The Interpreter · Suki KIM

par Electra
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La couverture m’avait de suite intrigué. Puis l’histoire. Ma soeur me l’a gentiment offert pour Noël et j’ai eu envie de le lire rapidement. Et quelle découverte ! Un énorme coup de coeur pour ce roman. Fascinant est le mot qui me vient immédiatement à l’esprit. J’aime être troublée par mes lectures, j’aime les atmosphères où rien n’est certain. Et j’ai adoré accompagné l’héroïne dans ses multiples recherches. Un énorme coup de coeur.

Suzy PARK a 29 ans , d’origine coréenne (elle a quitté la Corée à l’âge de 12 ans), elle travaille comme interprète pour la cour de justice de la ville de New York. La jeune femme enchaîne les auditions, jusqu’au jour où elle croise un homme âgé, qui, lors de son audition, déclare avoir été trompé par ses anciens employeurs, un couple de Coréens, tués brutalement dans leur magasin… Suzy cache un secret : il y a 5 ans, ce sont ses parents qui ont été brutalement assassinés dans leur magasin de primeurs. L’enquête est toujours en cours. La jeune femme avait rompu tout contact avec sa famille, choquée de la voir quitter l’université pour entamer une liaison avec un professeur marié. Elle n’avait donc plus aucun lieu avec eux, et leur enterrement fut entièrement organisé sous la coupe de sa soeur ainée, Grace, qui a aussi rompu contact avec elle.

Depuis la jeune femme, qui vit avec un autre homme, n’a plus de famille. Et à l’approche de la trentaine, elle déprime fortement. Mais cette rencontre fortuite va réveiller en elle le besoin de retourner dans son passé et essayer de comprendre pourquoi ses parents ont été assassinés. Mais en tentant de reprendre contact avec sa soeur Grace, professeur dans un lycée, elle apprend que celle-ci a disparu …

The interpreter, however, is the shadow. The key is to be invisible. She is the only one in the room who hears the truth, a keeper of secrets

Vous pensez à un thriller ? Ce n’en est pas un. Nous sommes plus dans l’introspection d’une femme, qui tente de comprendre pourquoi elle n’était pas proche de ses parents, ni de sa soeur ainée qui l’ignorait royalement au lycée. Elle ne sent ni Coréenne, ni Américaine et tente de trouver un sens à sa vie. Qui est-on quand on navigue entre deux mondes ? Elle revient sur la vie de ses parents, qui ont travaillé dur toute leur vie, première génération de migrants. Leurs enfants sont tiraillés entre leur envie d’embrasser la vie américaine, tout en respectant leur culture d’origine. Mais lorsque l’homme mentionne ses parents, il dit qu’ils lui ont tout volé. Suzy veut comprendre ce qu’il veut ainsi dire. Le récit est magnifiquement écrit, complexe et le personnage de Suzy est passionnant ! Un récit qui vous hante longtemps après, je n’avais pas ressenti celui depuis ma lecture de Katie Kitamura, Intimacies. En cherchant sa soeur, elle va découvrir une autre facette de son ainée, et comprendre peu à peu ce qui l’animait. Et qui elle est.

Being bilingual, being multicultural should have brought two worlds into one heart, and yet for Suzy, it meant a persistent hollowness. It seems that she needed to love one culture to be able to love the other. Piling up cultural references led to no further identification

Cette recherche est passionnante, troublante mais étrangement fascinante et si puissante. Je n’ai pas réussi à reposer le livre. J’ai aimé tout le récit, du début à la fin. Le roman de Suki KIM vous emmène ainsi dans l’esprit de cette jeune femme, dans ses pérégrinations à travers la ville pour aller de tribunal en tribunal. J’ai vraiment cru être à New York. Le récit est animé par un véritable sentiment de mélancholie, il m’a fortement troublé. Comme ces iris qu’une personne anonyme lui envoie tous les ans à la date anniversaire de la mort de ses parents.. Ce livre est une pépite, et excellente nouvelle, est disponible en version française (aux éditions Calmann-Lévy).

En écrivant ces mots, je me rends compte que je vais probablement le lire plusieurs fois. Car c’est le genre de romans qui vous entraîne et en le relisant vous emmène vers d’autres lieux. Ce livre a été publié en 2003 et n’a pas pris une ride. Oh, quel coup de coeur !

