J’ai découvert Natalia Ginzburg en 2022 (il y a si longtemps) en lisant son roman Dry Heart. Je m’étais promis de lire ses autres romans. En allant à Berlin, j’ai découvert ses romans publiés par une maison d’éditions dont j’adore le style, Daunt Books et du coup j’ai acheté tous ses autres livres.
The Road to the City, écrit en 1942 (traduit en français : La route qui mène à la ville) a comme narratrice Delia, 17 ans. La jeune fille vient d’une famille modeste de cinq enfants, d’un village pauvre d’Italie. Elle aspire à la même vie que sa soeur année, Azalea, qui a épousé un homme plus âgé et vit en ville dans un bel appartement. Delia prend souvent la route pour lui rendre visite et admire les belles tenues (manteau en fourrure, bijoux) de sa soeur. Elle rêve donc de faire un mariage identique. Alors quand le fils du médecin lui déclare sa flamme, elle croit avoir trouvé le bonheur…
Mais lorsqu’elle tombe enceinte, sa vie s’arrête. Elle vient de jeter la honte sur sa famille et celle du médecin. Ce dernier tente d’acheter le silence de la jeune femme, et propose de l’argent afin que son fils échappe à ce mariage forcé. Il suit des études à la ville et son père ne conçoit pas qu’il épouse une femme de moins bonne fortune. Mais les parents de Delia refusent. Ils acceptent juste que Delia parte vivre dans la montagne chez une tante et y accoucher, le temps que le futur marié finisse ses études.
Delia était proche de Nini, un cousin, qui est venu vivre chez eux, après la mort de sa mère. Le jeune homme, plutôt torturé, qui adore lire, a trouvé un travail à l’usine et s’est installé en ville avec une femme veuve et mère de deux enfants. Mais il cache de vrais sentiments pour Delia. Cette dernière ne fait pas attention à lui, trop occupée à trouver un bon parti.
They say that big families are happy, I could never see anything particularly happy about ours.
Un récit court, mais tout aussi puissant et je retrouve la même honnêteté que pour son précédent récit. L’autrice montre l’Italie à cette époque, les femmes sont réduites à un rôle d’épouse et de mère (les nombreux amants d’Azalea sont la preuve de l’échec de son mariage), et n’ont aucune autre échappée. Enceinte hors mariage, elle porte l’opprobre et doit se cacher. Si certaines femmes sont dures et semblent sans coeur, c’est que leur vie ne leur permet jamais de s’épanouir. Les enfants arrivent en grand nombre, elles doivent travailler et doivent faire une croix sur leurs propres aspirations.
When a girl marries her troubles begin. Her children cry and her husband wants to be waited on and his parents make things all the harder.
Les hommes sont aussi contraints au mariage et sont souvent infidèles et immatures. Un rappel sur une époque parfois idéalisée. J’aime beaucoup le regard incisif de l’autrice italienne sur son époque et présent dans chacun de ses romans. Si l’histoire est plutôt sombre, Natalia Ginzburg arrive cependant à rendre le tout intéressant et j’ai encore beaucoup aimé ma lecture. L’Italie n’a jamais été un pays qui m’attire, mais grâce à elle, je voyage à nouveau.
♥♥♥♥
Editions Daunt Books, La strada che va in città, trad. Frances Frenaye, 2021, 100 pages
Photo de Lorenzo Stortoni sur Unsplash
4 commentaires
Je connais cette autrice de nom uniquement, mais elle parle de sujets qui m’intéressent beaucoup. Je vais me pencher sur sa bibliographie…
oui, je l’ai rencontrée un peu par hasard, mais maintenant j’aime beaucoup du coup j’ai tous ses livres.
Je ne la connaissais personnellement même pas de nom, mais grâce à toi, voilà qui est fait. Je retiens !
merci ! oui, elle est assez reconnue à présent, mais je pense moins internationalement de son vivant, c’est l’unique autrice italienne que je lis