Anything is possible · Elizabeth Strout

par Electra
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Elizabeth STROUT m’a séduite avec Olive, puis avec Lucy Barton et je m’étais promis de lire Anything is possible après avoir lu Oh William en 2022. J’ai rencontré Lucy Barton en janvier 2020 et je me suis  vraiment attachée à cette femme.

Mon long hivernage littéraire avait donc repoussé ma lecture d’Anything is possible – ce n’est pas un recueil à proprement dit de nouvelles, mais comme à son habitude, l’autrice américaine dresse les portraits croisés des habitants d’Amgash et des bourgades avoisinantes, dans l’Illinois. Dans ce récit, on croise des personnages qui se sont souvent connus à l’école et certains sont partis, comme Lucy, et d’autres sont restés, comme son frère, sa soeur ou ses amies d’enfance.

Dans ce récit, on suit les portraits de femmes qui regrettent souvent leurs choix de vie, où la vie maritale, parfois joyeuse au départ, tourne souvent au vinaigre, à l’ennui, mais souvent à la tromperie. Bon nombre des histoires ici racontent les infidélités des époux mais aussi des épouses, avec parfois de graves conséquences. Le talent d’Elizabeth est de vous mettre dans la tête du fautif et ensuite des autres, qui aiment les rumeurs et aiment juger leurs pairs. C’est donc à la fois tendre et drôle. Si Angelina se permet de juger le mariage de sa mère, elle n’aime pas trop qu’on lui rappelle que le sien est un échec….

Noticing old Italien women on bike, smoking, wearing high heels, her Mom replies :

It just amazed me when I came here. Then I figured it out, the women are just versions of people pulling up to Walmart in their cars. Only they’re on a bike.

L’un des personnages qui m’aura le plus touché est Pete, le frère ainé de Lucy. Un homme qui n’aura jamais quitté la demeure familiale, n’aura jamais connu l’amour et vit éternellement enfermé dans leur passé. J’ai rarement lu un auteur américain décrire une telle pauvreté, ainsi les cousins de Lucy fouillaient dans les poubelles pour se nourrir…  J’ai aussi beaucoup aimé le chapitre sur les retrouvailles de Lucy avec son frère et sa soeur, après 17 ans de séparation.

En fait, j’ai été touchée par tous les portraits de ces personnes, souvent seules dans leur détresse, hommes et femmes enfermés dans leur mariage, dans leur petite vie construite souvent à la va vite ou par défaut. Ils rêvent d’une autre vie et l’adultère est sans doute l’un des moyens d’y parvenir.

It occurred to him often that many did not have echoes of pain from the silent noises he carried in his head.

J’ai adoré retrouver la fluidité de son style, son empathie sans jamais virer dans la pitié – j’ai noté pas mal de passages, parfois très drôle (la vision d’une Américaine sur nos voisins italiens) et d’autres où oui, malgré une enfance vraiment pourrie, on s’en sort plutôt pas mal. Je me suis sentie proche de leur vision de la vie, ce qui a sans doute, grandement, joué dans mon coup de coeur pour ce roman.

Vicky, we didn’t turn out so bad, you know.

Well, we’re not out there murdering people if that’s what you mean.

J’ai dévoré ce récit en deux petits jours, décidément, j’enchaîne de très bonnes lectures et je suis ravie d’avoir retrouvé mon auteur chouchou, il me reste encore trois de ses romans à lire, je me sens chanceuse.

♥♥♥♥♥

Editions Penguin Books, 2018, 257 pages

Photo de Kelly Sikkema sur Unsplash

Et pourquoi pas

12 commentaires

Jiemde 29 mai 2024 - 7 h 05 min

Délicieuse Elisabeth Strout. Je vais m’empresser de lire celui-ci.

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Electra 30 mai 2024 - 20 h 37 min

Oui toujours aussi douée ! franchement, on est toujours en bonne compagnie avec elle !

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Kathel 29 mai 2024 - 8 h 48 min

J’avais beaucoup aimé, c’est un peu comme un recueil de nouvelles, donc difficile de se souvenir d’une histoire en particulier, quelques années après lecture !

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Electra 30 mai 2024 - 20 h 38 min

Oui ! j’aime le fait qu’elle nous fasse voyager dans ces multiples vies et combien elle s’amuse à passer d’un personnage à l’autre qui donne son avis sur nos héros.

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Fanja 30 mai 2024 - 0 h 09 min

Jamais lu cette autrice, mais il semble qu’il faudrait que je corrige ça ! Peut-être que je commencerai plutôt par un roman plus « classique » plutôt que par ce recueil qui n’en est pas vraiment un.

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Electra 30 mai 2024 - 20 h 38 min

Olive Kitteridge – son premier ou l’un de ses tous premiers. C’est devenu un classique et tu comprendras pourquoi ! et après tu retrouveras plusieurs de ses personnages dans ses autres publications 😉

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je lis je blogue 30 mai 2024 - 6 h 54 min

Ravie de voir que tu as retrouvé goût à la lecture. Il y a parfois des passages à vide et c’est très frustrant. Je me suis promis de lire un roman d’ Elizabeth STROUT un jour ou l’autre. D’ailleurs, il y a Oh William qui m’attend à la bibli municipale.

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Electra 30 mai 2024 - 20 h 39 min

ah j’avais préparé mon billet il y a longtemps, mais oui j’ai fait une vraie traversée du désert ! heureusement j’ai quelques auteurs qui me permettent d’y revenir. Je suis confiante, avec eux jamais déçue ! Ah j’ai lu Oh William, bonne lecture !

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keisha 31 mai 2024 - 7 h 33 min

Lu et aimé! Hélas je n’ai pas encore trouvé Oh William et d’autres titrs TB, mais je suis fan!!!

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Electra 2 juin 2024 - 17 h 32 min

Oui, moi depuis Olive je dévore tout d’elle ! quel talent

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Marie-Claude Rioux 2 juin 2024 - 15 h 40 min

Je comprends tellement ton enthousiasme! Je le partage complètement. J’ai adoré naviguer dans ces pages. Lucy face à la mer arrive en traduction cet automne. Il va sans dire que j’attends cette «suite» avec grande impatience.

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Electra 2 juin 2024 - 17 h 32 min

Oui ! moi aussi, je me retiens de tous les lire, je garde quelques lectures pour les périodes où j’ai besoin de confort

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