Nine Stories by J.D Salinger

par Electra
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Ce recueil de neuf nouvelles est sans doute l’un des livres les plus précieux de ma collection !  Créer un challenge sur les Nouvelles et ne pas parler de mon recueil préféré, était évidemment impensable. Mais voilà, je suis incapable de parler de l’oeuvre de J.D Salinger et de la famille Glass sans devenir totalement émotive ! Je n’ai jamais su écrire sur ses livres et je voulais faire de même mais mon Caribou a menacé de ne plus me parler …

J’ai découvert l’oeuvre de J.D Salinger à travers son unique roman, The Catcher in The Rye (L’attrape-coeurs).  J’ai énormément aimé ce livre lu à la fac et décidé de lire seule ses nouvelles et sa novella, Franny and Zooey. Je découvrais à cet instant-là, non seulement mon auteur préféré mais également ma famille de personnages préférés de tous les temps, les Glass. J’ai dévoré les autres livres et depuis, je relis fiévreusement ses nouvelles. J.D Salinger a continué d’écrire sur cette famille mais il a refusé que ses écrits soient publiés, même après sa mort. Seule sa famille a pu y accéder, je ne vous raconte pas à quel point je les jalouse !

Mais qui sont les Glass, me direz-vous ?

Une famille qui est née de l’imagination de l’auteur et a fait sa première apparition dans la nouvelle A perfect day for Bananafish, publiée dans ce recueil. Le lecteur découvre alors la famille Glass, composée de deux anciens comédiens new-yorkais et de leurs septs enfants précoces : Seymour, Buddy, Boo Boo, Walt, Walker, Zooey et Franny (Boo Boo est une fille, Zooey un garçon). J.D Salinger publiera au final sept histoires mettant en scène les enfants Glass, offrant au lecteur une véritable plongée dans cette famille new-yorkaise, et en développant particulièrement le personnage de Seymour, l’aîné de la fratrie et sans doute le plus fragile.

Ce recueil est particulier et je conseille de le lire après les autres nouvelles/novellas consacrées aux Glass  : Dressez haut la poutre maîtresse, Charpentiers (1955), Seymour : une introduction (1955), Franny et Zooey (1961). Pour ma part, j’ai commencé par le dernier mettant en scène les plus jeunes enfants, Franny et Zooey, puis j’ai lu Dressez haut…. et Seymour et j’ai fini avec le recueil Nine Stories. Et l’émotion fut a crescendo aussi, je vous suggère de faire de même !

Pourquoi lire le recueil en tout dernier ? Tout simplement parce que A perfect day for Bananafish  met en scène le décès de Seymour. Impossible de ne pas pleurer à chaque lecture, or si vous la lisez sans connaître les Glass, en particulier Seymour et Boo Boo, vos émotions seront totalement différentes.

NINE STORIES (Nouvelles)

J.D Salinger s’amuse avec nous, en suggérant, dans la novella consacrée à Seymour que Buddy Glass (L’Oncle Webb) aurait écrit A perfect day for Bananafish et la nouvelle Teddy, et il est même suggéré qu’il serait l’auteur de A catcher in the rye (l’attrape-coeurs) puisqu’il est professeur dans une fac. Buddy était extrêmement proche de son frère Seymour, décédé en 1948.  Les nouvelles de ce recueil se déroulent de 1948 à 1953 et mettent en scène à trois reprises des membres de la famille Glass, les autres histoires ne les mentionnent pas, mais je vous rassure, elles valent largement le détour !

Ainsi, inutile de tourner autour du pot, For Esmé with love and squalor, (1950 -Pour Esmé avec amour et abjection), fut tout simplement élue la meilleure nouvelle au monde. Elle fut publiée indépendamment et connut un énorme succès. L’histoire illustre la rencontre en Angleterre entre un soldat américain et une petite fille, Esmé, orpheline et son petit frère. Il la voit pour la première à l’église où elle chante puis dans un salon de thé où ils engagent la conversation. Quelques jours plus tard, le soldat, touché durement par les combats, et souffrant de stress post-traumatique, reçoit un colis surprise. A l’intérieur, un magnifique cadeau de la part d’Esmé .. Je vous laisse la surprise ! J.D Salinger a déclaré qu’il souhaitait parler du stress ressenti par les soldats, lors de la deuxième Guerre Mondiale or à l’époque le syndrome de stress post-traumatique était totalement inconnu et les soldats ne recevaient aucun soin à leur retour. Certains lecteurs ont pensé reconnaître dans le personnage du soldat l’auteur tout simplement, puisqu’il participa aux combats.  J’adore cette nouvelle, sa fraîcheur et son intelligence.

