Agnes Grey · Anne Brontë

par Electra
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Une de mes résolutions 2019 était de lire plus de classiques, j’ai donc choisi pour bien commencer l’année de retrouver Anne Brontë et son roman Agnes Grey.

J’avais beaucoup aimé La dame du manoir de Wildfell (ou la recluse) du coup j’avais très envie de découvrir cette nouvelle oeuvre d’Anne, même si j’étais un peu nerveuse, car l’héroïne est une gouvernante, comme l’était Jane Eyre, mon roman préféré, écrit par Charlotte, la soeur ainée d’Anne.

Soyez rassuré : Agnes Grey n’est pas une pale copie de Jane Eyre. Non, Anne a signé un roman engagé sur la condition de gouvernante. Elle souhaitait ainsi témoigner de sa propre expérience et de la condition de la femme dans la société victorienne. Les femmes n’avaient d’autre choix que le mariage ou, pour celles ayant reçu une bonne éducation, de devenir gouvernante.

Agnes Grey vit dans une famille aimante, avec sa soeur, mais son père perd toute leur fortune après un mauvais investissement. La soeur d’Agnes s’est mariée. Agnes accepte alors une position de gouvernante pour aider financièrement sa mère, son père tombant gravement malade. Sa première position l’envoie dans une famille où les enfants, gâtés, sont mal éduqués et où sa mission devient intenable. Les parents croient leurs progénitures et Agnes est renvoyée. La jeune femme doute soudainement de sa capacité à enseigner. Elle retrouve fort heureusement une nouvelle position chez les Murray, mais sa vie reste profondément ennuyeuse, elle regarde la jeune demoiselle dont elle a la charge faire ses premiers pas en société et dont le seul et ultime but est de faire tourner la tête des hommes.

Agnes est une jeune femme simple, réservée et semble résignée à cette vie monotone, jusqu’au jour où elle croise la route d’un jeune curé, M. Weston. Soudainement, elle existe enfin dans le regard de quelqu’un.

L’édition Penguin inclut le mémoire autobiographique de Charlotte Brontë qui a souhaité, après la mort d’Anne et d’Emily, rendre hommage à ses soeurs et à leurs oeuvres. En effet, les éditeurs doutaient qu’Anne fut l’auteur de ce roman, insinuant qu’il s’agissait de Charlotte. Celle-ci rétablit la vérité. Le livre explique aussi la vie des soeurs Brontë et les différentes positions qu’Anne a occupées en tant que gouvernante et qui ont largement influencé l’écriture de ce roman.

Celui-ci est écrit à la première personne, Agnes Grey tient un journal intime où elle raconte ainsi sa vie et sa condition de gouvernante. Anne était la plus pieuse des trois soeurs Brontë et cela se ressent dans ses écrits. Charlotte l’a décrit comme une jeune femme (elle est morte à l’âge de 29 ans) doté « d’un esprit empreint de religiosité« . Agnes juge sévèrement ses patrons – et même les enfants qu’elle garde, en particulier la jeune demoiselle Murray.  Agnes Grey semble, à l’inverse, ne souffrir, dans son esprit, d’aucun défaut. Ce qui m’a fait plusieurs fois sourire. Juger ses pairs est assez courant chez certaines personnes. C’est un trait de caractère courant à cette époque et donc je ne me s’en suis pas offusquée, car Anne Brontë a néanmoins fait passer quelques vérités lorsque sa première maîtresse, Mrs Bloomfield convoque Agnes.

Agnes reste néanmoins un personnage attachant et j’ai beaucoup aimé ma lecture. J’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans ma précédente lecture, une belle écriture, un souci du détail et le talent pour nous emmener si facilement dans ces petites villes de l’Angleterre victorienne.

Qui était Anne Brontë ? Elle a d’abord publié Agnes Grey, avant de publier le suivant (La recluse/la dame/la locataire de Wildfell Hall) où elle a osé écrire une histoire d’amour immorale, puisque son héroïne prétendait être veuve alors qu’elle avait fui un mauvais mariage.

Petite dernière de six enfants, Anne Brontë ne connut par sa mère, qui mourut l’année suivante. Ses soeurs ainées, Mary et Elizabeth meurent de la tuberculose. A l’âge de six ans, elle commence à jouer avec ses soeurs Charlotte et Emily, et son frère Branwell . Ils créent des histoires sous forme de pièces de théâtre, écrivent des poèmes, racontent des histoires. Ils n’arrêteront jamais de le faire. Anne devient gouvernante mais continue d’écrire avec sa soeur Emily dont elle est très proche. Elle publie ses poèmes sous le nom d’Acton Bell. Gouvernante à deux reprises, Agnes rentre rejoint sa soeur Charlotte pour aller se soigner mais décède de la tubercolose, peu de temps après Emily et Branwell.  Charlotte leur survivra quelques années et fera tout pour que leurs oeuvres soient reconnues. Il me reste donc ses poèmes à lire. Peu à peu, je découvre l’univers de cette famille atypique.

♥♥♥♥

Editions Penguin Classics,, 2004, 218 pages

Et pourquoi pas

7 commentaires

keisha 18 février 2019 - 8 h 17 min

Tu es moins sévère que d’autres lectrices. Comme toi, j’ai tenu compte du contexte et de la part autobiographique et n’ai pas boudé mon plaisir (et puis de toute façon je n’ai plus grand chose à lire des soeurs bronté, quel drame! ^_^)

Electra 18 février 2019 - 12 h 28 min

Oui, je crois que les jeunes lecteurs ont du mal à se mettre dans l’époque – or tout était très règlementé, très religieux – et Anne était la plus pieuse, après je trouve son regard tellement pertinent et le portrait de la société, comme toi je ne boude jamais mon plaisir ! Pareil, pour Anne, j’ai tout lu (sauf ses poèmes qui ne me tentent pas…) du coup je retourne du côté de chez Charlotte

Edwige Mingh 18 février 2019 - 9 h 40 min

C’est décidément une famille hors norme ! Personnellement j’aime toutes les « victoriennes », avec une préférence de toujours pour Elisabeth Gaskell qui ajoute la dimension sociale à toute son oeuvre que je recommande aux fans d’Austen et des Brontë !

Electra 18 février 2019 - 12 h 29 min

Oui, on est bien gâtées avec tous ces auteurs ! Je suis ravie d’avoir encore tant à lire de cette époque !

Marie-Claude 19 février 2019 - 2 h 14 min

J’ai lu Emily et ses « Hauts de Hurlevent » et Charlotte et son « Jane Eyre ». Trop tard, moi, ma période victorienne est passée! Lol!

Electra 19 février 2019 - 7 h 22 min

pas moi ! j’aime trop y retourner ! J’ai détesté Les Hauts de H. J’ai encore deux livres à lire de Charlotte … et plein d’autres ! ça fait du bien de s’échapper un peu du présent !

keisha 19 février 2019 - 7 h 47 min

Tu n’as pas aimé les hauts de h? Ouf, je me sens moins seule! ^_^

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