Une pause BD, ça vous tente ?

par Electra
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Les vacances ont été synonymes pour moi de réouverture des médiathèques. Du coup, je me suis précipitée le 10 juillet et en vacances, les emprunts ont des délais plus longs. J’ai emprunté (je crois) près de 10 bande-dessinées et romans graphiques. Je ne les ai pas encore tous lus mais j’en ai déjà trois à vous présenter, dont un coup de coeur.

 

Simon de Beauvoir, une jeune fille qui dérange – Sophie Carquain & Olivier Grojnowski
♥♥(♥)

connais en grandes lignes la vie de Simone de Beauvoir et sa relation avec Sartre. Je ne connais pas du tout son oeuvre, à part en avoir lu des extraits. Mais comme j’aime les biographies graphiques, je n’ai pas hésité. Le dessin, en noir et blanc, m’a plu. Il s’agit de l’oeuvre d’Olivier Grojnowski. Le scénario de Sophie Carquain dresse sans doute un portrait très fidèle de cette jeune femme, de son enfance, son adolescence et aborde ensuite sa relation avec Sartre.

Qui était la petite Simone ? Elle adorait Jo Marc, rêvait d’une carrière alors qu’à l’époque les femmes étaient juste censées se trouver un époux. Née dans une famille aisée, soudainement ruinée, Simone avait connu de manière un peu brutale le changement de vie de ses parents et a gardé un souvenir très mitigé de ses premières années. Avant de devenir l’une des plus brillantes féministes et intellectuelles de son temps. Le roman se lit bien. Simplement, il ne m’a pas donné envie d’aller lire ses écrits. Je n’ai pas eu la petite étincelle. Et si j’ai découvert son enfance, je n’ai pas eu non plus le sentiment d’en apprendre tellement plus sur la femme qu’elle était.

Editions MARAbulles, 2016, 128 pages

Les aventuriers du cubisme – Julie Birmant & Pierre Fouillet
♥♥♥♥

J’avoue : ma période préférée artistique est la première moitié du 20ème Siècle. Que ce soit le fauvisme, le cubisme, l’impressionnisme ou le surréalisme, je trouve cette période fascinante. Et Montmartre qui à l’époque regorgeait de ces artistes, venus de tous les pays, révolutionner notre vision classique de l’art. Cette bande-dessinée choisit de suivre la trace d’un marchand d’art (ayant véritablement existé) qui va aller à la rencontre de tous ces artistes, connus ou totalement invisibles et leur acheter leurs toiles. A l’époque, la foule se pressait aux salons pour les juger et parfois les descendre en flammes. Ce fut le cas de beaucoup de peintres considérés aujourd’hui comme des génies (Gauguin par exemple).  Ces joyeux illuminés ne se laissaient pas abattre : Cézanne, Picasso, Braque, Derain, des poètes comme Apollinaire ou Max Jacob et des marchants d’art .. tous se suivent, s’épient, s’aiment ou se détestent dans ce petit monde parisien mais ne cessent de produire. La maladie, la guerre, les rattrape. Mais leurs toiles sont là. Un vrai plaisir que de les suivre à travers le prisme du cubisme. C’est drôle et jouissif.

Editions Steinkis, 2018, 109 pages 

Heimat – Nora Krug
♥♥♥♥♥

Je l’ai lu en anglais mais bonne nouvelle, il est déjà traduit en français aux éditions Gallimard Jeunesse (2018).

Définition : Heimat est un mot allemand qu’il est impossible de traduire par un seul mot français, bien qu’il corresponde à un sentiment universellement répandu. Il désigne à la fois le pays où l’on naît, le village où l’on a grandi, mais aussi la maison où on a passé son enfance ou celle où on est chez soi.

Que dire ? A la fois un roman d’introspection, quand une jeune femme allemande émigrée aux USA depuis douze ans, décide subitement de se pencher sur le passé de sa famille. Nora a grandi dans les années 1980, en Allemagne près de la frontière française. Sa maison faisait face à une base militaire aérienne américaine. Elle a appris le passé de son pays à l’école. A l’époque, nos deux pays s’étaient rapprochés. L’amitié franco-allemande. A 18 ans, Nora part à New York. Assise sur la terrasse d’un immeuble, elle discute, lorsqu’une vieille dame, allongée dans un transat, remarque son accent et lui demande d’où elle vient. Je suis allemande, répond-elle. Nora lui demande si elle est allée en Allemagne et lorsque la vieille dame lui répond que oui, il y a très longtemps tout en évitant son regard, Nora saisit soudainement la situation.

La dame lui raconte alors ses années dans les camps de concentration et comment elle a échappé à SEIZE reprises à la chambre à gaz, alors qu’elle était à la porte de la chambre parce qu’une gardienne du camp venait la reprendre à chaque fois. Sans doute, pense-t-elle était amoureuse de moi. 16 fois. Nora a épousé un américaine et a deux enfants. Et face à cette nouvelle génération, une question la taraude : et sa famille, sa propre famille, quel rôle a-t-elle joué dans la grande Histoire ? Nora parle à sa mère et à son père et retourne dans son pays d’origine frapper aux portes et poser des questions qui dérangent forcément. Entre son grand-père maternel, Willy, dont l’appartenance ou non au parti Nazi l’obsède et l’oncle de son propre père, Franz-Karl, mort au combat à 18 ans en 1944, fierté de la jeunesse hitlérienne, Nora découvre tout un passé trouble et bien enfoui. Mais les traces sont là.

 

 

Le roman graphique lui-même ressemble à un scrapbook, où articles, photos, dessins, arbres généalogiques, courriers, documents officiels se côtoient. Qui était cet oncle mort si jeune ? Et pourquoi son père, né après la guerre porte-t-il le même prénom ?  Ajoutez-y les objets fétiches qui lui rappellent son pays : la colle U-hu, le pansement Hansaplat, je ne saurais que trop vous conseiller ce roman imposant, long et passionnant. Mais comment aurait-on fait si nous étions nés allemands ? Comment aurions-nous transmis notre histoire à nos enfants ?

 

Un énorme coup de coeur.

Particular Books, 2018, 288 pages

Et pourquoi pas

4 commentaires

La Rousse Bouquine 4 septembre 2020 - 12 h 50 min

Je ne connaissais pas la BD sur Simone de Beauvoir ! J’avais adoré lire « Mémoires d’une jeune fille rangée » donc elle pourrait m’intéresser.
Il faut vraiment que je me réinscrive en médiathèque pour aller fouiller dans les BD !

Electra 4 septembre 2020 - 22 h 25 min

Et moi je dois lire ses oeuvres. Oui, les médiathèques sont formidables pour les BD on trouve des pépites à chaque fois !

Mes échappées livresques 4 septembre 2020 - 15 h 02 min

J’avais déjà repéré la BD sur Simone de Beauvoir, je pense opter pour un emprunt, on verra bien. Et je note tout de suite Heimat, le sujet m’intéresse beaucoup!

Electra 4 septembre 2020 - 22 h 26 min

oui Heimat a réussi à te passer entre les doigts ! C’est vraiment impressionnant comme travail et puis troublant de voir cette jeune femme redécouvrir le passé de sa famille pendant ces « années-là »

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