J’ai eu le plaisir de retrouver la romancière Ann Patchett dans le cadre d’une lecture commune avec Inganmic (Book’ing) et Miss Sunalee pour son roman Commonwealth, traduit en français Orange amère. Je l’ai lu en anglais pour ma part.
Ceci est ma troisième lecture de la romancière américaine (The Dutch House et un livre de non fonction, Truth and Beauty) et à chaque fois, je suis enchantée par son écriture et par la puissance de ses mots. Et à nouveau, le thème qui est lui cher, la famille et en particulier les liens qui entre frères et soeurs, est à l’honneur.
J’ai été totalement sous le charme de son roman à la structure narrative innovante et passionnante. Tout commence dans les années 60 lorsque Fix Keating, un policier organise une fête pour le baptême de sa deuxième fille. Bert Cousins, un Procureur adjoint s’invite tout seul, et en préparant du jus d’orange (l’arbre fruitier le plus commun en Californie), il fait la connaissance de Beverly, l’épouse de Fix. Un seul regard et la situation est jouée. Je dois avouer tout de suite que j’ai eu un coup de coeur pour Fix Keating, et du coup, j’ai été en colère contre son épouse !
Bert et Beverly ont décidé de retourner en Virginie, chacun quittant son conjoint respectif. Beverly emmène ses filles, brisant le coeur de Fix et celui de ses filles, qui jamais ne considéreront la Virginie comme leur foyer et seront toujours en colère contre leur mère . Idem pour les 4 enfants du couple Cousins qui en veulent terriblement à leur père de repartir en Virginie, alors qu’il avait poussé sa précédente épouse à s’installer en Californie. Celle-ci décide de rester en Californie avec les enfants. Ces derniers allant passer tous leurs étés chez leur père et leurs grands-parents maternels. Les enfants Keating venant passer deux semaines en Californie avec leur père.
Ainsi, tous les étés Beverly se retrouver avec 6 enfants à gérer. Les enfants ne se détestent pas, en fait, ils s’accommodent plutôt bien de la situation, car tous sont en colère contre ce couple toujours illégitime à leurs yeux. Ils partent faire des expéditions, laissant derrière eux les adultes. Les années passent, et les enfants rechignent à prendre l’avion, et commencent à faire des bêtises. L’ambiance se détériore vite, et Bert fuit la maison. Beverly n’en peut plus, et fait de même laissant les enfants seuls à eux-même jusqu’au jour où .. le drame arrive.
Four girls, two boys, all bound by “one overarching principle that cast their potential dislike for one another to the bottom of the minor leagues: they disliked their parents. They hated them.”
Des années plus tard, Franny, la fille de Fix Keating, qui a abandonné ses études, s’installe avec un célèbre auteur et va lui donner l’idée de son prochain roman qui va lui faire connaître un énorme succès. Le roman s’appelle Commonwealth. De son côté, Albie, le plus jeune fils Cousins, coursier à New York, découvre le roman..
Que dire de plus ? Une magnifique écriture, une maîtrise du sujet, du temps, et un choix narratif excellent. A nouveau, Ann Patchett m’envoûte. Elle sonde l’âme humaine comme personne, ici les sentiments entre frères et soeurs, du même sang ou pas. De ces mariages recomposés, où les enfants ne trouvent plus leur place. Et les parents ne sont pas oubliés. C’est passionnant de bout en bout. Je sais déjà que Sunalee n’a pas eu la même lecture que moi. Ce qui fait la force d’Ann, ce n’est pas le côté roman « saga familial » qu’on pourrait lui prêter, mais surtout sa capacité à écrire des personnages profonds, avec leurs failles, leurs secrets, leurs envies, leurs réussites ou leurs échecs. Ils se cherchent continuellement, depuis ce fameux baiser interdit. Une réussite.
♥♥♥♥♥
Editions Bloosmbury, 2016, 322 pages
23 commentaires
[…] Une lecture commune avec Ingannmic et Electra. […]
C’est avec cette lecture que j’ai découvert l’auteur… et j’étais cuite, j’en ai lu plusieurs ensuite! Oui, quelle maîtrise!
