Harmless like you · Rowan Hisayo Buchanan

par Electra
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Une très belle découverte que ce roman, qui attendait sagement de sortir de ma bibliothèque ! J’avoue que la couverture avait tout de suite attisé ma curiosité et l’histoire avait fini de me convaincre de l’acheter.

Rowan Hisayo Buchanan est l’auteure de ce premier roman qui m’a totalement enchanté. Etrangement, en lisant le roman, j’ai un temps pensé que l’auteur était un homme (un prénom épicène) et puis j’ai réalisé qu’une petite photo d’elle trônait en bas de la quatrième. Une fois ma lecture terminée, j’ai cherché des informations sur elle et j’ai lu certains essais et interview, et je l’ajoute officiellement à mes auteurs préférés ! Son second roman sort en juillet prochain, excellente nouvelle !

Revenons à celui-ci. Harmless like you raconte l’histoire d’une mère et son fils. Yuki est japonaise mais elle vit depuis dix ans à New York avec ses parents. Elevée « à la japonaise », Yuki n’a aucun ami. La jeune fille de seize ans aime se cacher au lycée. C’est alors qu’elle fait la connaissance d’Odile, une jeune fille fantasque (qui s’est inventée ce prénom). Nous sommes en 1968 et la révolution sexuelle est en route. Odile entraîne Yuki loin de ses cahiers et de ses parents au mode de vie très strict. La jeune femme découvre l’alcool et les garçons. La mutation de son père se terminant, ceux-ci souhaitent retourner au Japon, la jeune femme réussit à rester à New York en s’installant chez la mère d’Odile, une auteure de romans d’amour historiques.

Juin 2016 – Jay aime Minnie, son épouse. Mais malheureuse coïncidence, Jay déprime depuis la naissance de leur fille, née juste après le décès soudain de son père. Jay doit s’occuper de l’héritage, et du Céleste, le chat de 17 ans, relégué chez son paternel lorsque Minnie est tombée enceinte. Offert à Jay pour ses dix-sept ans, Céleste lui a apporté énormément. Malgré les atermoiements de Minnie, Jay refuse de s’en séparer et Jay décide de l’emmener avec lui à Berlin où vit sa mère afin qu’elle soit informée de l’héritage (son père lui a légué la maison). Jay n’a aucun souvenir de sa mère car elle l’a abandonné peu de temps avant son deuxième anniversaire. Jay se confie, entre allers et retours dans le temps, sur cette enfance et adolescence sans mère. ll lui était plus facile de dire qu’elle était morte à ses amis. A l’âge de quinze ans, il l’avait retrouvé grâce à Internet. Elle était artiste peintre et s’était installée à Berlin. Il n’était pas allé plus loin.

Car, Yuki, qui es-tu donc ? Une jeune fille perdue, atteinte d’une sorte de mélancolie qui ne la quitte jamais. La jeune femme n’est nulle part chez elle, ni à New York, ni au Japon dont elle n’a presque aucun souvenir. D’ailleurs, elle finit par rapidement oublier sa langue natale. La jeune femme souhaite devenir artiste mais le manque d’argent et surtout le manque de confiance lui bloquent la route. Elle s’entiche de l’étalon qui fréquente la mère d’Odile. La rupture est brutale. Yuki s’installe chez ce journaliste sportif abusif. Les années passent et Yuki semble incapable d’oser. Quand elle le fait, c’est pour partir avec un gentil garçon qui lui promet une vie de famille stable. C’est le cas mais Yuki dépérit….

J’aurais pu facilement ne pas aimer le personnage de Yuki, qui vivote dans une sorte de marasme permanent, mais cela n’a jamais été le cas, car malgré ses doutes perpétuels, elle dessine, peint et résiste à sa manière. Yuki semble si légère, comme si la gravité ne fonctionnait pas chez elle. Elle est si menue que j’ai craint de la voir s’envoler à chaque instant. Jay, de son côté, connaît aussi une phase difficile. Il est totalement absent des premiers mois de sa fille, une « chose » avec laquelle il n’arrive pas à communiquer. Sa vie de couple n’est pas non plus reluisante. Il s’est effondré à la mort de son père, et ne trouve refuge que dans les bras de Céleste. Il est aussi troublé par ce voyage en Allemagne. Pourtant, il déclare bien n’avoir aucun sentiment envers sa génitrice mais forcément, il sait qu’il se ment.

J’ai été portée par l’histoire de ces deux êtres fragilisés par la vie, bringuebalés, qui semblent avoir hérité de leurs aïeuls, comme si la mélancolie se transmettait. N’appartenir à personne, ni à nulle part. L’auteur possède une très belle prose et j’ai hâte de découvrir son nouveau roman.

A sa sortie, il a été remarqué et listé pour plusieurs prix, et je comprends dorénavant pourquoi. Rowan Hisayo Buchanan se définit comme Japonaise-Britannique-Chinoise-Américaine et vit actuellement en Angleterre après avoir étudié aux Etats-Unis et au Japon.

♥♥♥♥(♥)

Editions Sceptre, 2016, 320 pages

Et pourquoi pas

6 commentaires

keisha 25 mars 2019 - 8 h 31 min

Grosse découverte, dis donc!

Electra 25 mars 2019 - 18 h 15 min

Oui ! Elle sort son prochain roman cette année. L’écriture est magnifique et les personnages très bien dessinés. J’ai vraiment aimé ma lecture !

Eva 25 mars 2019 - 14 h 36 min

je te fais confiance ! j’espère que la VF sortira bientôt

Electra 25 mars 2019 - 18 h 16 min

Pareil, j’espère aussi afin que le maximum de personnes en profite, la maison d’édition qui ira vers elle ne le regrettera pas !

Autist Reading 27 mars 2019 - 11 h 35 min

C’est rare, mais pour une fois, je passe mon tour 😉

Electra 27 mars 2019 - 20 h 10 min

dommage mais je ne force personne ! et puis ta wishlist est déjà bien pleine ! (je suis ravie l’auteure m’a contactée)

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