Rembobinons : en 2018, à Montréal, dans la très jolie librairie anglophone Dawn&Quaterly, je mets la main sur le polar de Marcie R.Rendon, Murder on the Red River. Un polar avec comme héroïne une jeune femme membre de la Nation Anishinaabe ?
Je n’hésite pas à une seconde et c’est ainsi que je fais connaissance avec cette jeune femme, Cash. Elle a 19 ans, a vécu de famille d’accueil en famille d’accueil, a finalement rencontré un shérif, Wheaton, qui l’a aidé à aller à l’université. Elle travaille dans les fermes pour payer son logement. Nous sommes dans le Minnesota en 1970. Je la retrouve (en 2021) avec son second roman, Girl Gone Missing – toujours aussi déterminée à rendre justice. J’avais dans mon billet, à l’époque, souhaité que ses aventures soient enfin traduits en français.
Je la retrouve aujourd’hui, âgée de 20 ans, toujours la même, une joueuse de billard, buveuse de bière, qui refuse de s’attacher trop à quiconque, et préfère voir de temps en temps cet homme blond marié passer la nuit chez elle. Lorsque soudainement de grosses pluies provoquent des crues importantes, les terres fertiles du Minnesota sont recouvertes d’eau, et un ancien lac réapparaît. Mais ce jour-là, la rivière dépose aux pieds des habitants le corps d’une jeune femme indienne. Wheaton demande à Cash de l’aider. Le médecin légiste est sûr de lui, la jeune femme a été assassinée.
Cash saute dans sa Ranchero et file vers les réserves indiennes, mais personne ne semble savoir de qui il s’agit. Lors d’un arrêt dans un routier, la serveuse lui parle d’un nouveau pasteur, très beau, qui a créé sa propre église et dans laquelle de nombreuses jeunes femmes indiennes se rendent. Cash décide de suivre son instinct, mais lorsqu’elle arrive sur les lieux, c’est un petit cimetière qu’elle aperçoit, avec deux petites tombes fraîches, accueillant sans doute des bébés et puis surtout, il y a cette apparition, qui lui fait peur – une ombre gigantesque menaçante qui flotte au-dessus des tombes .. Effrayée, Cash repart en vitesse. Elle comprend que quelque chose ne tourne pas rond…
Marcie R.RENDON confie en post face qu’elle a écrit ce roman avant la découverte macabre de 215 cadavres d’enfants dans un ancien pensionnat canadien pour enfants autochtones mais que son récit fait forcément écho au sort de tous ces enfants sacrifiés au nom d’une religion soi-disante aimante…
Je dois avouer que cette lecture a été différente des autres, car Cash ne cesse de retourner au même endroit et je me suis demandée si quelque chose allait se passer, mais oui – en fait, tout se déclenche un peu plus tard et je n’ai plus lâché le livre jusqu’à la fin, à ma grande surprise. L’autrice a choisi ici de consacrer ce roman à ce qui hante Cash. Aussi, il vaut mieux avoir lu les précédents romans car ce roman, plus introspectif, est selon moi, le moins thriller des trois. Le mystère est vite levé, aussi ne vous attendez pas à une enquête classique. Le roman se consacre beaucoup sur son enfance, les abus qu’elle a subis dans ses différentes familles d’accueil, les insultes et humiliations et ses peurs qui la hantent encore.
Cash est un petit bout de femme qui a peur la nuit. J’ai vraiment aimé la retrouver, et j’ai hâte d’être de nouveau à ses côtés. Avec ce troisième opus, je suis encore plus attachée à elle. J’ai aussi aimé la réflexion qu’elle porte sur ses hommes de foi, qui viennent dans ces endroits souvent isolés, perdus, vendre leur venin à ces âmes esseulées. Les autochtones dont on nous a absolument tout pris, sont des proies faciles pour eux. Et j’ai de nouveau aimé être transportée dans le passé, en 1970. La guerre du Vietnam n’est jamais très loin. Vivement la suite !
♥♥♥♥
Editions SOHO CRIME, 2023, 240 pages
Photo de Gregory Hayes sur Unsplash
12 commentaires
Tu me donnes très envie, mais je ne suis pas anglophone…
oui, je le croyais traduit car l’autrice avait mentionné un contact avec un éditeur français .. que font-ils ?
J’ai lu les deux premiers et j’ai adoré. Hâte de lire celui-ci quelque part entre deux activités et lectures communes !
oui ! tu vas aussi aimer celui-ci, même s’il diffère un peu des deux autres
Si je comprends bien, ce n’est toujours pas traduit en français ?…
toujours pas.. j’ai cru que si, mais apparemment non.
Et moi, de mon côté, ben j’attends toujours une traduction du premier opus pour pouvoir plonger dans ces trois opus!
oui ! peut-être une maison d’édition québécoise ?
Je note le premier, si je le trouve en VO ou quand il sera traduit.
oui, le premier fut un gros coup de coeur, il illustre bien les rapports entre les communautés et la période (les années 70)
J’ai découvert cette série sur le blog de Sunalee. J’ai trop de livres qui m’attendent sur mes étagères pour me lancer tout de suite mais je suis très tentée
pareil j’ai trop de livres, je te comprends ! Je ne suis pas fan des séries, je garde celle-ci car elle est vraiment à part
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