Un instant de grâce • Clémence Boulouque

par Electra
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En premier lieu, je tiens à remercier Virginie Vertigo qui a organisé un concours sur Instagram et m’a permis ainsi de gagner ce très joli roman.

Je ne connaissais pas Clémence Boulouque, l’auteur du roman mais j’ai tout de suite accroché au style et je me suis laissé entrainé dans livre singulier, écrit avec élégance. Tout en finesse. Le roman, vous l’aurez deviné, est consacré à l’une des plus belles actrices, Audrey Hepburn. Pas besoin de connaître la carrière cinématographique de l’actrice pour lire ce roman, car Clémence Bouloque a choisi de vous proposer un portrait intimiste de la star. Loin de Hollywood et des paillettes, la romancière propose ici de découvrir la personne derrière l’actrice. Pour ma part, je suis fan de l’actrice dont je possède tous les films (cf. mon aparté à la fin de ce billet) et j’ai déjà deux livres dont l’un écrit par son fils. Je connaissais donc en grandes lignes le parcours atypique de cette jeune femme mais grâce à Clémence Bouloque, je découvre une femme exceptionnelle au destin exceptionnel.

Née Edda Audrey Kathleen Ruston en 1929 à côté de Bruxelles, la jeune Audrey est la fille d’Ella Van Heemstra, une baronne néerlandaise qui épouse en secondes noces Joseph Victor Anthony Ruston, un anglo-irlandais, alors en poste à Batavia en Indonésie. Le mariage s’avère un fiasco et 5 ans après la naissance d’Audrey, son père, qui a fait ajouter le patronyme d’Hepburn à son nom, quitte le domicile conjugal.  Ses parents, avaient dès les années 30, manifesté des accointances avec les idéologies fascistes en vogue à l’époque. Son père intègre même le Parti fasciste Britannique officiel. La petite fille est alors envoyée dans un pensionnat britannique à l’âge de six ans, loin de sa mère et de ses frères qui sont repartis s’installer aux Pays-Bas. Edda devient Audrey Hepburn, une petite fille que son père, habitant Londres, ne viendra voir qu’une ou deux fois. Elle y parfait son anglais et pratique avec intensité le ballet. Elle rêve de devenir danseuse étoile. La guerre éclate. Sa mère inquiète et persuadée que les Pays-Bas, pays neutre, ne seront pas envahis par l’Allemagne la fait revenir auprès d’elle et l’inscrit à l’école sous le nom d’Edda Heemstra. Audrey doit réapprendre à parler néerlandais. Mais c’est l’inverse qui se produit, comme la Belgique, les Pays-Bas sont envahis et occupés en moins de quatre jours. Des années qui marqueront Audrey à jamais. Son père disparait dans les fracas de la guerre, poursuivis depuis par le gouvernement pour son appartenance à ce groupe fasciste. Il sera condamné et emprisonné.

1964. Dublin. Mel Ferrer, le mari d’Audrey Hepburn, organise une rencontre entre la jeune femme et celui qu’elle n’a pas vu depuis près de trente ans, Joseph, son père. Vacances Romaines, Sabrina ou encore Diamants sur Canapé ont fait d’Audrey Hepburn l’une des icônes d’Hollywood et l’objet de tous les regards. Qu’en pense son père ? Cet homme dont elle a attendu toute sa vie un signe ?

Clémence Boulouque raconte alors le parcours de cet enfant, balloté avec la guerre, qui aura changé de nom, de langue et tout en délicatesse dessine le portrait d’une jeune femme polie, bien élevée et secrète. Jamais la jeune femme ne se plaindra de ces années difficiles où elles ont été réduites à manger des racines de tubercules, où le corps d’Audrey garde à jamais les traces de ces années, où son oncle sera assassiné par les Allemands. On devine de loin les fêlures mais aussi la volonté intense de cette jeune femme de mener une vie heureuse. Ces années de danse classique ont fait d’elle une personne exigeante envers elle-même, humble et travailleuse.  Le portrait réalisé par la romancière la dépeint avec ce regard plein d’amour et de gentillesse. Audrey Hepburn et Anne Frank, leur destin se croiseront étrangement et Audrey gardera à jamais la vie brisée de la jeune Anne dans son esprit. Son engagement humanitaire à la fin de sa vie lui permettra de s’ouvrir un peu sur ses années de guerre.

