Pyromane · Wojciech Chmielarz

par Electra
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C’est en croisant l’inspecteur Mortka sur des blogs consacrés aux polars que j’ai eu envie de partir à sa rencontre. Et puis la Pologne, je n’y vais pas souvent en littérature !

Pour information, il s’agit de la première enquête, depuis trois autres romans sont sortis avec ce flic désabusé et bourru. Vais-je avoir envie de lire ses prochaines enquêtes ?

Varsovie – l’hiver est là, glacial, la neige tombe et efface toute trace. L’inspecteur Mortka est appelé un samedi matin aux aurores sur les lieux d’un incendie. Dans les ruines d’une villa dans un quartier bourgeois, on retrouve le corps carbonisé de Jan Kameron, un hommes d’affaire qui a perdu sa fortune en jouant à la bourse. Sa femme Klaudia, ex-star éphémère de la musique, a réussi à fuir mais en sautant du premier étage. Les pompiers réalisent que le mode opératoire est le même que celui déjà utilisé dans deux autres incendies, sans victime. L’auteur balance des cocktails molotov par les cheminées. Mais cette fois-ci, il a tué. L’inspecteur ignorait tout des incendies précédents mais sait dorénavant qu’il a à faire à un pyromane.

L’inspecteur doit en même temps batailler dans sa vie personnelle. L’homme a divorcé et doit verser la moitié de son salaire en pension alimentaire. N’ayant plus les moyens de s’offrir un studio, il vit en coloc avec deux étudiants qui aiment un peu trop faire la fête. Lorsque le pyromane recommence, faisant de nouvelles victimes, la hiérarchie, la presse, tout le monde lui tombe dessus. De plus, il soupçonne son adjoint, Kochan, d’avoir la main un peu trop leste. Les choses s’accélèrent et bientôt vie privée et vie professionnelle se rejoignent …

Et la vodka coule à flot ! Si on a des préjugés sur la Pologne, l’auteur n’essaie pas de les démentir. Tout le monde boit, s’enivre. Les hommes semblent vouloir fuir leurs vies en se réfugiant dans l’alcool ou le jeu. J’ai fini par regarder l’année à laquelle le roman avait été publié en Pologne car j’avais l’impression de lire un roman datant de trente ans. Non, nous sommes en 2012. Il faut dire que l’image de la femme n’est pas moderne. Ainsi, la conversation autour du salaire de la femme est affligeante. Une femme ne doit pas gagner plus que son mari, et puis c’est encore mieux si elle reste à la maison faire la cuisine et le ménage… Et l’auteur de ces propos a une vingtaine d’années… Bon, heureusement, il y a d’autres personnages féminins dans le roman qui rassurent un peu mais les femmes restent souvent des objets sexuels ou des femmes autoritaires. J’avoue que j’ai été gênée par cela mais avec le recul, je pense que l’auteur dresse un portrait de son pays et de son incapacité à évoluer. Le portait est donc peu flatteur.

Reste le principal : l’enquête. J’ai aimé être en Pologne et suivre Mortka dans son enquête. L’histoire est sombre mais bien écrite, le rythme maîtrisé et même si j’ai trouvé la fin un peu tordue, je me suis laissée prendre au jeu. Je pense lire la deuxième enquête, en espérant que l’auteur s’améliore à chaque nouvel opus !

♥♥♥

Editions Agullo, Podpalacz, trad. Eric Veaux, 2017, 416 pages

Et pourquoi pas

6 commentaires

Fabienne 1 novembre 2019 - 14 h 23 min

Incroyable, il vient de rejoindre ma pal! L’organisatrice de mon cercle de lecture a fait un grand nettoyage de sa bibliothèque tout récemment et me l’a pratiquement mis entre les mains sachant que je suis une grande amatrice de polars. Ton billet tombe à pic!

Electra 1 novembre 2019 - 16 h 14 min

Le hasard fait donc bien les choses ! Il ne révolutionne pas le genre mais ça fait du bien de voyager en Pologne et l’enquête est bien ficelée – bonne lecture 😉

Fabienne 3 novembre 2019 - 17 h 16 min

Je ne dis jamais non à un petit voyage 😉 Ce ne sera pas pour tout de suite par contre…

Electra 3 novembre 2019 - 18 h 12 min

Plutôt dépaysant le voyage et très hivernal, mais oui ne jamais dire non est une bonne chose 🙂

Marie-Claude 4 novembre 2019 - 3 h 09 min

J’aurais pu être tentée, surtout venant de Agullo… Mais je vais passer. Pas l’idée aux polars, ces temps-ci, à moins d’un titre exceptionnel. Ce qui n’est de toute évidence pas le cas ici.

Electra 4 novembre 2019 - 7 h 11 min

Et moi tout l’inverse, j’ai dévoré plusieurs polars, seule solution pour retrouver l’envie de lire – je reprends doucement le rythme ! un Polonais, ça aurait pu te plaire mais je pense qu’il est trop tourné vers l’action pour toi ! et puis maintenant tu es fond romans français 🙂

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