Une pause BD, ça vous tente ?

par Electra
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Nunavik – Michel HELLMAN

♥♥♥

Michel Hellman devait terminer un livre intitulé Mile End 2. Il s’est donc rendu à Kuujjuaq, Kangiqsujuaq, Kangirsuk puis Puvirnituq… pour revenir de son voyage avec un livre intitulé Nunavik.

Auteur de bande-dessinée, en panne d’inspiration et fatigué, le jeune papa a la soudaine envie de prendre le large et réaliser un de ses rêves d’enfant, partir dans le grand nord – au Nunavik, région située au nord du Québec. Notre auteur part sur un coup de tête sans avoir vraiment préparé son voyage sauf quelques destinations phares. Michel Hellman déchante un peu à son arrivée, l’accueil est plutôt froid, l’atmosphère désolée et les habitants en ont sans doute marre de voir débarquer ces « touristes ».

J’ai pensé très rapidement à Guy Delisle et à ses romans graphiques sur ses séjours à l’étranger.  L’auteur dépeint ce qu’il voit,  tel quel, sans essayer d’embellir la réalité ou nier les difficultés qui rongent la communauté comme la pauvreté, l’alcoolisme et la destruction de l’environnement. Il raconte chaque étape de son voyage, ses rencontres et son incompréhension face à des comportements ou à cette culture éloignée de la sienne. Il en ressort forcément un sentiment mitigé, comme voir cette région oubliée du reste du pays, sa population coincée entre modernité et culture ancestrale et les ravages de l’alcool.

 

J’ai passé un bon moment, très instructif et j’ai bien aimé le dessin, sans fioriture et pourtant très expressif. J’ai un exemplaire dédicacé en plus, cadeau de ma copine Marie ! Merci ma belle 🙂

Editions Pow Wow, 2017, 150 pages

La femme qui prenait son mari pour un chapeau – Fiama LUZZATI

♥♥♥♥

Dans ce voyage au pays du cerveau, guidée par des neurologues et des psychiatres de renom, Fiamma Luzzati rencontre un homme qui mange les portes, une femme qui prend son mari pour un chapeau, une autre dont la main gauche défait ce que fait la droite… Le résultat est un hommage à la fois vif, touchant et drôle au grand neurologue et écrivain anglais Oliver Sacks.

J’ai un aveu à faire, il y a très longtemps j’ai emprunté le livre d’Oliver Sacks (La femme qui prenait son mari pour un chapeau) à une amie à la fac et je ne lui ai jamais rendu. Je l’ai toujours gardé, dans son emballage kraft. Si tu lis ce message Virginie, tu peux venir le chercher ! Dans ce roman graphique, Fiamma Luzzati s’inspire du romancier et neurologue pour se plonger dans le monde étrange de la maladie mentale. Pas du point de vue des psychiatres, ni du point de vue des maladies comme la schizophrénie mais de ces accidents de la vie qui modifient le fonctionnement du cerveau. Principalement, les fameux traumatismes crâniens et leurs conséquences.

Le cerveau est sans doute une des machines les plus complexes de l’univers et il réagit différemment à chaque fois que l’on y touche. En prenant l’exemple de cas concrets (accidents et une ou deux maladies dégénératives cognitives), l’auteure partage les changements parfois subtiles qui s’opèrent chez les patients. Les effets les plus étranges sont la perte d’empathie, d’intérêt. Comme cet homme très carriériste qui du jour au lendemain se fiche de son travail, de sa carrière, de tout. Plus rien ne l’intéresse.

Ou alors cette femme qui perd peu à peu la mémoire….  Le cerveau se dérègle, il peut parfois compenser mais il reste profondément mystérieux. J’ai été très touchée par certaines histoires, comme cette femme dont la main gauche défaisait ce que la main droite faisait et qui finira par mettre fin à ses jours. Un livre passionnant et instructif !

