Margaret The First · Danielle Dutton

par Electra
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L’une de mes résolutions pour 2019 est de lire chaque mois un livre qui sort de ma zone de confort, et un roman historique se déroulant au 17ème Siècle en est le parfait exemple. Découvert en suivant plusieurs booktubeuses anglophones, ce court roman de Danielle Dutton sur Margaret Cavendish me faisait de l’oeil, j’ai craqué …. et ce fut le coup de foudre !150 petites pages qui se dévorent à toute vitesse, où l’on suit la vie de Margaret Cavendish, née Lucas à l’époque où la Royaume-Uni est en pleine révolution, sous le joug de Cromwell. J’ignorais qui était Margaret Cavendish et pourquoi le livre s’intitule ‘Margaret The First ». J’ai suivi la série des Tudor et je connais un peu l’histoire de la royauté britannique mais j’ignorais tout de cette jeune femme. Grave erreur ! Car Margaret Cavendish fut tout simplement une des premières femmes publiées sous son nom, et nous sommes au milieu du 17ème Siècle.

Danielle Dutton a choisi la forme du roman pour narrer la vie de cette jeune femme fantasque, unique et son choix est le bon. Margaret, devenue Duchessse, a en effet publié plusieurs recueils de poèmes, mais également des essais féministes et même de la science fiction utopiale à une époque où être « auteure » n’était pas envisageable pour une femme.

La jeune femme est née dans famille de royalistes très influents, dernière fille de la fratrie, la petite Margaret ne ressemble pas à ses soeurs. Elle préfère le monde des livres et noircit très vite de petits carnets, sortant très peu. Au grand désarroi de sa famille, qui l’envoie vivre auprès de la Reine à la cour. Peu de temps après son arrivée, elle croise la route de William Cavendish, dont la défaite à la guerre coïncide avec le renversement du roi Charles 1er. La jeune femme épouse Cavendish, de trente ans son aîné et tous deux fuient en France. La guerre civile fait rage et les révolutionnaires mettent à feu et à sang le royaume.  Commence alors un exil de plus de quinze ans, à Paris puis à Anvers.

Margaret est jeune et jolie mais préfère la compagnie de l’encrier où elle noircit feuillet après feuillet. Encouragée et soutenue par son époux (chose rare à l’époque), elle ose proposer ses textes à un éditeur et voit son rêve se réaliser. La jeune femme en a marre d’être la « silencieuse », celle, assise sur les marches ou dans un coin du salon, écoutant les soirées philosophiques où participent Anglais et Français, comme le présomptueux Descartes. La jeune femme adorerait participer et théoriser à son tours, mais à cette époque, les femmes ne sont pas considérées comme telles.

Malgré tout, Margaret ne cédera jamais et continuera de publier, malgré les opprobres de certaines connaissances. Soutenue par son mari, puis par le Roi, elle fera bientôt sensation dans le Londres d’après guerre. « Mad Madge » (son surnom) deviendra célèbre, et ne cessera de vouloir exister. Une vie romancée magnifiquement, on s’attache à cette jeune femme frêle, incapable d’enfanter, mais dont l’esprit créatif ne cesse de travailler. Elle écrit des essais féministes, s’essaie à la science, remet en cause certaines idées en cours à cette époque et sera la seule et unique femme invitée à la Société Royale de Londres (une société qui prônait la science) pendant plus de deux cents ans.

J’ai adoré la plume de Danielle Dutton, qui fait de Margaret un esprit libre et moderne et surtout gomme toute distance que le lecteur pourrait ressentir, surtout une lectrice comme moi, peu friande des romans historiques.  Pour ceux que cela pourrait impressionner, je l’ai plus vécu comme un roman contemporain situé dans le passé que l’inverse. Danielle Dutton a une plume incisive qui permet de suivre la vie de Margaret dans l’ordre chronologique sans jamais se lasser.

Margaret est tellement vivante, ses craintes, ses idées, son côté très fantasque (les étoiles sur le visage c’est son idée), et surtout son souhait d’exister est extrêmement fort. Elle rêve d’être considérée comme les hommes à cette époque (Descartes ou Boyle), d’être lue et entendue et vue comme une intellectuelle et pas une simple Noble pleine de lubies. J’ai adoré le choix narratif qui fait d’elle quelqu’un de très proche.

Et puis, j’ai appris énormément sur le règne de Cromwell, sur l’histoire anglaise à cette époque et l’exil des royalistes.

150 pages concises mais parfaites ! De Londres à Paris, d’Anvers à la campagne anglaise, embarquez-vous aux côtés d’une figure historique féminine et féministe !

♥♥♥♥♥

Editions Scribe, 2016, 160 pages

Et pourquoi pas

4 commentaires

keisha 19 août 2019 - 8 h 08 min

Bonne pioche! Comme je ne connais pas cette période et ce personnage, je sens que j’aimerais pareillement

Electra 19 août 2019 - 11 h 12 min

Oh oui, tu vas aimer, c’est jouissif de voir cette petite bonne femme faire ce qu’elle veut comme elle le veut à une époque où tout était réservé aux hommes !

Marie-Claude 22 août 2019 - 1 h 22 min

Punaise! Un roman historique se déroulant au 17ème siècle ? Tu es à mille lieues de ta zone de confort! Je ne suis pas prête à aller jusque là! Un petit roman français contemporain, au pire…

Electra 22 août 2019 - 11 h 04 min

je te sais, toi et les romans historiques et pourtant il était super ! très court (150 pages) et cette femme était si évoluée, si indépendante ! j’aime bien quand des personnages bousculent tout ! par contre, moi un petit roman français contemporain, beurk ! LOL

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