Marvel and a wonder (Prodiges et miracles) · Joe Meno

par Electra
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A Vincennes il y a deux ans, lors du Festival America, le Caribou avait mis la main sur ce roman (en version française) et n’a depuis cessé de me seriner avec cet auteur américain. Du coup, lorsque j’ai trouvé son roman (en anglais) lors de ma dernière virée québécoise, je n’ai pas hésité.  Inganmic l’ayant aussi sous le coude, nous avons fait lecture commune. J’ai hâte de découvrir son billet ..

1995 – Indiana, Mount Holly une petite ville qui se meurt.  Jim Falls, vétéran de la guerre de Corée et veuf depuis peu, s’efforce tant bien que mal d’élever son petit-fils métis, Quentin dans sa ferme du Midwest. L’adolescent de 16 ans est taciturne, avec comme seuls amis ses reptiles qu’il élève. Leur vie est régulièrement secouée par les allers et venues de la mère de Quentin, une junkie qui est incapable de rester plus de trois nuits chez son père et auprès de son fils. Le père de Quentin est inconnu au bataillon. Jim cache à son petit-fils les dettes qui s’accumulent, son élevage de poulets va mal et Jim ressent parfois une douleur à la poitrine qu’il tait également à Quentin. Mais un jour leur destin bascule lorsque l’on vient livrer une magnifique jument blanche à la ferme. Jim en aurait hérité. L’homme ignore qui est le gentil donateur et découvre bientôt que l’animal est en fait un cheval de course. Il demande à son avocat et ami d’enquêter, celui-ci le met en contact avec un éleveur qui amène un de ses chevaux. La jument le bat à plate couture et rapporte quelques centaines de dollars à Jim. Jim reprend soudainement à rêver…

Mais à Mount Holly, les nouvelles vont vite et deux frangins, junkies, dont l’ainé sort de plusieurs années de prison en Californie décide de voler l’animal après avoir trouvé preneur. Les deux hommes parviennent à s’en emparer en blessant le vieil homme. Mais le grand-père et le petit-fils refusent de se laisser abattre et se lance dans une folle course poursuite à travers les Etats-Unis. Sur cette même route, un homme de main, qui vient de récupérer la petite-fille de son boss est chargé d’aller récupérer le cheval…

Joe Meno offre ici l’autre vision de l’Amérique, celle des perdants. Qu’ils soient fermiers ou accros au crystal-meth, le rêve américain n’est pas pour eux. L’auteur livre un portrait peu flatteur du pays des 50 étoiles. Ici c’est l’Amérique rurale, la grande oubliée, dévorée par l’appât du gain avec une jeunesse sans repères. Les emplois ont disparu. Mais au milieu de ce gâchis, il y a ce vieil homme et ce petit-fils et c’est ce qui fait toute la force de ce roman. Et ce cheval, magique. J’ai eu pitié de cet animal qui va passer le deux-tiers du roman enfermé dans ce van sans eau, ni nourriture. J’adore les chevaux et toute petite j’ai pleuré la première fois devant la télévision en voyant mourir les chevaux à Verdun (rien à faire du sort malheureux de soldats m’aura confiée ma mère qui aura aussi la bonne idée de m’empêcher de regarder la suite, j’avais 5 ans). Depuis l’animal me fascine.

Le Caribou a adoré. J’ai également aimé la simplicité du style, le ton parfois un peu sec, et la relation très forte entre Jim et Quentin. J’ai moins accroché aux autres personnages qui m’ont paru un peu trop stéréotypé ou alors trop souvent présent dans ce genre d’histoire (l’homme de main, la petite-fille addict que l’on ramène de force…).

Je dois aussi admettre que j’ai commencé ma lecture dans des conditions difficiles, pendant mes derniers jours de travail. J’ai du lire une trentaine de pages par jour, dans le bus, souvent à l’aller, trop fatiguée au retour. J’ai failli l’abandonner, heureusement, la douce musique des vagues de l’océan Atlantique m’a redonnée goût à la lecture et je l’ai fini très vite.

Un roman noir qui mérite le détour, mais pour lequel il m’a manqué un je-ne-sais-quoi pour en faire un favori. J’ai maintenant en tête de lire son autre roman, Le blues de la Harpie (How the hula girl sings) pour succomber définitivement.  Je pense le lire en anglais comme celui-ci, traduit également par les éditions Agullo.

Et qu’en a pensé Inganmic ?

♥♥♥♥

Editions Akashic Books, 2015, 335 pages

Photo by chrissie kremer on Unsplash

Et pourquoi pas

10 commentaires

Ingannmic 19 septembre 2020 - 10 h 04 min

Bon tu sais maintenant ce que j’en ai pensé.. c’est marrant, parce que je te rejoins sur l’aspect caricatural de certains personnages, et j’ai trouvé aussi que toute la partie de l’intrigue évoquant la poursuite pour récupérer la jument est empreinte d’un effet « comique » qui au départ surprend, car tranchant avec le début du récit, dont le ton est tragique, mélancolique. Et puis finalement, ce mélange de ton fait en partie le sel de ce roman…
Mais c’est peut-être aussi ce qui m’a empêchée d’en faire un coup de cœur : c’est plaisant, cela rend l’intrigue très vivante, mais c’est un peu au dépens de l’intensité émotionnelle.. (j’aurais dû écrire ça dans mon billet !
J’avais eu un peu la même sensation à la lecture du Blues de La Harpie (où, pour le coup, il n’est plus question de cheval, mais d’oiseaux…).
Et comme toi, je me suis beaucoup inquiétée pour la jument tout au long de ma lecture..
Bon, notre prochain rendez-vous est maintenant pour fin octobre, avec Miss Austen !

Bon week-end !

Electra 19 septembre 2020 - 14 h 27 min

Merci ! Oui, celle lecture fut une réussite comparée aux deux précédentes. Et oui Miss Austen nous attend Bon week-end à toi aussi

krol 19 septembre 2020 - 10 h 31 min

J’ai préféré Le blues de la Harpie. Et je partage ce que tu en as pensé. J’avais passé un bon moment, sans que cela soit un coup de coeur.

Electra 19 septembre 2020 - 14 h 27 min

Merci ! Du coup, je vais lire Le blues s’il est meilleur ça ne sera que du bon !

Violette 21 septembre 2020 - 21 h 04 min

très tentée par cet auteur depuis un petit bout de temps… tu en rajoutes une couche…

Electra 24 septembre 2020 - 15 h 47 min

de rien ! j’ai envie de lire l’autre roman car apparemment il est meilleur même si ici l »histoire du fils et du grand-père est aussi très touchante !

Mes échappées livresques 22 septembre 2020 - 10 h 07 min

J’ai adoré Le blues de la Harpie! Celui-ci est encore dans ma pal…

Electra 24 septembre 2020 - 15 h 47 min

toi aussi ! décidément, il me le faut !

Fabienne 23 septembre 2020 - 12 h 55 min

Je dois être une des seules à ne pas avoir accroché avec cet auteur… Je n’avais pas du tout aimé « Le blues de la harpie » et ne vais donc pas réitérer l’expérience.

Electra 24 septembre 2020 - 15 h 47 min

ah oui, dans ces cas-là surtout que ceux qui ont aimé Le blues le préfère à ce dernier.

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