Dur comme l’amour · Larry Brown

par Electra
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Après Sale boulot, j’avais envie de découvrir l’oeuvre de Larry Brown, et comme j’aime les nouvelles et mai approchait, j’ai choisi son premier recueil traduit, Dur comme l’amour.

Dix nouvelles et dix histoires, qui à l’excepté d’une, m’ont toutes énormément plues. Voilà vous êtes prévenu : si vous aimez les âmes esseulées, ce recueil est fait pour vous ! Dix personnages majeurs qui s’appellent Léo, Lonnie, Louis ou Léon avec les mêmes initiales L.B.   Tous vivotent au find fond du Mississippi. Leurs vies se résument à leurs sorties dans les bars, où leurs balades en pick-up, avec un coffre rempli de bières fraiches. Ils fréquentent les bars mal famés, se battent parfois, et ressassent ce qu’ils ont perdu : une vie de famille.

Tous sont divorcés, avec plus ou moins de contact avec leurs ex et leurs enfants. Les problèmes d’argent sont récurrent. Tous cherchent un échapatoire, dans l’alcool, dans la bagarre ou dans l’écriture. Ils sont endettés et sont souvent bourrés. Ils finissent dans la fossé, hagard, se réveillent avec des inconnues. Ils cherchent tous la même chose : l’amour.

Je ne me souviens plus des titres des nouvelles, mais j’ai en tête cet homme, marié depuis si longtemps, qui chaque nuit, se couche et doit se relever car son épouse a entendu, soit-disant, du bruit en bas. Il n’y a jamais rien, mais elle en est persuadée. Alors, il repousse le moment, feint le sommeil, ne veut pas quitter la chaleur du lit pour aller en bas. Mais elle ne cesse de lui demander alors il finit toujours par céder. Parfois, il en profite pour fumer une cigarette. Une autre nouvelle qui m’a beaucoup touchée est celle des ces vétérans, qui vieillissent seuls. Comme celui qui tient la droguerie, la Corée, le Vietnam les ont endommagés et ils n’ont jamais su avoir une vie de couple. Alors l’amitié devient essentielle. D’ailleurs, l’amour on le trouve aussi dans l’amitié. Comme c’est le cas dans une autre nouvelle, ou après avoir passé un nuit en prison (après avoir perdu sa fille), le héros retrouve un compère de beuverie qui a paniqué lorsqu’il ne l’a pas trouvé. Il est son seul repère, sa bouée de sauvetage.

On a tourné pas mal. On a bu pas mal. (…) quand il a mis ce bon vieux P.L, le crépuscule du soir a commencé à virer au violet et à se couvrir de beaux nuages blancs baignés de lumière qui s’amassaient très haut ans les cieux et se déployaient lentement (…). Cette splendeur était telle qu’elle m’a fait tout simplement secouer la tête.  J’étais vivant, il était vivant, les serpents étaient dans les fossés, les cerfs s’aventuraient hors des bois, la bière était froide.

J’ai été très touchée par ces hommes, soit-disants durs, qui rêvent d’amour et cherchent dans leurs soirées de beuveries à trouver un sens commun, une communauté de vie. Du respect, de l’attention, de la bienveillance. La dernière nouvelle, 92 jours, est une novella (92 pages) qui a été publiée parfois séparément. Elle raconte l’histoire de cet homme, écrivain, qui a tout perdu, sa femme, ses enfants, son job pour réaliser son rêve : devenir écrivain. Il ne travaille que lorsque l’argent vient à manquer. Il offre des tournées à ses amis, perd parfois l’inspiration, mais il n’abandonne jamais. Les mots le maintiennent en vie après les tragédies qui pavent son chemin.  Je repense aussi à cet homme qui préfère tourner longtemps en voiture, une bière à la main, qui repousse l’heure de rentrer dans cette maison, auprès de cette épouse qu’il pense ne plus aimer. Mais un soir, alors qu’il a tout fait pour éviter le sermon, il trouve une maison vide.

Larry Brown m’a emportée! Hâte de lire ses autres nouvelles et ses romans.

♥♥♥♥♥

Editions Gallimard, La Noire, Big Bad Love, trad.Pierre Furlan, 2002, 246 pages

 

Et pourquoi pas

9 commentaires

Ingannmic 8 mai 2019 - 4 h 21 min

J’ai lu Père et fils il y a très longtemps, je me souviens seulement d’un texte âpre, un peu lent, que j’avais beaucoup aimé.Ce recueil n’a pas l’air bien joyeux, il me tente bien !

Electra 9 mai 2019 - 7 h 27 min

Oui, effectivement le terme joyeux ne s’applique pas souvent à Larry Brown mais c’est toujours aussi bon ! et son recueil également

Mai en nouvelles : 2E édition les chroniques - la nuit je mens 11 mai 2019 - 10 h 15 min

[…] La nuit je mens Dur comme l’amour, Larry Brown, Gallimard Elephant & other stories, Raymond Carver, Vintage About love : Three […]

Marie-Claude 11 mai 2019 - 10 h 57 min

Bon, je vais retenter le coup, alors!

Electra 12 mai 2019 - 11 h 39 min

Bonne idée !

Mes échappées livresques 14 mai 2019 - 3 h 33 min

Jamais lu Larry Brown mais Sale Boulot est dans ma pal

Electra 14 mai 2019 - 9 h 56 min

Il faut le lire! un grand auteur américain (un de plus !-)

Titezef 15 juin 2019 - 22 h 39 min

Bon t’arrêtes avec tes tentations ! 😂

Electra 16 juin 2019 - 11 h 03 min

ben non ! je continue LOL

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