I am I am I am · Maggie O’Farrell

par Electra
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C’est dans le cadre du mois NON FICTION et parce que ce livre me faisait trop envie que j’ai lu I am I am I am, seventeen brushes with death de Maggie O’Farrell. J’ai découvert cet auteur en lisant d’elle avec L’étrange disparition d’Esmé Lennox, un coup de poing littéraire !

Si ce recueil est autobiographique, il n’a pas la forme classique où l’auteur raconte sa vie – ici, l’auteur a voulu raconter les 17 fois où la mort est venue l’effleurer. Des expériences uniques dans la vie de cette femme, qui se livre, à nue, devant nous. Un recueil magnifique et qui m’a touchée personnellement car certaines expériences, je les ai aussi vécues. Un recueil qui vous rappelle à quel point la vie est fragile, et qu’il faut en prendre soin !

J’ai lu ce recueil sur ma Kindle (vendu à un prix plus que raisonnable) et je ne pouvais plus le lâcher.  J’aime la forme et le ton employé. Ici pas de misérabilisme, ni de guimauve. L’auteur raconte, parfois crument, ses souvenirs et ses rencontres fortuites avec la mort, elle peut presque sentir la main de la Faucheuse venir se poser sur son épaule. Triste ? Non, plutôt un impressionnant appétit de vivre et une personnalité hors norme.

Je ne vais pas raconter les dix-sept évènements, je vais juste vous dire que le titre, enfin son début, sont de Sylvia Plath et qu’ils sont magnifiques :

I took a deep breath and listened to the old brag of my heart. I am, I am, I am.

J’aime ses romans car l’auteure est incisive et surprenante, et ses essais le sont tout autant. Elle a su parfaitement reproduire ce qui la hantait, la faisait avancer alors que la mort surgissait à ses côtés. Enfant, c’est une maladie grave qui a failli l’emporter et a eu un puissant impact sur ses premières années, puis ce fut une mauvaise rencontre sur un chemin égaré, pas une fois mais deux fois, sur deux continents différents, un accouchement mal géré, des allergies non diagnostiquées.

Je ne vais pas m’étendre ici mais plusieurs de ses expériences ont profondément résonné en moi car j’en ai vécues des similaires. Etrange sentiment que de croiser quelqu’un qui a ressenti les mêmes émotions, les mêmes craintes – qui a su parfaitement retranscrire les premiers signes, le coeur qui s’emballe, le pas qui s’accélère, l’instinct de vie qui se met en route mais aussi la solitude de la maladie, la prise de conscience à un très jeune âge de la douleur, se savoir différent.

Death brushed past me on that path, so close that I could feel its touch, but it seized that other girl and thrust her under.

Maggie a grandi en Irlande du Nord au Pays de Galles et en Ecosse. Elle a étudié à Cambridge et a beaucoup voyagé à l’étranger.  Elle se livre ici telle qu’elle, le recueil est électrique et inoubliable car il vous fait revivre chaque moment à ses côtés. C’est une lecture qui oblige le lecteur à s’interroger – nous avons tous frôlé la mort, il m’est encore arrivé de le faire, un tramway que l’on n’a pas vu, un accident de voiture évité de justesse … Une maladie soignée à temps. Parfois, elle est venue se glisser plus insidieusement, plus longtemps.

Mais en face, il y a Maggie et quelle vigueur ! Quel dynamisme, quelle volonté ! Je me suis sentie proche de sa personnalité, d’une personne, qui malgré les embûches, les obstacles, des le plus jeune âge, a gardé son goût pour l’aventure, pour l’autre, alors qu’un seul évènement aurait pu au contraire la paralyser. Elle m’a permis de mieux comprendre qui je suis et d’où je viens, mes fragilités et surtout ma force. Une lecture coup de poing ! J’ai pris plein de notes et je vous les livre telles qu’elles en espérant qu’elles vous donnent envie de la lire.

Pour ma part, j’ai très envie de lire tous ses écrits, fiction ou non fiction. Une très belle découverte !

If, as a child, you are struck or hit, you will never forget that sense of your own powerlessness and vulnerability, of how a situation can turn from benign to brutal in the blink of an eye, in the space of a breath. That sensibility will run in your veins, like an antibody. You learn fairly quickly to recognise the approach of these sudden acts against you: that particular pitch or vibration in the atmosphere. You develop antennae for violence and, in turn, you devise a repertoire of means to divert it.

I have never found it difficult to abandon a group, to go against the alpha male or female. I have never much cared for gangs, for social tribes, for fitting in. I have known since I was very young that the in-crowd isn’t my crowd;

We are, all of us, wandering about in a state of oblivion, borrowing our time, seizing our days, escaping our fates, slipping through loopholes, unaware of when the axe may fall. As Thomas Hardy writes of Tess Durbeyfield, ‘There was another date . . . that of her own death; a day which lay sly and unseen among all the other days of the year, giving no sign or sound when she annually passed over it; but not the less surely there. When was it?’

I should have said: the thing is, I have this compulsion for freedom, for a state of liberation. It is an urge so strong, so all-encompassing that it overwhelms everything else. I cannot stand my life as it is.

Alice’s Adventures in Wonderland was read to me and Alice sighs, ‘Oh, how I long to run away from normal days! I want to run wild with my imagination »

♥♥♥♥♥

Kindle, Editions Tinder Press, 2017, 304 pages

Et pourquoi pas

8 commentaires

Edwige Mingh 26 novembre 2018 - 10 h 01 min

Cette auteure m’est inconnue et je pensais plutôt bien connaître la littérature anglo-saxonne ! Merci pour cette découverte et ton analyse. La référence à Sylvia Plath semble bien opportune. Je note pour un moment plus creux. Je navigue dans les eaux scandinaves avec « Le Testament de Dina » d’Herbjorg Wassmo, lecture marquante que je conseille même si on n’a pas lu les ouvrages précédents et islandaises (of course) avec « Les Fils de la poussière »..

Electra 26 novembre 2018 - 19 h 26 min

Je croise souvent les livres de Wassmo et jamais lu de mon côté, du coup je note – je viens de lire deux polars nordiques (islandais et suédois) le premier meilleur que le second, du coup je repars vers l’Amérique. Maggie O’Farrell m’a beaucoup marqué avec son roman que je cite en début de billet. Son style est très incisif, une valeur sûre !

keisha 26 novembre 2018 - 14 h 06 min

J’ai lu un de ses romans, mais là, en non fiction, impossible de résister…

Electra 26 novembre 2018 - 19 h 26 min

Oui et son écriture se révèle totalement ! Tu vas adorer

Eva 27 novembre 2018 - 10 h 40 min

c’est une romancière que j’apprécie, même si ses romans sont souvent construits sur le même schéma, ce qui peut devenir lassant à force…j’aimerais bien la découvrir en non fiction via cet ouvrage, l’angle est original et ce que tu en dis est très intriguant.

Electra 27 novembre 2018 - 13 h 14 min

Oui, ici elle se livre plus mais garde un recul sur elle-même 😉 il est vraiment à part dans mes lectures de cette année

Titezef 12 décembre 2018 - 21 h 49 min

Original comme forme d’autobiographie…

Electra 13 décembre 2018 - 23 h 53 min

Oui, une idée de départ intéressante – compte-ton combien de fois on frôle la mort, parfois le temps d’une mili seconde ou lorsqu’une maladie ou un accident grave nous touche ? j’ai adoré !

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