Nous sommes en 1989. Paul et Lucie sont ensemble depuis plusieurs années et vivent en appartement avec leur petite fille, Rose (âgée de 4-5 ans). Ils partent rendre visite aux parents de Lucie, Roland et Lisette Beaulieu qui ont quitté Boucherville pour s’installer dans un village à deux pas de la ville de Québec, Saint-Nicolas.
Ils vont y passer le week-end de la Saint Jean-Baptiste (ce qui veut dire quoi ? Je ne connais pas…) en compagnie des autres soeurs de Lucie, de leurs enfants et de leurs époux. Roland et Lisette ont eu trois filles, Lucie est la cadette. A cette époque, un mouvement politique secoue le pays : une partie de la population rêve d’un « Québec libre » mais chez les Beaulieu on est Canadiens avant tout 😉
Le week-end est un moment de fête, les enfants, les gendres et les cousins dorment tous ensemble. On joue, on pêche, on chasse, on s’amuse beaucoup. De retour à Montréal, Paul et Lucie décident d’acheter leur première maison. Ils découvrent alors que Roland est malade, le père de Lucie a un cancer.
Rose entre en CP quand ses grands-parents maternels décident de vendre leur propriété de St-Nicolas pour se rapprocher de leurs enfants. Désormais, ils vivent dans un condo à Montréal. Le traitement semble fonctionner. Lorsque Paul et Lucie achètent un petit chien à Rose – dont ils tombent totalement gaga (j’adore ces deux pages), Roland fait de même !
Michel Rabagliati choisit la bande-dessinée pour livre un témoignage émouvant sur son beau-père à travers le regard de Paul. Roland Beaulieu avait quitté son entreprise en 1982 pour une retraite bien méritée, après avoir gravi tous les échelons. Il était vice-Président d’une grosse entreprise. Une carrière exemplaire. Paul avait longtemps cru que l’homme était né bourgeois or c’est un self-made man qui va lui confier au cours d’une promenade son extraordinaire parcours. J’ai trouvé cette partie du livre touchante car étrangement je n’ai jamais pensé que la vie au Québec pouvait être aussi difficile. Né dans une famille très pauvre, d’un père alcoolique et violent, il a 10 ans quand sa mère l’abandonne lui, ses quatre frères et ses cinq sœurs. Il sera placé chez les frères mais se retrouvera à la rue à 18 ans… Je vous laisse découvrir la suite. Il rencontre Lisette, la fille de son patron et l’épouse en 1958. Naissent ensuite Suzanne, Lucie et Monique.
La dernière partie du livre est sur la maladie, ce foutu crabe qui finit par prendre le dessus et oblige la famille de Roland à le placer en maison de soins palliatifs. Je ne sais pas comment a fait le dessinateur pour raconter avec autant de justesse ces instants difficiles et précieux de la vie d’un homme, dont la fin approche. Cet homme qui perd sa dignité un temps face à cette maladie impitoyable. Ces filles qui se serrent les coudes pour l’accompagner dans son dernier voyage. Et cet instant où il accepte son destin. Tragique et émouvant.
Considéré comme le plus beau tome de la série des Paul, Paul à Québec est effectivement à part dans la série. Parce qu’il traite de sujets graves et du temps qui passe, mais aussi de l’importance de la famille, du soutien, du rire face à la maladie. Tout y est. Toujours avec humilité et sensibilité, l’auteur québécois ravit à nouveau mon cœur.
Mais étrangement, ce n’est pas cet album qui aura le plus fait frémir mon petit ♥, mais bien le premier tome que j’ai lu (qui est en fait le 7ème…), celui de Paul au parc qui traitait aussi de la mort.
Et fidèle à lui-même, Michel Rabagliati continue de m’étonner avec l’emploi d’expressions les plus farfelues les unes que les autres, pour la petite Française que je suis 🙂
Le week-end de la Saint-Jean-Baptiste ? et que dire de « ils font exprès pour t’étriver p’pa », « l’eau reste à 80° qui fasse frette ou pas », « Sibonac, pis moé, où c’est que j’dors « , « la p’tite s’est enfargée dans la lampe », c’est quoi c’te simonac de machine-là? », « Batêche, il est 3h du mat », « pas chaud, pochette « , « ma mère a fini par sacrer son camp avec un autre homme » et enfin, « j’ai pogné à un cancer à la prostate » – traducteurs bienvenus !
Et puis on « ferme » la lumière chez eux. Chez nous, on l’éteint ! 😉
Je sais qu’un dernier tome est sorti, Jérôme et Marie-Claude ont déjà mis la main dessus mais je vais encore patienter, parce ce que je n’ai pas lu toute la série (4 sur 8) et parce que ça serait dommage de finir aussi vite !
