Tobacco Road · Erskine Caldwell

par Electra
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Quand le Caribou m’a présenté les trois livres pour notre défi littéraire, elle m’a présenté ce roman (en français, La route du Tabac). Je me suis alors rappelée que je m’étais amusée à acheter lors de nos déambulations dans les librairies québécoises de seconde-main les vieilles éditions des romans d’Erskine Caldwell. J’en ai trouvé 7 dont ce roman.

Mon édition a été publiée pour le cinquantième anniversaire de ce roman, et quand j’ai vu la couverture, j’ai longtemps hésité mais finalement après voir lu le roman, je trouve la couverture fidèle au roman, à son personnage principal, Jeeter Lester. 

J’ai ainsi découvert que ce roman a été vendu plus de 3,5 millions de fois – un classique incontournable. Publié en 1934, l’auteur a séduit les lecteurs américains avec les aventures de la famille Lester, sur la route du Tabac, au find de la Georgie. J’avoue que le roman est plutôt osé, puisqu’ici les personnages sont plutôt délurés, sexuellement parlant – tout en prêchant à longueur de journée, priant Dieu de les sortir de leur misérable vie.

Les Lester ont connu une vie meilleure, mais Jeeter, le dernier d’une longue lignée de cultivateurs, a tout perdu. Surtout lorsque le propriétaire des terres a tout vendu pour s’installer à Augusta. Depuis, plus rien ne pousse sur ces terres arides. Chaque jour Jeeter Lester se lève plein de bonnes intentions, et chaque soir, il se couche en reportant au lendemain ce qu’il devait faire le jour même. 7 ans ont passé, et ils ont doivent tous les jours trouver comment se nourrir. La faim les a rendu plus ou moins fou. Son épouse, Ada, qui lui a donné 17 enfants, et sa mère sont atteintes de la pellagre (une maladie liée à la malnutrition). 5 de ses enfants sont décédés et il les a enterrés ci et là, sans croix. Les autres ont tous quitté la ferme et n’ont plus jamais donné de nouvelles. Il a marié la plus jeune et jolie, Pearl, 12 ans, à Lov l’an dernier. Dude, 16 ans, limité intellectuellement et Ellie May, 18 ans, née avec un bec-de-lièvre, sont restés chez leurs parents. Ils passent leur journée à attendre…

Lorsque Lov se présente à eux, avec un gros sac rempli de navets, les Lester deviennent fous. La faim va les pousser à commettre le pire… Lov est venu se plaindre, car depuis son mariage, Pearl n’a pas dit un seul mot et surtout elle refuse de partager son lit. Lov est devenu dingue de ne pas pouvoir consommer son mariage. Jeeter Lester lui dit que sa femme a aussi refuser de parler pendant vingt ans (mais elle a eu 17 enfants…), il promet qu’en échange de navets, il ira lui parler pour la faire changer d’avis.. Lov doute. Ellie May, malgré son visage déformé par le bec-de-lièvre rêve de pouvoir vivre avec Lov…

She did not know whether they worked in the cotton mills, but it made little difference to her. Down there on the tobacco road no one ever laughed. Down there girls had to chop cotton in the summer, pick it in the fall, and cut firewood in winter.

J’avoue que le roman me semblait un peu trop daté au départ – le premier gros évènement met beaucoup de temps à se mettre en place, et Lester est un professionnel de la digression lorsqu’il parle à quelqu’un, il ramène tout à Dieu, à ce Dieu qui le punit, en rendant ses terres stériles, en laissant pousser des navets plein de vers … Il se ne cesse de dire que Dieu l’a abandonné comme ses enfants qui n’ont plus jamais donné de nouvelles… Comme il se promet chaque jour d’aller faire opérer Ellie May, mais il ne va jamais plus quoi que la route du Tabac…

Heureusement le roman rebondit lorsque Soeur Bessie se présente chez eux. Une femme pasteur de 39 ans qui va s’amouracher de Dude (16 ans) et va l’épouser deux jours après, après avoir promis d’acheter une voiture. Dude rêve de pouvoir conduire et klaxonner et son père pense que Bessie va leur verser une dot.. Le roman prend alors une autre tournure, une vraie comédie, et j’avoue j’ai vraiment beaucoup ri – je comprends pourquoi ce livre est devenu culte.

Il n’est pas bon de se moquer des miséreux, mais franchement les Lester sont un cas à part. Je n’ai jamais vu des gens aussi peu chanceux, et leur bêtise concourt évidemment à leur perte.  Je pense à la voiture, je ne dirai rien de plus, mais j’ai vraiment éclaté de rire à plusieurs reprises. Je me suis vraiment amusée. La fin tient ses promesses, même si j’ai deviné le dernier incident, le roman ne pouvait se finir autrement. Je me demande quelles ont été les réactions des lecteurs en lisant les mésaventures de ces pauvres gens.

