Bénis soient les enfants et les bêtes ∴ Glendon Swarthout

par Electra
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J’avais hâte de retrouver ce cher Glendon, un de mes auteurs ♥, après l’avoir découvert avec The Homesman et Le Tireur. Et Gallmeister a eu l’excellente idée de sortir dans sa collection Totem son roman, Bénis soient les enfants et les bêtes.

Nous voici entrainés en Arizona, dans un camp de vacances en plein coeur de la nature. Ils sont six garçons, âgés de douze à quinze ans – dont les parents très riches et très occupés, ont décidé d’envoyer leurs enfants au grand air dans ce camp qui promet d’en faire de « vrais cow-boys « .

Mais ces enfants ne sont pas les adolescents habituels. Enfants de familles très aisées, souvent originaires de New York, ils sont timides, certains souffrent de crises d’anxiété, de manque de confiance ou à l’inverse, leur comportement agité fait peur. Ce camp met en avant l’esprit de compétition entre tous les enfants. Chaque équipe a une mascotte et un nom de tribu Indienne. Moqués, malmenés, les six protagonistes se sont peu à peu rapprochés. Ils sont surnommés « Les Pisseux » et leur mascotte est un pot de chambre.  Pris en grippe par les autres adolescents, renvoyés des autres cabanes, ils ont fini par se regrouper au même endroit. Ils échouent à pas mal d’épreuves et le harcèlement continue. La compétition fait rage, encouragée par les moniteurs. Les adolescents tentent de dérober les trophées (une tête de bison par exemple) des autres équipes. Une nuit les Pisseux réussissent à faire diversion et à voler tous les trophées (personne ne veut de leur pot de chambre) sur lesquels ils pissent joyeusement une fois découverts.

Malheureusement, cela n’arrive qu’une fois et leur malchance continue. Ils n’ont pas droit aux récompenses comme la séance de cinéma de plein air mais les garçons se révoltent et prenant leur courage à deux mains, ils arrivent à sortir du camp à cheval pour aller voir le film. Attrapés, de nouveaux punis, les garçons décident d’agir.

De retour au camp, le directeur les avertit : en cas de récidive, ils seraient expulsés. Les Pisseux l’écoutèrent sans broncher, échangeant des regard à la manière de Burt Lancaster et Lee Marvin.

Ils ont un projet et décident d’aller jusqu’au bout de celui-ci quelque soit le prix à payer. Ils veulent prouver au monde qu’ils existent par un acte de bravoure incroyable. Alors que la nuit tombe et que tout le monde est endormi, les six garçons montent à cheval, chargé de leur tête de bison et de leurs coiffes personnelles (képi, chapeau de cowboy, casquette de base-ball) et les voilà partis à l’aventure.

Et toi lecteur, tu t’embarques avec eux, ignorant tout de leur projet. Le vol d’une voiture, les mauvaises rencontres, les possibles défections – car ces gamins ne sont pas tous courageux comme Cotton, le leader du groupe. Celui qui désire le plus mettre stop à aux moqueries, aux harcèlements et qui entraine la petite troupe avec lui. Hétéroclite, elle se compose de ce fils de comédien célèbre un peu trop gâté, de ces deux frères dont le plus jeune (12 ans) fait encore pipi au lit et ne sépare jamais de son oreiller, ou encore de ce gosse, spécialiste des fugues et qui sait comme personne ouvrir un coffre ou voler une voiture. Leur courage va être mille fois testé, l’abandon ne sera pas loin.

Le silence total. Leurs mains tâtèrent leurs poches, en extirpèrent les transistors, pressèrent les touches (..) mais sans effet. Tous les émetteurs étaient muets, on n’entendant plus aucun raclement de gorge, aucune corde de guitare. Ils étaient orphelins.

Il ne s’agit pas ici d’un western, genre dans lequel Glendon Swarthout excellait, mais d’un récit initiatique pour six gamins sous fond de fugue qui décident d’aller faire eux-même justice. En réalisant cette mission, ils veulent eux-même s’affranchir de leurs chaines psychologiques. Ils vont devoir affronter leurs peurs, apprendre à faire confiance à l’autre. Et cela ne sera pas chose aisée.