Oui, quelle maîtrise ! J’adore être en sa compagnie
En effet, j’ai eu une lecture en montagnes russes, j’ai sans doute manqué de patience à un certain moment, mais je te rejoins malgré tout sur la finesse de l’analyse de l’âme humaine et je suis tout à fait prête pour de nouvelles lectures de cet auteur.
as-tu lu la Maison des Hollandais ? il y a moins de personnages et la relation frère-soeur est très belle
non, mais ça pourrait être mon prochain !
Je ne me foule pas trop, je fais plus ou moins un copié/collé du commentaire laissé chez la Miss, qui toutefois est sincère : je l’ai trouvée très habile cette Ann Patchett, elle nous attache à ses personnages presque l’air de rien, en déroulant des scènes a priori insignifiantes, voire ennuyeuses en effet, et pourtant, ça finit par construire quelque chose de solide et poignant !
Une très chouette expérience, qui me fait oublier la lecture mitigée de « Dans la course », et je suis ravie de l’avoir partagée avec vous deux !
oui, chez elle pas d’évènements grandioses, la vie mais tellement bien analysée et décortiquée 🙂
Tu es beaucoup plus enthousiaste que tes deux co-lectrices et tu fais bien, pour moi, en tout cas de préciser que ce n’est pas une saga familiale, cela me donne davantage envie de découvrir ce titre.
ah merci ! non, ce n’est pas du tout une saga familiale 🙂
J’ai lu ta chronique avec grande attention, ce livre est dans ma PAL en anglais en plus! Acheté à Londres en 2019… il est grand temps de le dépoussiérer, j’ai le sentiment qu’il convient parfaitement à une lecture d’été. Il te remercie, et moi nous verrons… 😉 Je n’ai jamais lu cette auteure, ma motivation est à son comble après t’avoir lue.
ah super ! Maintenant j’ai la pression ! Enfin, tout le monde s’accord sur son style et sa fine psychologie des personnages ! J’aime beaucoup son regard sur l’humain, ses failles ! Cool, en anglais aussi, je ne sais pas si ça joue, mais moi je la lis en anglais
Ton enthousiasme est contagieux, tu me donnerais presque envie de le lire, pourtant après ma visite chez tes co-lectrices, je n’en avais pas très envie…
ah désolée ! bon je n’ose pas aller voir leurs avis, pourtant il le faut ! mais oui, je suis très fan de cette autrice, de son style, de son analyse de l’âme humaine – je trouve cela très intelligent.
J’ai lu ce roman l’année dernière, et me suis promis de lire de nouveau Ann Patchett. Bon, ça reste à l’état de projet, mais il y en a un dans ma PAL, donc on progresse ! 😉
ah super ! et la bonne nouvelle, il est dans ta PAL alors quand ça sera le moment, tu n’auras qu’à le sortir ! Moi, je vais devoir en racheter du coup !
Tu sais que je veux la lire. Je traîne pourtant. Une petite réticence. Après les avis de Sunalee et Ingannmic, ma réticence était remontée. Et ton billet la fait chuter.
Moi, les enfants qui font des bêtises, ça m’intéresse! Et le drame qui en découlera m’intrigue…
Bref, je vais m’y mettre!
va falloir que tu lises l’un de ses romans, non mais !!
Orange amère est en cours de livraison. Contente?
J’ai tellement aimé La maison des Hollandais en début d’année que je me suis procurée celui-ci. Je sens qu’il ne va pas rester longtemps dans ma pal après ton billet 😍
oui, je l’avais acheté il y a un bout de temps, je me demande pourquoi j’ai autant trainé à le lire …
j’ai beaucoup aimé La Maison des Hollandais, mais j’ai temporisé la lecture de celui-ci, car j’en ai eu des échos mitigés… mais ta chronique me donne vraiment envie de le lire !
ah oui ? pourquoi ? moi j’ai beaucoup aimé ! je retrouve son écriture, son talent pour décrire les relations familiales .. non tu devrais aimer !!
Les commentaires sont fermés