Éditions Delcourt, 2016, 256 pages

Exit Wounds – Rutu MODAN

♥♥♥

J’ai pris ce roman graphique par hasard à la BM en allant rapporter des livres. J’ai juste vu que ce roman graphique était israélien et qu’il était question d’une personne disparue pendant un attentat.  Ce livre m’a un peu désarçonnée car l’auteur réussit à surprendre le lecteur constamment tout au long de l’histoire. On y suit le parcours d’un homme (la trentaine?) qui s’est brouillé avec son père il y a plusieurs années, l’homme étant profondément égocentrique.

Mais un jour une femme militaire le contacte en lui disant qu’elle est presque sûre que la victime non identifiée d’un attentat dans une station d’essence est son père.  Le héros ne la croit pas et se demande comment cette jeune femme peut connaître son père .. Il accepte finalement de la suivre dans sa quête de vérité …

Les personnages sont troublant – le héros, chauffeur de taxi, est un peu mou (même du corps) et lorsqu’il croise sur sa route cette jeune femme au physique ingrat (presque masculin, elle le dépasse d’une bonne tête), il sort de sa torpeur. Les deux forment un couple disparate. On découvre alors la profondeur et la complexité de leurs vies et on s’attache à eux.

J’ai beaucoup aimé les suivre dans cette quête du père, de l’amour filial, de l’amour tout court dans un contexte de terrorisme.  J’étais aussi heureuse d’être « de retour » en Israël. Le dessin peut sembler un peu naïf mais l’ensemble se lit avec plaisir. Les personnages censés être « beaux » ne le sont absolument pas ce qui m’a fait sourire.

Editions Acte Sud, 2007,  trad. Rosie Pinhas-Delpuech, 156 pages

 

Et pourquoi pas

12 commentaires

Fanny 2 février 2018 - 6 h 28 min

Les deux premiers m’intéressent mais plus particulièrement le deuxième ! Je suis fascinée par le cerveau!

Electra 2 février 2018 - 7 h 02 min

Alors n’hésite pas une seconde, il est passionnant ! et le dessin et l’humour font que tout passe bien 🙂

keisha 2 février 2018 - 7 h 13 min

Le premier m’intéresse, forcément, le deuxième, ma foi, je peux lire le livre dont c’est tiré, et le troisième, je le relirais bien (et si tu trouves l’autre BD de rutu Modan, vas y c’est bien aussi (voyage en Pologne)

Electra 2 février 2018 - 7 h 18 min

Le livre de Sachs est bien mais je trouve que la version graphique ludique est une bonne entrée en la matière. Pour Modan je vais voir si dispo à la BM. Mais as-tu lu celle-là ?

Mes échappées livresques 2 février 2018 - 11 h 03 min

Très sympa ce billet BD! je note Nunavik pour la biblio! Curieuse aussi pour la deuxième…

Electra 2 février 2018 - 11 h 31 min

Merci ! Il y a des bonnes BD (et je suis ravie de posséder Nunavik) – la troisième est étrange mais rares sont les bd situées en Israël. 3 bons souvenirs !

Marie-Claude 2 février 2018 - 19 h 07 min

« Nunavik »: c’était bien, quand même!
Je suis fan de Rutu Modan. Et il me faut absolument ce « Exit Wounds ».

Electra 2 février 2018 - 19 h 14 min

Mais oui je le dis ! je le compare même à Guy mais c’est quand même un peu triste de voir la situation de ces populations 😉 et j’adore la dédicace !
Je ne connaissais pas Rutu Modan mais tu vas aimer « Exit Wounds » c’est très étrange mais ça t’ira !

Tasha 3 février 2018 - 10 h 42 min

Ah tu me tentes avec le premier, que je ne connais pas du tout! Quant à Exit Wounds, je l’ai commandé, et en te lisant j’ai encore plus hâte de le lire. J’ai tant aimé La propriété…

Electra 3 février 2018 - 10 h 43 min

Il me faut La propriété tout le monde en parle je file à la bibliothèque – j’espère trouver mon bonheur

Jerome 5 février 2018 - 12 h 35 min

Je ne connais aucun des trois mais je n’ai pas spécialement envie des les découvrir pour le coup 😉

Electra 5 février 2018 - 12 h 54 min

Étrange venant de ta part, je croyais que tu aimais Delisle ? et sur le cerveau, c’est instructif et ludique .. mais je sais que tu lis beaucoup de BD jeunesse …

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