After Henry · Joan Didion

par Electra
397 vues

Cette collection d’articles rédigés par Joan Didion se décompose comme suit : un article dédié à son ami Henry Robbins (After Henry), puis 3 articles (dont un essai) liées aux élections présidentielles (les candidats démocrates et républicains en 1988) et 7 articles liés à la Californie et un dernier texte situé à New York.

Je suis fan de Joan Didion, la journaliste et essayiste, et romancière a vécu en Californie (elle y a grandi) puis à New York City et est sans doute la meilleure ambassadrice de la Californie. En retrouvant ses textes sur cet endroit qu’elle aimait particulièrement, j’ai pensé immédiatement aux derniers incendies et j’aurais tant aimé lire ses articles à ce sujet. Mais je suis aussi contente qu’elle n’ait pas eu à vivre ces temps difficiles. Elle aimait tellement ces lieux et surtout l’atmosphère particulière.

Ce recueil commence par son article rédigé suite à la mort de son ami Henry Robbins. Alors que la jeune femme et son époux connaissaient des jours difficiles à l’été 1966, avec des revenus presque inexistants (la jeune femme allait toucher la modique somme de 5,99$ le mois suivant pour la vente d’un seul article), Henry Robbins l’avait contactée. Editeur à l’agence de publication Farrar, Straus & Giroux (NYC), il avait décidé de partir à la rencontre de plusieurs auteurs californiens. Il avait choisi de rencontrer Joan. Et la magie opéra et surtout il apporta au jeune couple un revenu constant et une formidable amitié, qui allait malheureusement s’arrêter brutalement en 1979. Joan et lui avaient créé une relation forte et passionnante. Joan Didion raconte si bien à quel point il était son confident, ils parlaient de tout et comme elle le dit si bien :

In 1979, when we got word from New York that Henry Robbins had died on his way to work a few hours before, had fallen ded, aged fifty-one, to the floor of the 14th Street subway station, there was only one person I wanted to talk about it, and that one person was Henry.

J’avoue que j’ai lu rapidement les articles sur les élections présidentielles, même si j’ai aimé l’angle qu’a choisi Joan pour aborder les campagnes des candidats. Mais le sujet m’intéressait peu. Je me suis ensuite précipitée sur les nouvelles liées à la Californie et la première m’a prouvé une nouvelle fois le talent de conteuse de Joan Didion. Dans Girl of the Golden West, elle revient sur la jeune femme devenue célèbre : Patricia Hearst. Petite-fille d’un milliardaire, la jeune étudiante de 19 ans fut kidnappée pendant 57 jours par un groupe de so-called révolutionnaires composé de 8 jeunes Américains. A l’issue des 57 jours, la jeune femme, à la surprise générale , appela sa famille pour les prévenir qu’elle allait bien et qu’elle rejoignait le groupe et effectivement elle allait commettre avec eux deux braquages de banque. Arrêtée un an après, son procès fit la une de tous les journaux en 1975. La jeune femme publia ensuite son propre récit, mais si elle racontait avec détail comment elle avait eu peur d’utiliser certaines armes, elle n’expliquait jamais réellement le pourquoi. Qu’est-ce qu’il l’avait poussée à rejoindre le groupe ? Sa seule explication fut qu’elle avait craint pour sa vie, puis avait eu peur du FBI.

Comme Joan Didion l’explique si bien dans son article datant de 1982, la jeune femme avait « déçu » les journalistes couvrant l’affaire, elle n’était pas aussi bavarde et flamboyante qu’il l’espérait. Surtout la jeune femme choisit de ne plus témoigner et de publier son propre récit. Elle racontait plutôt froidement les faits, en se rappelant une enfance dorée et protégée mais sans jamais offrir du croquant aux journalistes. Ni aux lecteurs, ni aux spectateurs, ni aux sympathisants des jeunes révolutionnaires. Aujourd’hui, le cas de Patrica Heart est reconnu comme une victime du Syndrome de Stockholm, mais à l’époque personne n’en parlait. Et surtout, Patricia était une femme. Et comme Joan sait si bien écrire, elle résume cela en une phrase, en citant en parallèle l’autre fait divers qui secouait la presse, celle du gourou Jim Jones qui venait d’assassiner en Guyane plus de 900 personnes:

This was another local opera, and one never spoiled by a protagonist who insisted on telling it her way.

