The fire next time ∴ James Baldwin (La prochaine fois, le feu)

par Electra
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Je n’ai jamais lu James Baldwin. Je l’ai étudié à la fac (histoire des Etats-Unis), j’ai vu un documentaire sur sa vie mais je n’avais jamais lu son oeuvre. J’ai acheté récemment deux de ses livres :  Go tell it on the mountain et The Fire next time.

J’ai lu le second, très court, en une fois. Nous sommes en 1963, une période où les mouvements civiques en faveurs des Noirs bouleversent l’Amérique et où de nouvelles idées émergent,  menées par les Black Panthers. James Baldwin rédige ici deux lettres à l’occasion du centenaire de la Proclamation de l’Emancipation qui exhorte les Américains, Noirs et Blancs, à attaquer le terrible héritage du racisme.

James Baldwin ne propose pas de solution miracle. Il revient sur son enfance à Harlem et sonde le racisme, « institutionnalisé, enseigné et répété » à travers le prisme de l’histoire américaine et de sa propre expérience. Il accuse mais ne condamne pas les Blancs car il croit profondément au changement et à l’éducation.  Malgré tout, il n’excuse rien. L’auteur ne fait pas de cadeau lorsqu’il s’exprime, surtout en revenant sur l’esclavage et ce racisme institutionnalisé mais Baldwin est avant tout un homme réfléchi et modéré. Il est dans la lignée de Martin Luther King.

Il refuse les extrémismes, des deux côtés. Dans sa deuxième lettre, il accepte l’invitation du leader des Black Panthers – celui-ci exhorte les Noirs américains à exiger la création d’un pays. Il exige que l’Etat américain, en redevance des siècles d’esclavage, leur octroie plusieurs Etats. Mais Baldwin réfute cette idée. Il se sent Américain, les Noirs américains n’ont pas d’autre identité. En arrachant leurs ancêtres esclaves du continent Africain, on leur arraché leurs racines. Et puis économiquement, le projet n’est pas viable. James Baldwin s’oppose également à toute forme de violence.

J’ai hésité à souligner certains passages, mais j’aurais fini par souligner la moitié du livre ! Un texte qui vous remet les idées en place, vous rappelle votre situation privilégiée (si vous êtes Blanc). Bestseller national lors de sa publication en 1963, le livre de James Baldwin donne une voix au mouvement émergeant des droits civils et permet aux lecteurs non Américains d’appréhender au mieux le racisme à cette époque et qui gangrène toujours la nation américaine en 2018.

Le magazine littéraire du New York Times l’avait résumé ainsi : « un sermon, un ultimatum, une confession, un témoignage, un testament et une chronique, The Fire Next Time est tout cela à la fois et présenté dans une prose sublime et brûlante ».

Une lecture qui exige de l’attention et que j’ai lu à un moment où je n’étais pas si disponible, d’où ma note mais je pense que ce livre devrait être étudié dans nos facultés surtout lorsque l’on aborde cette partie de l’histoire américaine. Je suis heureuse de l’avoir découvert et j’ai hâte de lire ses autres écrits, et j’ai une pensée pour cet homme qui aura choisi de s’installer en France.

♥♥♥♥♥

Editions Penguin Classics, 1990, 96 pages

Et pourquoi pas

12 commentaires

Mingh edwige 26 avril 2018 - 10 h 58 min

Présent dans notre actualité ici dans ma région puisque son ancienne maison fait toujours l’objet de tractations plus ou moins licites… J’espère que grâce à un comité de soutien nous parviendrons à la conserver au public… Le contraire serait vraiment affligeant. Merci pour ton éclairage .

Electra 26 avril 2018 - 14 h 54 min

Oui j’ ai vu ça à la télévision ! Apparemment la mairie se fiche de ce grand écrivain

keisha 26 avril 2018 - 13 h 35 min

OKOK, oui c’est un auteur à lire

Electra 26 avril 2018 - 14 h 54 min

Oui

martichat 26 avril 2018 - 15 h 03 min

J’ai vu un documentaire très intéressant à son propos l’année dernière. « I am not your negro  » de Raoul Peck. Il m’avait donné envie de le lire et je ne l’ai toujours pas fait…

Electra 26 avril 2018 - 19 h 19 min

Moi aussi étudie à la fac et croisé sans arrêt depuis ! Pourquoi ?!

Nicole Dupré 26 avril 2018 - 21 h 47 min

Dans le même ordre d’idée, le livre de Leroi Jones : Le Peuple du blues, sur l’évoltion de la société américaine noire, à travers le prisme de la musique. Pas un roman mais un document intéressant.

Electra 26 avril 2018 - 23 h 43 min

Ah je note ! J’aime quand on regarde la société à travers le prisme artistique !

Fanny 27 avril 2018 - 18 h 22 min

J’ai découvert James Baldwin avec le documentaire I Am Not Your Negro, je n’en avais jamais entendu parler avant! Ça a été une vraie révélation ! Je lirai avec attention les ouvrages que tu cites!

Electra 27 avril 2018 - 19 h 05 min

Ah ! Comme quoi ! La liste d’auteurs à lire ne cesse de grandir du coup

luocine 29 avril 2018 - 11 h 25 min

Je viens d’entendre un eémission où on parlait d elui, j’ai eu très envie de le découvrir je vais le faire au plus vite, merci.

Electra 29 avril 2018 - 13 h 06 min

De rien bonne lecture !

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