Don’t call us dead ∴ Danez Smith

par Electra
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Finaliste pour le prix du National Book Award, le recueil de poésie de Danez Smith m’a particulièrement intrigué. Je l’ai croisé souvent sur les sites anglophones. Ces poèmes écrits par un jeune Américain noir ont remporté de nombreux prix. Originaire de Minneapolis, l’auteur réussit ici un tour de force en exprimant la voix de toute une génération à travers une série de poèmes bouleversants.

Je ne suis pas particulièrement sensible à la poésie, même si j’ai renoué en lisant les poèmes de Jim Harrison, j’avoue que j’en lis rarement. Mais ici, en plus de leurs sujets, particulièrement d’actualité, ils ont une forme qui me parlent. Avant d’en dire plus, je veux préciser que j’avais peu lu de choses sur ce recueil et j’ai découvert qui était Danez, quels étaient ses combats en le lisant et j’ai trouvé ça nettement plus touchant. Donc, je vous encourage à faire de même !

Afin de préserver au plus le secret, je vais donc éviter d’abord certains thèmes pourtant très chers à l’auteur – car très intimes mais sachez qu’ils sont magnifiquement abordés.

Danez parle avec son coeur, ses tripes – ses peurs, ses espoirs. Il ouvre son coeur au lecteur et j’ai beaucoup aimé cette confiance de la part d’un jeune homme noir dont on attend souvent l’inverse dans la communauté dont il vient. Il parle longuement de cette enfance ou adolescence où la masculinité est un trait exacerbée chez les jeunes hommes noirs. Danez est tout l’inverse. Il aime la poésie, l’écriture, et les garçons.

Je vous laisse ici des extraits et s’ils vous plaisent, n’hésitez pas à vous les procurer ! J’ai dévoré ce recueil et je le garde près de moi, pour pouvoir les relire – il y a tant de passages magnifiques. Une voix qui ose porter l’espoir d’une génération, celle où les enfants ont grandi en apprenant à éviter les balles. Celles où les hommes noirs ont peur de marcher le soir dans la rue …

Et surtout ne lisez pas la quatrième – comme je l’ai fait. Mon préféré est everyday is a funeral & a miracle

Summer, somewhere

somewhere, a sun, below, boys brown
as rye play de the dozens & ball, jump

in the air & stay there, boys become new
moons, gum-dark on all sides, beg bruise

(..)
history knows what it is, it knows wha it did,
bad dog, bad blood, bad day to be a boy

color or a July well spent, but here, no earth
not heaven, we can’t recall our white shirts

turned ruby gowns, here, there’s no language
for officer or Law, no color to call white,

if snow fell, it’d fall black, please don’t call
us dead, call us alive someplace better.

we say our own names when we pray.
we go out for sweets and come back.

this is how we are born : come morning
after we cypher/feast/hoop, we dig

(..)

the boy was Trayvon, now call RainKing.
that man Sean named himself i do, i do

 

it won’t be a bullet

becoming a little moon – brightwarm in me one night
thank god. i can go quietly. the doctor will explain death & I’ll go practise.

in the catalogue of ways to kill a black boy, find me
buried between the pages stuck together
with red stick, ironic, predictable, look at me.

i’m not the kind of black man who dies on the news.
i’m the kind who grows thinner & thinner & thinner
until light outweighs us , & we become it, family
gathered around my barely body telling me to go
toward myself

 a note on the body

your body stil your body
your arms still wing
your mouth still a gun

you tragic, misfiring bird

you have all you need to be a hero
don’t save the world, save yourself
your worship too much& you worship too much
when prayer doesn’t work :            dance, fly, fire
this is your hardest scene
when you think the whole sad thing might end
but you live                   oh you live
every day you wake you raise the dead
everything you do is a miracle

♥♥♥♥♥

Editions Graywolf press, 2017, 90 pages

Et pourquoi pas