Intimations · Zadie Smith

par Electra
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Le challenge Non Fiction November continue avec Zadie Smith. Croyez-le ou non mais je n’avais encore jamais lu Zadie Smith. Pourtant je possède deux de ses romans et un livre d’essais. Alors pourquoi ?

Je l’ignore. J’ai lu des articles qu’elle a écrit au fil du temps. J’avais peut-être inconsciemment peur de ne pas l’aimer ? Du coup, la parution d’Intimations, ce petit recueil de six essais m’a paru idéal pour aller à sa rencontre.

82 pages et une vingtaine de post-it ! J’ai aimé et surtout j’ai réalisé qu’elle écrivait tel que je l’imaginais. Zadie Smith est Anglaise mais vit et enseigne à New York. Elle a commencé à rédiger ces essais lorsque New York a plongé dans la pandémie, et que soudainement, toute vie s’est arrêtée.

Zadie Smith s’est entendu dire que rester enfermer chez soi n’était pas en soi un grand changement pour les écrivains, mais comme le dit Déborah Levy, c’est faux. C’est en observant les autres, en écoutant le monde, que l’autrice se nourrit. Comment ainsi a-t-elle pu retrouver le chemin de l’écriture ? Elle se rend compte qu’avant elle se cachait du monde. Et là soudainement, ce silence assourdissant l’accable. Comment écrire ? Elle m’amuse en disant qu’écrire c’est comme faire un pain à la banane, ce sont juste deux choses qu’il faut réaliser. Elle aborde avec intelligence la frénésie qui s’est alors emparée des réseaux sociaux où certaines personnes mettaient en valeur tout ce qu’elles accomplissaient pendant cette quarantaine forcée : apprendre une langue, écrire un livre, faire du sport, réaliser de somptueux plats … La pression qu’ils ont d’être utiles, de faire quelque chose, d’être productifs. Zadie Smith, pour sa part, me fait sourire en concluant :

I do feel comforted to discover I’m not the only person on this earth who has no idea what life is for, nor what is to be done with all this time aside from filling it.

Zadie Smith parle d’elle, en tant que femme et son rapport à la nature, à la vie. Elle aborde cette Amérique, qui contrairement à l’Europe, n’a jamais vécu la guerre chez elle. Ils sont allés se battre en Europe, en Asie,  dans le Pacifique mais jamais chez eux, pas depuis la guerre civile. Et idem pour les pandémies, elles n’ont jamais frappé. La mort leur était inconnue. La Covid-19 est venue soudainement leur rappeler la fragilité de leur croyances. La mort s’est invitée en Amérique. Et à l’heure où je tape ces mots, les chiffres se sont emballés.

J’aime aussi les essais lorsqu’elles parlent de ses voisins, de cet homme dans son fauteuil roulant, de sa voisine avec son petit chien, de son incapacité à survivre dans un monde post-apocalyptique. Elle revient sur son métier d’enseignante, comment devient-on écrivain ? Elle cite Susan Sontag. Votre style, c’est votre signature mais aussi le moyen d’exprimer quelque chose qui vous tient à coeur.

Un court recueil que j’ai déjà envie de relire, mais j’ai surtout tous ses autres livres à lire !

♥♥♥♥

Penguin Random House, 2020, 82 pages

Photo by Wynand van Poortvliet on Unsplash

Et pourquoi pas

4 commentaires

keisha 30 novembre 2020 - 13 h 30 min

Je ne peux que te recommander changer d’avis, ce n’est pas un roman, et j’ai franchement beaucoup beaucoup aimé, à relire mon billet
http://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2015/01/changer-davis.html

Electra 1 décembre 2020 - 8 h 19 min

en te lisant j’ai cru que tu me demandais de changer d’avis concernant ma lecture de Zadie Smith LOL je n’avais pas vu que c’était le titre d’un de ses recueils (je la lis en anglais)
j’ai déjà pas mal de choses à lire d’elle mais je le note pour le prochain challenge Non fiction ! merci

Hélène 2 décembre 2020 - 9 h 58 min

Tu me donnes envie de la relire ! Je ne connaissais pas ce recueil merci

Electra 2 décembre 2020 - 10 h 43 min

De rien, il est court et c’est la seule réflexion sur la pandémie

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