Dans Pretty mouth and green my eyes, (1951 – Jolie ma bouche et verts mes yeux) J.D Salinger joue sur nos perceptions en tant que lecteur, nos déductions hâtives en nous présentant Arthur, un jeune homme qui décide d’appeler son patron au milieu de la nuit car sa femme Joanie n’est pas rentrée à la maison. Le jeune homme est très nerveux et tient un discours décousu à son boss. Ce dernier, est dans son lit, avec une femme à ses côtés. Cette femme est-elle Joanie ?

Just before the war with the Eskimos (1948 – Juste avant la guerre avec les Esquimaux) met en scène Ginnie (Virginia) Mannox. Ginnie a joué à plusieurs reprises au tennis avec Selena Graff, une jeune femme fortunée mais Ginnie est frustrée car à chaque partie, c’est elle qui paie le taxi. Un jour, elle se décide à demander à Selena de partager les frais. Les deux jeunes femmes s’arrêtent alors dans la propriété immense des parents de Selena. Alors que celle-ci s’absente pour aller demander à sa mère de lui avancer de l’argent (sa mère est alitée), Ginnie fait la connaissance de Franklin, le frère ainé de Selena. Ce dernier s’est coupé le doigt et saigne. Il connaît la soeur ainée de Ginnie, la snob Joan (ainsi surnommée car il lui a écrit huit lettres et elle n’a jamais daigné répondre). Les deux jeunes gens commencent à échanger, sur le fiancé de Ginnie et d’autres points …

J.D Salinger met de nouveau en scène un enfant, qui raconte, dans The laughing man (1949 – L’homme hilare) à quel point il était fasciné par son chef, John Gedsusdki, le chef du Club des Comanches (Scouts). Ce dernier racontait autour du feu les aventures de l’homme hilare. Ce dernier était né avec un visage difforme et devait porter un masque. Elevé en Chine, il était une sorte de héros masqué.

Cette nouvelle prend la structure d’une histoire à l’intérieur d’une autre autre histoire et met en avant la relation entre la narration et le narrateur, mais également le passage de l’enfance à l’âge adulte. Lorsqu’on doit faire le deuil de nos croyances d’enfant. Une nouvelle touchante.

J.D Salinger vous présente également la famille McArdle, et en particulier Theodore (Teddy – 1953) âgé de dix ans. Lui, soeur, Booper (6 ans) et ses parents font une croisière après avoir voyagé à travers l’Europe. Teddy est brillant et très précoce. L’enfant aime discourir sur des sujets d’adulte comme la philosophie, la méditation (Zen) et même la mort. Il engage alors la conversation avec un jeune étudiant sur tous ces sujets. Ce dernier suit Teddy et Booper à leur cours de natation, mais,  il se peut que la piscine soit vide et que l’enfant se brise la nuque……

De Daumier Smith’s Blue Period (1952 – l’époque bleue de Daumier-Smith), seule nouvelle de Salinger refusée par le New Yorker après qu’il ait commencé à écrire pour eux ! Un peu plus complexe que les autres, elle met en scène un jeune homme narcissique, misanthrope et arrogant qui s’installe à Montréal, prend un patronyme français mais qui va connaître une révélation spirituelle… Cette nouvelle ne m’a pas marqué, elle témoigne une nouvelle fois des réflexions de l’auteur sur la société américaine et la spiritualité (et le bouddhisme).