Dans Pacific Distances, Joan Didion revient à la Californie et offre un portrait magnifique de cet état et des heures passées seule en voiture. Elle relève un fait divers raconté en quelques mots au sujet d’une jeune mère de famille, conduisant sur la route de Malibu bordant le Pacifique, annonçant à sa fille de 7 ans « I’m sorry I have to do this » avant de plonger dans le vide son véhicule.

Dans Los Angeles Days, Joan Didion revient sur ce sol qui tremble à plusieurs reprises et qui selon elle, pousse les habitants à s’y habituer et à ne pas croire au « Big One ». D’ailleurs, elle n’a pas le nécessaire dans sa maison. Elle évoque aussi ce monde particulier du divertissement qui fait vivre la ville, les rapports entre les scénaristes et les acteurs, la différence entre acteurs de séries (ou producteur) et les acteurs et réalisateurs de cinéma.

J’ai décidé de mettre en pause ma lecture, et de finir ses écrits plus tard. Je n’aime pas trop enchaîner autant.

Fan de Joan, il me reste encore quelques livres à lire, mais je prends tout mon temps car je sais que malheureusement, elle n’en publiera plus. La photo en couverture a été prise par sa fille chérie. Je repense aux incendies et ces maisons détruites le long de l’océan et je suis soulagée qu’elle n’ait pas assisté à ces évènements. Mais pour d’autres sujets d’actualité,  j’aurais beaucoup aimé lire ses mots. Joan Forever.

Apparemment, même la non fiction peut rejoindre le défi de Je Lis Je Blogue aussi je glisse ce billet.

 

Bonnes nouvelles 2025

♥♥♥♥♥

 

Editions Vintage, 2023, 320 pages

Photo de Domino Studio sur Unsplash

Et pourquoi pas

9 commentaires

Sunalee 27 janvier 2025 - 15 h 39 min

Tu me donnes envie de me remettre à Joan Didion, j’ai encore The White Album sur ma PAL – c’est d’ailleurs toi qui m’avait donné envie.

Reply
Electra 29 janvier 2025 - 18 h 13 min

ah merci ! Un de mes recueils préférés d’elle 🙂

Reply
je lis je blogue 27 janvier 2025 - 17 h 32 min

Merci de nous avoir présenté ces textes. Je connais didion de nom bien sûr mais je crois bien que je ne l’ai jamais lue.

Reply
Electra 29 janvier 2025 - 18 h 15 min

Vraiment ? Elle mérite vraiment le détour si tu aimes la non fiction. Merci pour ton défi !

Reply
keisha 28 janvier 2025 - 7 h 33 min

Tu communiques bien ta passion pour Joan Didion! Il faudrait que je la lise, tu conseilles quoi pour commencer (il me semble avoir abandonné un de ses livres, mais on a le droit de se tromper?)

Reply
Electra 29 janvier 2025 - 18 h 24 min

Merci ! les plus célèbres sont Slouching Towards Bethlehem et The White Album (tous traduits) mais Grasset a publié Pour tout vous dire qui est aussi une bonne entrée (où elle explique pourquoi elle écrit). Il s’agit de ses essais et articles publiés dans la presse. Elle est sinon célèbre pour ses deux écrits sur le deuil (de son mari dans The Year of Magical Thinking (l’année de la pensée magique) et sa fille dans Blue Nights). Ils sont magnifiques mais le sujet est grave. Il y a aussi ses romans et d’autres recueils (l’un entièrement sur la politique américaine).. bref, tu as le choix !

Reply
Ingannmic 28 janvier 2025 - 11 h 54 min

Je suis sûre pour ma part de ne l’avoir jamais lue, et ce n’est pourtant pas faute de l’avoir repérée, une collègues m’avait même prêté un de ses livres, que j’ai fini par lui rendre sans le lire (débordée par ma pile ? ! :))

Un jour…

Reply
Electra 29 janvier 2025 - 18 h 26 min

oui un jour ! t’inquiète, tu as le temps mais j’avoue qu’une fois qu’on commence .. moi j’ai commencé par le plus dur et depuis je suis accro

Reply
keisha 4 février 2025 - 14 h 55 min

Je note Pour tout vous dire (qui est à la bibli!)

Reply

Leave a Comment