Glendon Swarthout s’emploie de nouveau à critiquer la société américaine, comme son esprit de compétition qui transforme des enfants en bourreaux ou en martyres sous prétexte d’en faire des hommes. J’avoue qu’on souffre en lisant ce qui est infligé aux Pisseux. Son autre critique est sur ces familles aisées qui se débarrassent de leurs enfants qui ne les intéressent guère, parce qu’ils nés d’une première union, ou parce qu’ils refusent d’être à leur image. Swarthout manie à nouveau la plume comme un couteau très aiguisé.

J’ai adoré être en compagnie de ces gosses, les voir trébucher, se relever et puis comme l’écriture de Swarthout, le récit prend une tourne tragique. Enfin, presque. Je vous laisse découvrir ce récit drôle, vif et qui vous donne envie d’avoir à nouveau quinze ans. Une petite pépite qui confirme une nouvelle fois le talent de cet auteur. Un de mes romanciers préférés qui ne me déçoit jamais.

J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge 50 états 50 romans, Etat de l’Arizona.

♥♥♥♥♥

Editions Gallmeister, Totem, Bless the Beasts and Children, trad.Gisèle Bernier, 172 pages

Et pourquoi pas

16 commentaires

Marie-Claude 13 mars 2017 - 2 h 46 min

Finalement reçu. J’ai aussitôt tout mis de côté pour l’entamer. J’ai lu une cinquantaine de pages. J’y retourne dans quelques minutes…
Je ferme les yeux sur ton billet, pour y revenir après ma lecture. J’ai triché un ti-peu en regardant le nombre de coeur!

Electra 13 mars 2017 - 7 h 09 min

Morte de rire ! je fais pareil avec toi quand je lis un livre ! avec Eva c’est facile, si c’est un coup de coeur, il bat fiévreusement. Bon, je vois que tu n’as pas pu attendre longtemps !

Hélène 13 mars 2017 - 8 h 24 min

Un auteur que j’aime beaucoup, j’y reviendrai. Pour le moment je suis sur la piste de l’Oregon avec Guthrie, je me régale aussi !

Electra 13 mars 2017 - 8 h 27 min

Oh oui j’imagine bien ! Moi je suis en Irlande du Nord.

keisha 13 mars 2017 - 8 h 38 min

J’ai lu le tireur (TB) et puis un peu délaissé l’auteur;..

Electra 13 mars 2017 - 9 h 32 min

ah dommage ! Tu as lu The Homesman ? j’en suis à mon troisième roman et je ne m’en lasse pas, il est très doué et j’aime beaucoup son regard sur la société américaine d’après-guerre

livresetbonheurs 13 mars 2017 - 12 h 51 min

Il est dans ma Pal ! Hâte de le lire !!

Electra 13 mars 2017 - 14 h 01 min

Une bonne chose et en plus la couverture est très jolie ! Bonne lecture 🙂

Jerome 14 mars 2017 - 12 h 29 min

J’ai un de ses livres dans ma pal mais impossible de me souvenir du titre !

Electra 14 mars 2017 - 14 h 07 min

Le tireur, The Homesman ??
il faut que tu le sortes vite fait de là et que tu le lises 🙂

Océane 14 mars 2017 - 13 h 19 min

Trop d’enfants pour moi ^^ j’y suis légèrement allergique 🙂 peut-être un emprunt en bibli à envisager, histoire de découvrir l’auteur tout de même.

Electra 14 mars 2017 - 14 h 11 min

ah c’est amusant, car même si ce sont des enfants les héros, je n’ai pas retenu cela particulièrement mais si tu y es allergique (je ne lis jamais de romans jeunesse par exemple) je te conseille surtout The Homesman – à lire absolument et tu vas aimer le thème !

Eva 15 mars 2017 - 22 h 29 min

j’adore la couverture elle est magnifique ! les couvertures totem sont vraiment belles…et j’ai un faible pour les bisons!

Electra 15 mars 2017 - 23 h 21 min

pareil ici ! elle est superbe 🙂

Marie-Claude 26 mars 2017 - 4 h 10 min

Enfin! Je suis revenue te lire! Une pépite, oui.
Ces castes avec ces noms de tribus, ces pauvres gosses avec leur radio, cette fameuse mission dont on ne peut rien dire, et cette fin… J’en suis encore toute retournée.
Il est trop fort, Glendon. Trois coups de coeur en trois. C’est ce qu’on appelle une valeur sûre! Le seul hic, c’est qu’il soit mort trop tôt.

Electra 26 mars 2017 - 7 h 23 min

Oui trop fort ! Il vise toujours juste ! Et la fin oui. Comme Kent. Partis trop tôt !

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