♥♥♥♥♥

 

Photo de Eutah Mizushima sur Unsplash

Editions Picador, 2003, 294 pages

Et pourquoi pas

20 commentaires

Sunalee 19 mai 2025 - 11 h 00 min

Je crois que tu m’as convaincue (ma PAL ne te remercie pas) !

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Electra 19 mai 2025 - 11 h 02 min

désolée ! je suis très en retard dans mes publications et j’ai 4 autres lectures qui vont peut-être aussi te tenter. Mais à choisir, celui-ci est top (enfin les autres aussi !)

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Sunalee 20 mai 2025 - 8 h 28 min

Je peux juste espérer que les autres lectures sont déjà dans ma PAL ! Et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas très grave.

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Electra 20 mai 2025 - 19 h 13 min

je ne sais pas, les billets vont arriver. J’en ai rédigé 3 et je vais en publier 1 vendredi. Prépare ton portefeuille 😉

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Mingh 19 mai 2025 - 11 h 41 min

Alors… Toujours le cap vers l’Asie ! L’intrigue me plaît bien, je vais noter. De mon côté, je rattrape un oubli depuis la disparition de Jane Gardam, je suis à quelques pages de la fin de « L’Eternel rival » et je me promets de lire toute son oeuvre. Je vais en avoir pour un moment !

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Electra 19 mai 2025 - 14 h 20 min

oh tu es courageuse ! elle a beaucoup écrit, mais aussi pour les enfants. Je ne l’ai jamais lu mais tu as l’air enchantée, du coup je vais voir si je peux en dénicher par ici 🙂 j’ai fini mon roman samedi, et j’hésite sur le suivant .. vais-je quitter un jour l’Asie ???

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keisha 19 mai 2025 - 13 h 18 min

Tu m’as aussi convaincue… Noté dans la looooongue liste de la bibli…

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Electra 19 mai 2025 - 14 h 21 min

oh super ! mais tu le lis tellement et si vite ! il faut que je rattrape mon retard dans la lecture de vos blogs ! j’étais peu chez moi ces derniers temps et j’ai beaucoup de critiques à rédiger en retard …

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Kathel 19 mai 2025 - 14 h 32 min

Très tentant… moi, je note dans mes éventuels achats d’occasion (Recyclivre l’a en rayon) …et voilà, un de plus !

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Electra 19 mai 2025 - 16 h 06 min

ah super ! oui, je pense que c’est une pépite mais qui a l’époque n’a pas été reconnu comme tel. J’ai commandé son autre livre, mais apparemment elle n’a pas publié depuis, hélas

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Ingannmic 19 mai 2025 - 16 h 15 min

Un coup de cœur… traduit en français, impossible de faire l’impasse, donc !

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Electra 20 mai 2025 - 19 h 03 min

ah oui, je confirme !

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Sacha 19 mai 2025 - 18 h 20 min

La double culture, ça me passionne toujours, et tu as rendu ce roman irrésistible. Bonheur: il est dans la réserve de mon réseau de bibliothèque !

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Electra 20 mai 2025 - 19 h 05 min

oui pareil ici, j’adore ce thème et super nouvelle, ta bibliothèque est top !

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je lis je blogue 19 mai 2025 - 18 h 21 min

Comme ça fait du bien des coups de cœur comme ça ! Et c’est communicatif…

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Electra 20 mai 2025 - 19 h 07 min

oui, et en publiant ce billet, je me suis dit encore, que je le relirai c’est certain 🙂

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Fanja 20 mai 2025 - 0 h 52 min

Ton enthousiasme est communicatif et convaincant ! Noté ! Au départ, je voulais le lire en français car je pensais que c’était traduit du coréen, mais non, la VO est en anglais et dans ce cas-là, je préfère lire en VO. Presque dommage, ma bibli l’a en français.^^

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Electra 20 mai 2025 - 19 h 10 min

Merci, super tu vas le lire en anglais. Oui, j’indique en bas de page le nom du traducteur et le titre original. C’est fou de voir que les biblis l’ont …

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Fanja 20 mai 2025 - 21 h 02 min

Il n’est pas si récent aussi. Publié en 2004. Déjà 20 ans.

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Electra 21 mai 2025 - 15 h 35 min

oui je le dis dans mon billet dernière phrase : publié en 2003 aux USA 😉 Mais on ne le sent pas à la lecture

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