THE GLASS

 Uncle Wiggily in Connectictut (1948 – Oncle déglingué au Connecticut) mentionne les Glass mais ils ne sont pas les héros de cette nouvelle.  Mary Jane est invitée chez son amie, Eloise. Elles sont amies depuis la fac. Toutes les deux ont quitté l’université sans diplôme. Eloise vit dorénavant en banlieue, mariée à Lew, elle est la maman de Ramona, une petite fille de dix ans. Cette dernière a un ami invisible, Jimmy Jimmereeno – sa mère en a plus que marre de cet ami invisible mais Mary Jane trouve cela amusant. Ramona croit vraiment en son existence.

« Lew. She looks like Lew. When his mother comes over, the three of them look like triplets » (Eloise speaking) « What I need is a cocker spaniel or something », she said « Somebody that looks like me ».

Eloise se confie à son amie et se souvient de son premier fiancé et de ses sentiments pour lui. Il s’agit de Walt Glass qui est décédé pendant la guerre. Elle se souvient avec émotion d’un jour où ils ont tout deux couru pour attraper le bus. Elle est tombée et s’est fait une entorse à la cheville, Walt s’était alors moquée d’elle en l’appelant « poor Uncle Wiggily« . Un moment évidemment important pour ceux qui aiment les Glass ! Mais le point crucial est l’ami invisible de Ramona. Mary Jane décide de prendre les choses en main et annonce à Ramona que son ami Jimmy s’est fait renversé par une voiture et qu’il est décédé! Mais Ramona ne manque pas de ressources… La fin est jouissive et émouvante. J.D Salinger rend un immense hommage à l’imagination infantile et à nos sentiments! Magnifique !

A perfect day for Bananafish (1948 – Un jour rêvé pour le poisson-banane)  raconte, comme je le mentionne dans mon introduction, la mort brutale de Seymour. Pour ceux qui ne connaissent pas les Glass, et en particulier Seymour et son rôle protecteur auprès de ses frères et soeurs, cette nouvelle sera évidement appréciée mais n’aura pas la portée qu’elle a, si vous lisez dans l’ordre de lecture que je vous ai proposé. Reste que j’aime indépendamment la mise en scène choisie par l’auteur.

Down at the dinguy (1949 – en bas sur le canot) met en scène Boo Boo, la soeur ainée des Glass. Cette nouvelle a été écrite quelque temps après la mort de Seymour. J’adore cette nouvelle, et elle me fait pleurer à chaque fois. Et puis, une nouvelle fois, J.D Salinger sait parfaitement résumer l’amour filial entre une mère et son fils. En un ou deux scènes, il fera vibrer votre petit coeur.

On y suit le petit Lionel qui a pris la mauvaise habitude de ne pas obéir et de s’enfuir. La première partie met en scène deux des domestiques qui discute du comportement erratique de Lionel. L’une des servantes fait alors une remarque raciste à l’encontre du père de Lionel. Sa mère n’est autre que Boo Boo Tannembaum, l’épouse du « Vice-Amiral Tennembaum – née Glass ». Elle finit par retrouver la trace de son fils sur le ponton, où l’enfant est monté sur le canot. Lionel veut partir et il jette à l’eau les lunettes de plongée. Sa maman lui confie alors que « they once belonged to your Uncle Seymour » (elles ont appartenu à ton oncle Seymour). Buddy est également cité. Sa mère va alors tout faire pour comprendre ce qui fait peur à son fils et va réussir à rétablir le lien. La scène finale est magnifique. Je vous laisse découvrir cette histoire, tellement belle et émouvante !

Celle-ci vous fera pleurer même si vous ne connaissez pas les Glass. J’ai relu ce recueil à Montréal en 2016 et le Caribou m’a vu pleurer et je l’ai bassinée pendant des heures avec les Glass !

J.D Salinger est surtout en connu en France pour  deux choses : son unique roman L’attrape-coeurs mettant en scène le célèbre Holden Caulfied et sa décision de vivre en ermite et de ne plus publier (tout en continuant à écrire …). Je relis régulièrement ses nouvelles et j’ai toujours été incapable d’écrire le moindre billet à leur sujet. Je suis fan et donc totalement imperméable à toute critique de son oeuvre ! Vous êtes prévenus !

J’ai toujours lu Salinger en anglais mais bien évidemment toute son oeuvre a été traduite.

