Meurtres à Willow Pond ∴ Ned Crabb

par Electra
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Rien de tel qu’un bon canapé et un café bien noir pour entamer la lecture de ce roman. J’avais envie d’une lecture détente et Ned Crabb me l’a apportée ! Je me suis vraiment beaucoup amusée à lire les aventures de Six et d’Alicia à Willow Pond. Je ne connaissais pas l’auteur américain mais je n’ai aucun mal à m’embarquer avec lui dans ce lodge luxueux dans une des plus belles régions américaines –le Maine.

Preston Thorndike Seldon Hawthorne Whittier Garfield Godwin, surnommé Six (le nombre de ses prénoms) et sa femme Alicia, anciens professeurs d’université, profitent d’une retraite bien méritée dans leur résidence d’été sur les rives du lac Winsokkett dans le Maine. Ils coulent une existence paisible en gérant une librairie de livres d’antiquités d’un côté et en passant tous leurs étés au bord du lac à pêcher.  Afin de changer un peu leur traintrain, Six propose à Alicia d’aller passer le week-end chez sa cousine Iphigene (« Gene ») Seldon, propriétaire d’un luxueux logde à Willow Pond.  Gene Seldon est une Amazone, 1m77, 77 ans qui mène d’une main de fer son entreprise. Cette femme, dotée d’un caractère bien trempé ne s’entend pas avec sa famille, qui se réduit à deux neveux et une nièce. D’ailleurs, elle a convoqué toute la famille ainsi que son avocat et son comptable ce dimanche afin de leur annoncer qu’elle modifie son testament. La vieille femme n’a aucun problème de santé mais elle a décidé d’accorder une part prédominante à son plus jeune neveu, Kipper.

Ce dernier, en couple avec le Chef Jean-Pierre n’a pourtant qu’une hâte : toucher sa part d’héritage et ouvrir un restaurant avec son amant à New-York. Son frère aîné, Brad, qui approche de la cinquantaine, est avec sa sœur Merrill un des meilleurs guides de pêche de la région. Alcoolique notoire, il rêve aussi de toucher sa part et noie dans le bourbon son mal être depuis le décès brutal de leurs parents, il y a dix-huit ans, foudroyés sur leur bateau un soir d’orage. Merrill, cocaïnomane notoire, rêve de se séparer de son ex-époux afin de fuir avec son amant français, Bruno. Mais tous sont prisonniers de cette tante acariâtre qui les a menacés de les déshériter s’ils quittaient Willow Pond.

Gene est ravie que Six et Alicia la rejoignent, elle ne tient pas à être seule pour annoncer la mauvaise nouvelle, surtout depuis qu’elle a reçu une menace de mort. Alors qu’un orage d’une extrême violence se prépare le samedi soir, tous les héritiers et leurs compagnons se laissent peu à peu envahir par des envies de meurtre. Assis sur une fortune de plus de quarante millions de dollars, la vie de Gene ne tient plus à grand chose….

Et qu’est-ce qu’on s’amuse ! Car Ned Crabb possède un humour noir féroce – il ne s’embarrasse de rien et s’amuse comme un fou avec ses personnages et le lecteur. Ces héritiers au physique d’Apollon mais à la morale inexistante ne rêvent que de toucher leurs parts – affublés de leurs ex qui veulent également profiter du magot avant de divorcer – ils sont pas loin d’une dizaine à rêver de la soudaine disparition de Gene. Et cette dernière en profite pour annoncer son mariage ! Une dernière salve qui coïncide avec l’arrivée de l’orage et la bien-nommée panne d’électricité.  Oh oui, le thriller classique mais qui marche à chaque fois. La pluie et le vent s’abattent et des ombres malfaisantes se manifestent….

Le titre original Lightning strikes vous dit que l’orage frappe et la traduction française vous donne le résultat : des meurtres à Willow Pond. Arrivés sur place, les policiers locaux – plus malins que ne l’auraient souhaités certains personnages mènent l’enquête. Ils associent Six et Alicia, de fins limiers à leur enquête – et là je pense immédiatement à Agatha Christie – une unité de lieu – un meurtre – des suspects multiples et un vieux couple qui jouent au détectives. Et ça marche !  Tommy et Tuppence Beresford sont ici des passionnés de pêche, deux géants (1m88 pour l’épouse et 1m98 pour Six), qui usent leurs vêtements de pêche jusqu’à la corde et aiment à dénouer les intrigues, à bord d’un bateau de pêche ou au bar, un verre de bourbon à portée de main.

Ici ce petit coin de paradis se transforme en enfer et le danger est partout : sur l’eau, dans la cuisine ou sur la route …

Je ne me suis pas ennuyée une seconde – mon seul bémol : un certain ralentissement au 4/5ème du roman mais le rythme rebondit à nouveau jusqu’à l’épilogue, savoureux. Je n’aime ni le whisky, ni le bourbon, mais j’ai eu très envie de m’asseoir à mon tour sur le ponton pour regarder le coucher de soleil sur le lac. Car Ned Crabb rend un formidable hommage à la nature locale – l’auteur américain passe une partie de l’année dans le Maine et ça se sent. Malgré le sujet (les meurtres), on sent qu’il est dans son élément lorsqu’il décrit chaque personnage à bord d’un bateau, quand Brad, l’héritier, et guide de pêche exceptionnel montre les petits secrets de Willow Pond à ses clients.

Comme dans Agatha Christie, Ned Crabb s’amuse de nous en nous présentant toutes une série de personnages plus farfelus les uns que les autres, qui nous semblent bien inoffensifs or erreur ! Je n’en dirais pas plus, mais moi qui adore les histoires d’Agatha Christie, j’ai passé un excellent moment à Willow Pond.

♥♥♥♥

Editions Gallmeister, Lightning strikes, trad. Laurent Bury,  419 pages

 

©Lodge at Moosehead Lake

Et pourquoi pas

8 commentaires

keisha 19 décembre 2016 - 7 h 40 min

J’ai un peu délaissé les Gallmeister catégorie ‘noir’, mais je pourrais changer, là

Electra 19 décembre 2016 - 9 h 50 min

Je pense qu’il te plairait bien !

hélène 19 décembre 2016 - 8 h 50 min

J’en garde un bon souvenir même si je me souviens d’une certaine lassitude, et que j’ai trouvé assez surfaite cette fin trépidante…

Electra 19 décembre 2016 - 9 h 51 min

ah oui ? je ne me souviens pas de ton billet – moi j’ai passé un bon moment mais je suis friande de ces histoires à la Agatha Christie 🙂

Marie-Claude 20 décembre 2016 - 4 h 52 min

Celui-là, je le veux. Tu le vends si bien. Tout m’intéresse: les lieux, les personnages, l’intrigue.
Dès que j’aurai besoin d’un peu de légèreté, je m’empresserai de mettre la main dessus. C’est bien noté!

Electra 20 décembre 2016 - 7 h 26 min

Tu as tout résumé ! La légèreté et un lieu magnifique.

Jerome 21 décembre 2016 - 9 h 01 min

Pas vraiment mon truc ce genre de roman mais l’humour noir féroce, j’aime alors pourquoi pas.

Electra 21 décembre 2016 - 14 h 01 min

Alors …

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