Gliff · Ali Smith

par Electra
64 vues

J’ai lu ce roman en septembre, aussi écrire un billet aujourd’hui est une tâche compliquée. Mais je me souviens d’avoir aimé ma lecture, avoir aimé retrouver le grain de folie si personnel à Ali SMITH. J’ai adoré le quartet des saisons et j’avais hâte de retrouver la plume de cette autrice anglaise si singulière. Et Gliff a répondu une nouvelle fois à toutes mes attentes.

Je n’ai cependant qu’un conseil : soyez prêt à vous laisser porter par cette histoire. Certains vous diront qu’il s’agit de science-fiction ou d’une dystopie, d’autre parlerons de fantastique. Ali SMITH vous laisse le choix. Pour ma part, j’opte pour une fable car l’histoire commence ainsi :

Once upon a time, not very far from now, two children come home to find a line of wet red paint round the outside of their house…

Deux soeurs se retrouvent soudainement seules, leur mère leur ayant demandé de l’attendre. Dans une maison, dorénavant marquée par un sceau rouge peint à la main autour de leur maison. Effrayées, l’ainée comprend vite qu’elles doivent partir lorsqu’elle tente de joindre sa mère au numéro de téléphone qu’elle lui a laissé et qu’il n’y a personne à l’autre bout du fil. Les voilà, seules, dans un monde dangereux. Elles vont faire au cours de leur voyage plusieurs rencontres, dont celle d’un garçon et d’un cheval, Gliff.  Comme à son habitude, l’autrice anglaise s’attaque à la société contemporaine, et délivre ici à nouveau un message sur la résistance et l’espoir. Face à un monde devenu brutal, qui isole, enferme ou enlève ceux qui ne « ressemblent pas » aux autres, elle choisit deux enfants pour incarner la résistance.

Un récit qui m’a emporté, toujours avec son si particulier de conteuse. Il faut aimer le style d’Ali SMITH pour apprécier ce roman dans lequel elle exprime ici tout son talent, toutes ses particularités d’écrivaine. Il faut aimer sa poésie, son humour. L’autrice Holly Williams  a dit que chaque nouveau roman d’Ali SMITH est en soi un évènement et je la rejoins. J’ai de nouveau été enchantée par ma lecture. Il y a toujours une part de magie, et ce malgré la noirceur de ce futur.

Ainsi, lorsqu’elle rencontre un autre enfant, ce dernier (appelé Colon) leur demande de répondre à une série de questions :

Your date of birth your place of birth your ethnicity your gender your sexuality your religion your post code your latest blood test figures your education level the education level of your parents the current and historic job status and income level of your parents the ….any disabilities .. what you think of the issue of immigration today .. whether your prefer cats or dogs …your favorite number..

Et il ajoute, alors qu’elles ont peine à réaliser l’ampleur de la tâche :

And you have to answer truthfully, he said. Or they’ll know.

Who’ll know ? My sister said.

Les enfants vont heureusement rencontrer des personnes qui vont les aider et reprendre leur chemin. Le style d’Ali SMITH donne toujours cette impression d’une narration non linéaire, il faut donc accepter de se laisser porter par l’histoire. C’est pour cela que je pense toujours à elle comme une sorte de magicienne, une conteuse venue tout droit du passé. J’ai souligné plein de passages qui me confirment ici tout son talent. Elle réussit en une phrase à exprimer tellement de choses, comme lorsqu’elle écrit :

Her eyes are open, lit, black and imperturbable. They look like home.

Il est impossible en fait de résumer ce roman qui où l’autrice s’est donnée une liberté immense. Mais croyez-moi, si vous acceptez ce principe, alors cette aventure sera merveilleuse, comme ce le fut pour moi !

Je vais de nouveau me pencher sur ses autres romans, car à chaque fois, j’adore !

♥♥♥♥

Editions Penguin Random House UK, 2024, 278 pages

Photo de Annie Spratt sur Unsplash

2 commentaires

Fanja 19 décembre 2025 - 22 h 53 min

C’est une autrice qui a été en projet il y a un moment et puis je n’y ai plus pensé… Ce roman-ci me tente bien, surtout le côté fable. J’ai remarqué d’ailleurs que la plupart des romans entre science-fiction et dystopie se catégorisaient très bien en fables.^^

Reply
keisha 20 décembre 2025 - 15 h 23 min

Ma bibli n’a que Girls meet boy et Le fait est, tu les as lus? Pas de saisons en vue…

Reply

Leave a Comment