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Et pourquoi pas

12 commentaires

keisha 1 juin 2018 - 8 h 13 min

L’attrape coeur ! Démarré sans doute au mauvais moment, ou alors dans une traduction affreuse, car j’ai vite fatigué.(OK je sors)

Electra 3 juin 2018 - 23 h 41 min

Je pense que son roman est destiné en priorité aux jeunes (moins de 25 ans). Quand ils l’ont réimprimé il y a deux ans, ceux qui l’ont lu passé 30 ans, n’ont pas accroché .. Je l’ai lu à 17 ans, c’était l’âge idéal. Après, si tu n’accroches pas au style, pas de souci ! Passe ton chemin, tu es bien occupée avec des tas de livres qui ne me tentent pas du tout – ce qui fait la magie de la lecture !

Jackie Brown 3 juin 2018 - 19 h 13 min

Oui, monsieur Salinger a décidé que les écrits qui restent seraient publiés je ne sais plus combien d’années après sa mort, mais on a annoncé la publication de cinq livres avant 2020. Sinon, certaines nouvelles ont fuité sur Internet. Que faire? Respecter la volonté d’un auteur qu’on adore ou satisfaire sa curiosité parce que 60 ans ou jamais, ça fait long.

Electra 3 juin 2018 - 19 h 17 min

Je pense qu’on doit respecter sa volonté, même si ça veut dire ne jamais avoir la chance de les lire ! J’ignorais l’histoire de 2020… si c’est le cas, ça serait génial. Joyce Maynard et son fils ont dit qu’il continuait d’écrire sur les Glass donc forcément quand on y est attaché mais je respecte son choix et je suis aussi ravie qu’il est interdit d’adapter son roman au cinéma, ainsi Holden reste encore un brin mystérieux

Marie-Claude 3 juin 2018 - 19 h 54 min

Enfin! Je n’en attendais pas moins de toi. Merci de m’avoir autant donné envie, surtout, en personne, de découvrir la famille Glass.
Et je continue toujours de regarder dans les bouquineries pour te dénicher une édition spéciale!
Juste une petite erreur: on lit: Boo Boo est une famille. On devrait plutôt lire: Boo Boo est une fille. Rght?

Electra 3 juin 2018 - 23 h 39 min

Merci pour tes recherches ! Si tu trouves, tu prends ! J’ai corrigé, merci !
Vu que tu allais ne plus me parler si je ne le publiais pas, j’ai pas eu trop le choix ! LOL

Titezef 5 juin 2018 - 14 h 23 min

J’ai lu ton billet en diagonale car j’ai envie de découvrir sans trop en savoir…
Merci du conseil de lecture, j’allais débuter par le recueil Neuf Nouvelles…J’ai plus qu’à sortir mon séant du canap et me diriger vers la librairie donc .. si je veux faire connaissance avec Mister Salinger.
Merci à toi d’avoir dépassé ta page blanche pour nous livrer tes impressions (ou émotions dirais je plus tôt…) sur la famille Glass.
Le Caribou est donc un animal sadique !!! ? Ou une amie hors pair !!?

Electra 5 juin 2018 - 19 h 22 min

Tu as bien fait ! Pour le conseil, c’est mon humble opinion mais si on veut ressentir les mêmes opinions !
Oui, le Caribou est un animal sadique – très dangereux ! il peut faire mal ! mais c’est aussi une super amie hors pair ! avec de très beaux bois sur la tête LOL

Titezef 7 juin 2018 - 18 h 57 min

Mdr 😂.
Je fini « Une partie rouge » de Maggie Nelson et j’entame ensuite Franky et Zooey.

Electra 7 juin 2018 - 19 h 23 min

Oh tu vas me stresser du coup ! Il se peut que tu n’aimes pas du tout, tu as le droit – c’est vraiment spécial ! Loin de l’Amérique des grands espaces, ici c’est le petit monde new-yorkais !

Titezef 7 juin 2018 - 20 h 44 min

Suspens… 😁

Titezef 10 juin 2018 - 21 h 21 min

Alors …j’ai pas aimé Franny et Zooey…j’ai été subjuguée…par le style , l’érudition de l’auteur….J’y suis encore dans cet appartement. Quelle famille 🙂

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