La petite danseuse de quatorze ans ∴ Camille Laurens

par Electra
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C’est ma première lecture en que jurée pour le Prix du roman Fnac, et la découverte pour moi de Camille Laurens. L’auteur a souhaité ici mettre la lumière sur la petite danseuse de Degas, devenue célèbre dans le monde entier. Une sculpture qui est aujourd’hui exposée aux Etats-Unis. Camille Laurens a voulu découvrir qui se cachait derrière ce petit rat de l’Opéra. Degas est célèbre dans le monde entier pour ses peintures sur l’Opéra et ses portraits intimistes des petits rats. L’homme y passait des heures, dessinait puis peignait ces jeunes filles sur scène ou dans les coulisses. Il était passionné par le mouvement, et ces corps si jeunes mais déjà modelés et musclés.

Le peintre travaillait aussi énormément dans son atelier et faisait venir des modèles. C’est ainsi qu’il engagea la jeune Marie Van Goethem, petit rat à l’Opéra comme sa soeur ainée Antoinette et sa soeur cadette. Les Van Goethem étaient Belges et avaient fui la violence et la répression. Sa famille, très pauvre, s’était installée dans le 9ème à Paris. Très vite, le père avait disparu et la mère avait inscrit ses filles à l’Opéra. En échange d’un travail acharné, les petits rats étaient payés. La mère était très présente dans leur éducation.

Pendant 4 ans, Marie fut le modèle de Degas et c’est elle qui se cache derrière cette sculpture qui fit scandale à l’époque. Camille Laurens a voulu donner vie à cette poupée de cire – lui rendre un nom, une identité et de la dignité. Ce n’est pas un roman, même si à un moment donné (au début du livre), la romancière livre le temps de deux ou trois pages une version romanisée de la jeune fille, son attitude, sa parole et ses choix de vie. Puis, le livre se transforme en essai – sur l’art et la vérité, un sujet vaste étudié par l’auteure. On s’éloigne de la petite Marie.

Pour finalement y revenir dans le dernier tiers du livre, où Camille livre ici au lecteur son obsession de découvrir ce qui s’est passé après. Qu’est devenue Marie ? Elle corrige certains faits erronés (j’ai vérifié, Wikipedia a tout faux) : la date de naissance et le lieu de naissance de Marie, à Paris (ses parents avaient déjà eu un enfant un an plus tôt, prénommé aussi Marie mais décédé) et découvre ce qu’il est advenu de la soeur ainée Antoinette (prostituée, elle finit par être logée et nourrie par un de ses « bienfaiteurs » hors de Paris) et à la soeur cadette, Louise-Joséphine qui deviendra professeure de danse à l’Opéra et sera la maîtresse du peintre Fernand Quignon. Mais quid de Marie ?

Marie fut renvoyée en 1882 de l’Opéra, plongeant sa famille dans la précarité (la soeur ainée fut condamnée pour vol peu de temps après). Puis Marie disparaît.

Un roman, donc – non – plutôt une thèse de doctorat sur l’art et la vérité artistique, avec de nombreuses recherches et de nombreuses citations, le Paris de cette époque, l’étrange Degas qui ne se maria jamais. Camille Laurens dit qu’elle se refuse à inventer une vie à Marie (même si elle le fait un peu au début) mais surtout se désole de sa disparition. Elle se lance dans des recherches à l’Etat-Civil.

Qu’est-il advenu de cet enfant ? Est-elle retournée en Belgique, comme certains l’ont suggéré ? A-t-elle épousé un homme et a quitté Paris ? Mystère. Reste cette sculpture, ce regard.

J’ai aimé cette lecture, j’aime le monde de l’art, la peinture, Paris – et j’aime ces « enquêtes biographiques » mais j’avoue que plus d’un mois après ma lecture, j’ai peu de souvenir de celle-ci.

Le livre sort en librairie mercredi 30 août – réservez-le sur le site des libraires si vous le souhaitez.

♥♥♥♥♥

Editions Stock, 2017, 173 pages

Et pourquoi pas

18 commentaires

Sonia 28 août 2017 - 12 h 26 min

Il fait partie des livres que j’ai notés dans ma wish list alors j’appréhendais un peu la lecture de ta chronique… qui me donne encore plus envie de le lire maintenant ! Merci !

Electra 28 août 2017 - 13 h 21 min

De rien il se lit très bien

keisha 28 août 2017 - 13 h 30 min

Déjà vu un billet, bon, seulement si ma bibli le propose; mais là , après ces billets, je saurai que c’est intéressant.
Je fonctionne ainsi, cela évite les dépenses et les déceptions, (et les étagères chargées ^_^)

Electra 28 août 2017 - 15 h 18 min

Tu fais bien ! Pareil maintenant je note et je regarde d’abord Si ma BM l’a. J’achète un peu moins du coup ! Lui y sera sûrement

Marie-Claude 28 août 2017 - 17 h 42 min

Je ne suis pas tentée, pour maintes raisons! Ton billet m’a suffit. Je suis heureuse de dire que je passe!

Electra 28 août 2017 - 17 h 53 min

Oui je souffle aussi quand je ne suis pas tentée !

Virginie 28 août 2017 - 17 h 52 min

Je l’ai trouvé assez fascinant par bien des aspects, notamment l’étude sociologique sur le Paris de cette fin de siècle…et puis par le devenir de cette pauvre gamine !

Electra 28 août 2017 - 17 h 54 min

Oui Le Paris de l’époque, la misère et le sort de ces petites danseuses. Mais il m’a manqué quelques chose.

athalie 29 août 2017 - 10 h 55 min

Le sujet me tente, évidemment, cette petite sculpture est fascinante, mais d’après ta note, je pense qu’il me manquerait du romanesque, le côté thèse de doctorat, bof ! Alors, en poche, peut-être, l’année prochaine !

Electra 29 août 2017 - 10 h 59 min

Oui, elle imagine un peu la vie pendant qu’elle posait mais ça reste une thèse, même si elle devient obsédée avec cet enfant et son devenir. Il sortira sûrement en Poche, ça reste une lecture agréable et on en apprend beaucoup sur le Paris de l’époque.

Eva 29 août 2017 - 11 h 25 min

Une de mes prochaines lectures, le sujet m’intéresse beaucoup!
mais ce livre semble très différent du précédent livre de Camille Laurens « Celle que vous croyez », que j’avais beaucoup aimé

Electra 29 août 2017 - 11 h 31 min

Il s’agit de sa thèse de doctorat, donc c’est plus proche d’un essai. Je n’ai pas lu son roman. Je vais aller voir ton billet 😉

luocine 29 août 2017 - 12 h 54 min

quelle répression doit on fuir en Belgique à cette époque? j’aime bien les livres qui établissent la vérité .

Electra 29 août 2017 - 14 h 01 min

Je ne sais plus ! Elle le dit dans sa thèse, apparemment des milliers de Belges se sont installés en France et à Paris à cette époque, comme l’héroïne. Je l’ai lu il y a plus de deux mois donc mes souvenirs sont flous et je n’ai pas gardé le livre…

noukette 29 août 2017 - 14 h 41 min

Tentée par le sujet, à voir donc ! 😉

Electra 29 août 2017 - 14 h 50 min

Il se lit vite et bien 😉

Krol 29 août 2017 - 21 h 43 min

Pas tentée et tant mieux !

Electra 29 août 2017 - 21 h 46 min

Oui, ça fait du bien au porte-monnaie 🙂

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