João Faras, médecin et chirurgien du roi de Portugal, cosmographe, est embarqué dans l’aventure. Il est amené à dessiner le contour de côtes jusqu’alors jamais observées, espérant ainsi contribuer à l’enrichissement du très convoité Padrão Real, la carte du monde royale et secrète. Envoûté ou effrayé par les peuples rencontrés, malmené par la tempête, la maladie et la faim, il se languit de sa famille et doute de jamais revoir Lisbonne, porte sur la mer océane.
En ces temps de grandes découvertes, João erre entre le Moyen Âge et la Renaissance, le judaïsme et le christianisme, entre la terre et la mer, l’Ancien et le Nouveau Monde.
1500 est une année clé dans l’histoire. Souvenez-vous, Christophe Colomb vient tout juste de découvrir l’Amérique – alors qu’il était parti en direction des Indes. En Europe, les guerres entre empires font rage. L’inquisition en Espagne et la peur du Roi au Portugal chassent les juifs et les musulmans. On quitte peu à peu le Moyen-Age et on s’engage dans la Renaissance où la science commence à être reconnue, malgré l’imposante religion catholique. Vasco de Gama a trouvé le chemin jusqu’aux Indes et depuis les Européens luttent dans une terrible compétition pour coloniser ces nouvelles terres. La carte du monde ne cesse de s’agrandir à chaque retour des cartographes. Des nouvelles îles sont découvertes et immédiatement baptisées. On y laisse à chaque fois un contingent pour défendre le Royaume, qu’il soit anglais, portugais ou espagnol. A cette époque, on ne connaît pas encore le Canal de Suez et on emprunte donc la route vers l’Inde en contournant le terrible Cap de l’Espérance – dont les terribles tempêtes emportent à chaque voyage des centaines de marins. La mer terrible met à mal les flottes du Roi, les poussant vers des directions inconnues, comme la caravelle qui transporte, bon gré, mal gré, notre héros malchanceux, João Faras – les voilà arrivés près de la Mer Rouge !
Une autre mésaventure permettra à d’autres marins portugais de découvrir un nouveau comptoir, celui du Brésil. L’Amérique du Sud n’est à leur époque qu’une petite île, appelée Vera Cruz. Les marins ignorent quel continent immense se cache derrière ! Bref – une période où tout est encore à découvrir. Époque passionnante, même si les intentions qui animent ces hommes ne sont pas les meilleures. Ils partent coloniser de nouvelles terres, répandre la parole de Dieu tout en établissant ports et lieux de commerce.
Je préférais écouter ceux qui disaient que la comète avait été envoyée par Dieu afin de nous indiquer la direction du cap de Bonne-Espérance. Mais pour être honnête, je me surpris à éprouver du soulagement lorsque notre céleste apparition cessa de s’exhiber, après dix jours de parade équivoque.
Nous avions belle mer et bon vent. Les onze nefs et caravelles de notre armada traçaient un sillage régulier sur la grande volte atlantique, la route maritime aux vents portants qui devait nous mener dans l’océan Indien, que seule la flotte de Vasco da Gama avait parcouru avant nous. Les voiles, marquées de la croix rouge de l’Ordre du Christ, étaient fièrement tendues, et l’on oublia bien vite la comète.«
L’esclavage est courant et même notre personnage principal, pourtant peu fortuné, possède son propre esclave. Nous sommes encore loin du Siècle des Lumières. Médecin du Roi, João Faras se voit confier une mission importante : cartographier son voyage aux Indes afin d’aider les hommes du Roi à agrémenter la très secrète Padrão Real, la carte du monde royale et secrète.. Car le Portugal, tout petit royaume à l’échelle européenne s’est imposé sur les océans. Il possède déjà plusieurs colonies et Vasco de Gama vient de découvrir une nouvelle route vers les Indes.
Au milieu du jour, nous vîmes grossir à l’horizon nord une nuée noire, épaisse, ténébreuse. Bientôt le vent tomba complètement et les voiles pendaient, flasques, le long des mâts, s’ébrouant seulement sous l’effet de la houle. Elles battaient parfois violemment lorsqu’une vague plus escarpée faisait se cabrer la nef. La vapeur sombre qui s’approchait avait davantage l’apparence d’une formidable fumée que d’une aimable brume. Le ciel s’obscurcit tout à fait, les claquements lugubres des voiles renvoyaient au visage des hommes de quart la moiteur du tissu. Le temps semblait comme suspendu. Je n’en menais pas large.
Soudain, les voiles s’enroulèrent à grand fracas autour des mâts : la tempête nous frappait de face, brutalement. »
10 commentaires
Wow! Un billet très inspirant et très inspiré, qui me donne très envie de plonger dans cette épopée et d'en apprendre plus. Le choix des citations donne très envie.
Tes choix sont vraiment contagieux! Ça tombe toujours dans mes cordes, vilaine!
Tant qu'à discuter de grandes expéditions, ça qui me fait penser que je dois aussi lire bientôt "Du bon usage des étoiles", roman qui t'intéressera peut-être…
http://www.editionsalto.com/fiche.php?no_livre=582
Merci ! Ce roman m'a vraiment emballé, je ne l'ai pas lâché ! Oui, les citations sont longues mais impossible de les couper ! Un personnage imparfait mais son épopée laisse à rêver .. quelle époque !
Oh ton roman est fascinant et évidemment me rappelle ma lecture ! Je le note – merci !!!
Un roman plein d'aventures pour l'été, c'est plutôt alléchant. J'en ai un ou deux dans ma bibliothèque qui doivent passer avant, mais je note ce titre pour plus tard… même si tes extraits me donnent déjà le mal de mer 😉
C'est vrai pour le mal de mer mais c'est passionnant, une époque charnière de l'histoire où l'on découvrait chaque jour de nouvelles terres ! Je me plais à relire ces extraits !
On peut toujours faire confiance aux Editions Gaïa 🙂
Je les découvre avec grand plaisir 😉
à faire lire à tous mes amis navigateurs! ton billet est très dense et donne envie de se plonger dans ce récit.
Merci! J'ai pris vraiment énormément de plaisir à le lire et même en en parlant aujourd'hui, je suis toujours aussi dingue de lui 😉
Je m'étais inscrit deux années de suite à ce prix par mon CE, mais comme je travaille à domicile, c'était un peu lourd de recevoir et renvoyer tous les livres, mais j'y avais fait de belles découvertes.
Oui, le choix est assez hétérogène, on peut aimer ou pas ! Mais j'ai vraiment aimé y participer et j'ai fait de très belles découvertes comme celui-ci. Mon CE possède un fonds de bibliothèque dont tous les livres de ce prix, si le tien fais-pareil tu peux leur demander peut-être de t'envoyer un ou deux livres ? (et là plus de délai urgent…)
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