée ardente emplit un coin de forêt de l’aboiement des chiens, du claquement des fouets, du flamboiement des torches. (..) La ville n’était plus qu’une grande débauche de millions et de femmes.

J’ai beaucoup aimé ce deuxième opus, même si j’avoue, que la passion dévorante de Louise a fini par me lasser (bon la scène de la serre, forcément, restera dans les annales…).  La fin est digne de Zola : personne n’échappe à son triste sort.

Vivement le prochain !

♥♥♥♥

Editions Folio, Classique, 2021, 384 pages

(En photo, l’ancien Paris détruit pour la nouvelle architecture hausmanienne) 

Et pourquoi pas

6 commentaires

Jerome 23 juillet 2021 - 16 h 59 min

Souvenirs de mon oral du bac de français (ça remonte !). J’avais eu 15 😉

Electra 25 juillet 2021 - 16 h 17 min

félicitations ! moi je n’avais pas Zola au programme
je suis tombée sur les Fleurs du Mal de Baudelaire mais j’ai fait une telle tête que la prof m’a proposée de choisir un autre sujet (ce fut Rousseau) et j’ai eu 14 je crois 🙂

BlueGrey 4 août 2021 - 12 h 21 min

J’adore les personnages de Zola, sa galerie de parvenues, d’opportunistes, de manipulateurs, de dépravés… Et dans « La curée », il n’en manque pas ! La satire est cinglante !

Electra 5 août 2021 - 8 h 06 min

oui ! je suis en train de lire le troisième, cette fois-ci il s’attaque aux Halles de Paris et à la nourriture, c’est très copieux !

BlueGrey 5 août 2021 - 15 h 11 min

Oui, je l’ai lu aussi (je me suis lancé pour défi de (re)lire Les Rougon-Macquart dans l’ordre, mais là je cale après « La faute de l’abbé Mouret ») : j’adore ses descriptions des Halles et des gens qui y travaillent. Ça grouille, ça crie, ça pue : on y est ! 🙂

Electra 5 août 2021 - 15 h 26 min

exactement ! je suis en plein dedans, il s’amuse tellement – la viande, la charcuterie .. ça grouille ! quand je serai arrivée à la Faute de l’Abbé Mouret, tu pourras me rejoindre pour la suite ??? 😉

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