Donc merci au Caribou, je pense lire cette année un autre roman, God’s Little Acre de Caldwell (Le petit arpent du Bon Dieu). C’est effectivement un auteur incontournable.

Editions New American Library, 1962 (1934), 172 pages

 

Photo de Trisha Downing sur Unsplash

Et pourquoi pas

18 commentaires

Sandrine 15 avril 2024 - 7 h 53 min

C’est chouette et rare de croiser Erskine Caldwell sur la blogo. J’ai chroniqué « Un p’tit gars de Géorgie » mais pas facile de trouver ses livres en français aujourd’hui : je ne sais pas s’il est toujours réédité. Il est bien caché derrière Steinbek et Faulkner… avec Flannery O’Connor et Eudora Welty, ces écrivains un peu moins grands que les très grands…

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Electra 15 avril 2024 - 15 h 49 min

Oui, tous ces noms sont tellement évocateurs du Sud ! Je les ai dénichés en anglais, du coup je ne me suis pas posée la question du français. J’imagine que pour les plus célèbres, c’est possible 😉

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LamartineOrzo 15 avril 2024 - 12 h 40 min

J’ai Le petit arpent du bon dieu il y a tellement longtemps que je ne m’en souviens plus vraiment, mais je crois me souvenir que j’avais aimé…

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Electra 15 avril 2024 - 15 h 49 min

oui, son autre roman le plus connu – si c’est aussi drôle, tu avais du aimer. Je vais le lire c’est certain.

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keisha 15 avril 2024 - 13 h 25 min

Un auteur que j’avais noté dans un coin e tête, je vais voir c que je peux faire (après mes naufrages du book trip?)

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Electra 15 avril 2024 - 15 h 50 min

zut pour les naufrages ! je pense que tu seras en bonne compagnie avec Caldwell 😉

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keisha 16 avril 2024 - 7 h 43 min

Naufrages pas de lecture (j’ai de belles découvertes) mais racontés dans des récits, ça change tout!

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Electra 21 avril 2024 - 11 h 05 min

ah oui effectivement ! amusant comment un mot peut faire penser à autre chose 🙂

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Marie-Claude Rioux 15 avril 2024 - 14 h 53 min

Merci à toi d’avoir choisi ce roman. Je veux le lire depuis tellement longtemps. 17 enfants, sérieux? Tu me pousses à mettre la main dessus. N’est-ce pas le but ultime de ce défi? Nous donner envie de lire le roman sélectionné par l’autre? Mission accomplie, miss!

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Electra 15 avril 2024 - 15 h 50 min

oui, si tu le trouves, lis-le, il vaut le détour ! oui 17, c’est dingue ! je te réponds sur ton blog car j’ai pensé la même chose 🙂

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Ingannmic 15 avril 2024 - 16 h 36 min

Bigre, j’crois qu’ça m’plairait bien !! Tu n’as pas mis d’étoiles…

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Electra 21 avril 2024 - 11 h 01 min

ah zut j’ai oublié ! je lui mettrais 3 étoiles, je pense ?

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je lis je blogue 15 avril 2024 - 18 h 07 min

ERSKINE CALDWELL fait partie des auteurs que je compte bien lire un jour ou l’autre.

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Electra 21 avril 2024 - 11 h 02 min

oui ! son nom est un incontournable, il est plus ancien que les autres, plus daté mais je me suis bien amusée !

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Sunalee 15 avril 2024 - 18 h 49 min

Bon ben, j’ai bien plus été enthousiasmée par la lecture que tu as proposé à Marie-Claude que par la tienne 😉
Dès que ça parle (trop) de religion, je coince complètement (et ça ne s’est pas amélioré avec les nombreux dossiers qui ressortent en Belgique).

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Electra 21 avril 2024 - 11 h 03 min

ah la religion, mais ici Dieu ne l’écoute pas ! Il a fui en voyant le loustic … 🙂 La religion, c’est juste prier pour avoir de l’eau, de l’argent .. Car ici, pas de pudeur, bien au contraire ! Mais je te rejoins, je ne suis pas attirée par les livres sur la religion. Ici ce n’est pas du tout le coeur de l’histoire, n’aie aucune crainte !

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Fanja 15 avril 2024 - 23 h 03 min

Ouhla, je ne connaissais pas ce livre culte. C’est chose faite maintenant et ça tombe bien car le contexte de l’intrigue me parle bien, et si en plus on s’esclaffe, ça ne devrait que me plaire.

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Electra 21 avril 2024 - 11 h 04 min

Oui, en te répondant, plein de moments drôles me reviennent (la fameuse voiture), je me suis bien amusée et c’est rare de voir un Américain se moquer de ses pairs …

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