J’ai vraiment aimé l’écriture de cette romancière (il faut que je me procure ses autres livres), très maitrisée et qui reproduit ici la grâce fragile de l’icône cinématographique, lui confiant cette humanité souvent cachée derrière ce visage lisse.

J’ai découvert Audrey dans Vacances Romaines où son joli minois m’avait tout de suite séduit mais j’ai surtout adoré sa prestation dans Diamants sur Canapé (adaptation libre du roman de Truman Capote, que j’adore mais dont la fin a été modifiée). J’aurais pu en vouloir aux producteurs hollywoodiens de toucher à l’histoire mais bon, j’aime tellement la scène finale, que je leur pardonne ! Et George Peppard, et le chat. Pourtant, Audrey confia que ce rôle fut l’un des plus ardus de sa carrière en expliquant qu’Holly Golightly était extravertie alors qu’elle-même était profondément introvertie.

Mon autre film préféré est plutôt méconnu,  je profite de ce billet pour vous en parler, il s’agit de Voyage à deux, tourné en 1967 avec Albert Finney. Les deux acteurs incarnent un couple que l’on retrouve sur la route des vacances. Les années défilent et leur couple se délite peu à peu. Je la trouve magnifique, naturelle. Cette lecture m’aura convaincu de revoir Audrey à nouveau.

♥♥♥♥♥

Éditions Flammarion, 120 pages.

Et pourquoi pas

11 commentaires

Puy des Livres 16 mars 2016 - 9 h 13 min

Une belle chronique pour un beau roman!

Electra 16 mars 2016 - 11 h 08 min

Merci ! Oui, très joli roman et toujours aussi admirative du parcours d’Audrey Hepburn

keisha 16 mars 2016 - 10 h 09 min

Bizarre, j’ai dû croiser l’histoire d’Audrey H dans un roman, ça me rappelle quelque chose, cette enfance.
Sinon, quelle vie incroyable! Tu m’as donné envie de lire ce livre (et de visionner quelques films… ^_^)

Electra 16 mars 2016 - 11 h 09 min

Oui, finalement, étant très discrète, beaucoup de gens ignoraient tout de sa vie – le livre est très joliment écrit sans tomber dans le pathos et puis oui, moi j’ai très envie de revoir Breakfast at Tiffany’s que j’ai du voir déjà dix fois !

Virginie 17 mars 2016 - 6 h 49 min

si tu t’es régalée, ça pourrait bien me tenter ! ;o)

Electra 17 mars 2016 - 7 h 57 min

Oui c’est une jolie lecture en sachant que son enfance fut très spéciale.

quaidesproses 17 mars 2016 - 11 h 53 min

Je connais très mal l’actrice (au delà de sa beauté), et encore moins son histoire, alors ton article m’a beaucoup plu. Ceci dit, je ne sais pas si je lirai le récit, j’attends tes prochaines lectures de l’auteur :).

Electra 17 mars 2016 - 14 h 05 min

ça marche ! Tu ne connais pas Breakfast at Tiffany’s ??? il faut que tu voies ce film ! et plein d’autres, bref, je m’égare ….

quaidesproses 20 mars 2016 - 12 h 44 min

Tu peux t’égarer. Non, je ne connais pas … enfin disons que de « nom » comme beaucoup d’autres choses.

Eva 19 mars 2016 - 2 h 35 min

J’adore Audrey Hepburn c’est mon actrice préférée et j’avais hâte de savoir ce que tu avais pensé de ce roman ! C’est sûr je vais le lire sans faute !
J’avais lu un autre livre de cet auteur , qui parlait d’une rabbine allemande mais il ne m’avait pas marquée plus que cela

Electra 19 mars 2016 - 13 h 13 min

ça va te plaire si tu es fan de l’actrice, c’est bien écrit et c’est un portrait très fidèle à cette femme pudique mais aussi volontaire et travailleuse ! C’est également une de mes actrices préférées 😉

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