♥♥♥♥
Editions La Pastèque, 2010, 187 pages
17 commentaires
Hélas je n’ai pas accroché, trop de parler québécois tue le parler québécois… Cela freinait trop la lecture.(les copines d’outre atlantique, ne me tapez pas!)(sur les blogs de ces copines là, il n’y a pas tant de parler comme ça, et je m’y retrouve)
😉 Tu as vu que je demande également quelques traductions ? J’ai compris, je pense, le sens global mais oui parfois ça fait beaucoup à « avaler » ! Marie-Claude joue les traductrices donc je note !
Contente que tu aies aimé! C’est effectivement un tome à part, qui a une place spéciale dans mon cœur parce que tellement touchant!
Je peux te traduire certaines expressions si tu veux:
Le week-end de la Saint-Jean-Baptiste fait référence au 24 juin, la fête nationale du Québec.
Étriver veut dire embêter, taquiner.
Frette c’est froid… mais encore plus froid. Dans ce temps-là on dit « Il fait frette »!
Moé = moi
Simonac ou Sibonac, batêche, ce sont des jurons assez légers.
Enfarger = trébucher
Sacrer son camp = s’en aller
pogner = attraper.
Par contre celle de la pochette je n’ai pas compris ni la phrase ni le sens?? Il faudrait que je la lise dans la bd…
Le dernier tome, Paul dans le nord, est un de mes préférés 🙂 Vraiment très bon aussi!
Oh merci pour toutes ces traductions 😉
Je ne connaissais pas ces expressions et pas la fête nationale non plus 😉
Oui, il est vraiment très touchant et je réserve Paul dans le nord pour dans quelques mois 😉
Pour pochette, pas compris non plus ! Et je ne me souviens plus trop du contexte …
Ça me fait plaisir 🙂
Pour la St-Jean c’est quand même étonnant parce que c’est aussi célébré (ou ça l’a été) dans quelques parties d’Europe: Belgique, France, Espagne… C’est souvent associé au solstice d’été. Ce sont les français qui nous ont apporté cette fête, c’est seulement que ça a prit un sens plus politisé ici, plus patriotique aussi et qu’au fil du temps c’est devenu notre fête nationale.
Excellente traduction, Geneviève! Je n’aurai pas mieux fait!
Contrairement à plusieurs, Paul à Québec n’est pas mon préféré de la série. Le côté mélo-dramatique est peut-être trop appuyé à mon goût.
Prends ton temps pour le reste… Sinon, tu vas «passer à travers» dans le temps de le dire!
Oui ce n’est pas mon préféré mais là je vais faire une longue pause .. j’ai noté tous les Paul et d’ici six mois, j’imagine que le dernier sera arrivé à la BM … mais quelle superbe découverte !
Oui le St-Jean, je connais bien et c’est bien fêté mais personne ne dit St-Jean-Baptiste ! D’ailleurs, je pensais que c’était St-Jean, un point c’est tout et je pense que beaucoup de français la connaissent ainsi et dans le livre il ne précise pas la date du 24 juin 🙂
C’est le seul Paul que j’ai lu pour le moment et j’ai beaucoup aimé. L’auteur a réussi à parler de cette maladie en restant délicat, respectueux, fin. Le tour qu’il a véritablement réussi est de terminer ce tome sur une note qui est loin d’être plombante, malgré l’issue fatale. Je crois avoir lu qu’il est lui-même passé par cette triste épreuve, dans son entourage. D’où sa « facilité » à partager les émotions autour de ça.
Par ailleurs, beaucoup de « parler » québécois, mais que j’arrive assez facilement à en deviner le sens, ouf! ça a le chic de me faire voyager! J’ai trouvé à la bibliothèque « Paul au parc »!
Petite question aussi aux québécois!!! On dit « à Québec » ou « au Québec »?
Oui une très belle histoire ! On dit à Québec quand on parle de la ville et au Québec quand on parle de la région
Celui-là restera toujours au-dessus des autres pour moi. Parce qu’il est tragique et émouvant comme tu le dis. Mais pas que. Il est d’une infinie tendresse, d’une absolue pudeur et de plein d’autres choses. Bref… 😉
Oui, je vois bien que c’est ton préféré, moi ça reste (pour le moment, n’ayant pas encore lu tous les autres) Paul au parc 😉
Tu sais que je ne suis pas très BD, mais là avec ce sujet rude, c’est encore moins pour moi. par contre je sais à qui l’offrir, un vrai fan de BD et de romans graphiques.
Ah tant mieux ! Oui le sujet est rude mais traité avec grande intelligence, finesse et même de l’humour comme tu peux le voir sur la planche où les sœurs rigolent 😉
J’aime beaucoup cette série tendre, drôle et parfois grave. J’ai justement emprunté « Paul au Parc » à la bibli récemment, très beau !
Oui ! J’ai adoré Paul au Parc et on retrouve tout ça (mais le livre est deux fois plus imposant) dans Paul à Québec ! N’hésite pas à mettre la main dessus si tu le croises en bibli 😉
[…] que ce tome-là m’a plu mais ne m’a pas ravi le cœur comme Paul au Parc ou Paul à Québec. Mais si vous êtes aussi fan que moi, il est évidemment à lire […]
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