La cage · Lilja Sigurðardóttir

par Electra
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Troisième (et dernier) volet de la trilogie commencée avec Piégée, puis suivie du Filet. Me voilà donc de retour en Islande dans un monde où les femmes ont le premier rôle, et où l’auteure Lilja Sigurðardóttir continue de me surprendre.

Ceux qui ont lu mes précédents billets se rappellent sans doute à quel point j’avais été marquée par les personnages féminins de la trilogie, et l’auteure finit sur le personnage sans doute le plus dur : Agla. Dans les volets précédents, on suivait Sonia, son amante aux prises avec un trafiquant de drogue qui l’avait utilisée comme mule. Agla, sa compagne, une génie des finances, avait été arrêtée et condamnée pour évasion de capitaux et avait fini en prison. Sonia ayant disparu, la jeune femme désespérée décide de mettre fin à ses jours. Mais les gardiens la sauvent de justesse et à cet instant-là qu’elle reçoit la visite d’un industriel.

Ce dernier, qui connaît le talent et l’habilité de la femme d’affaires, la contacte pour qu’elle enquête sur l’aluminium. Ce matériau est en effet devenu difficile à acheter et l’homme souhaiterait savoir qui se cache derrière la compagnie Météorite. Agla accepte et contacte Maria,  la journaliste d’investigation qui l’avait fait condamner par le passé pour aller mener l’enquête sur le terrain.

Cette dernière a perdu son emploi et son mari l’a quittée. Elle tient Agla pour responsable mais ne peut refuser la proposition de la jeune femme. Elle a créé son propre journal en ligne qu’elle dirige avec Marteinn, un ancien collègue instable mentalement. Ils ont du mal à payer la location de leur bureau, qu’ils doivent partager avec une radio où des journalistes d’extrême-droite crient leur haine envers les musulmans. Maria découvre que l’aluminium est envoyé aux Etats-Unis dans d’immenses hangars de stockage, gérés par Météorite.

Agla fait en même temps la connaissance d’une junkie, cette dernière pousse la jeune femme à sortir de sa réserve et à oublier Sonia. Peu à peu, Agla commence à envisager un avenir meilleur. Sa date de sortie approche et l’enquête avance à grand pas. Mais les deux femmes ignorent ce qu’elles vont devoir affronter, qu’ils viennent du passé ou du présent.

Le dernier volet se lit très vite, les chapitres voués à chaque personnage, sont très courts (rarement plus de trois pages). Du coup, le rythme est donné : très rapidement et parfois déconcertant. On suit deux autres personnages, dont un adolescent, et j’ai trouvé cela bien réalisé. Ceux qui ont lu Anthony Doerr se souviendront aussi de ce choix narratif. Comme lors des volets précédents, l’auteure nous initie à la haute finance et cette fois-ci à la vente et aux trafics des matières premières tout en conservant le volet sur le transport de la drogue (l’Islande est une petite île).

Mais surtout, elle nous fait découvrir en profondeur le personnage d’Agla, qui, dans le premiers volets, paraissait extrêmement déterminée et très froide, glaciale même. Face au personnage émotif de Sonia, elle semblait sortir d’une série Marvel. Agla montre ici l’envers du décors, son arrestation et la prison ont brisé sa carapace et la jeune femme montre sa faiblesse mais dès qu’elle peut à nouveau exercer ses dons de femme d’affaires, elle reprend immédiatement de l’assurance et plus rien ne peut l’arrêter. Une femme déterminée et calculatrice. Car elle n’agit toujours que dans son propre intérêt.

Si j’ai trouvé le milieu du livre un peu longuet, le dernier tiers offre un final au rythme implacable et je n’ai pas lâché le livre ! « Un grand feu d’artifice habile et intelligent » promet l’éditeur, et il a raison une nouvelle fois. Si vous trouvez les enquêtes d’Erlendur trop lentes, je vous conseille fortement ce polar islandais !

 

♥♥♥

Editions Métailié, Búrið, trad. J.C Salaün, 2019, 320 pages

Et pourquoi pas