Les disparues de Vancouver · Elise Fontenaille

par Electra
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J’ai réalisé en triant mes livres, que j’avais déjà lu un livre d’Elise Fontenaille – celui-ci je l’ai cherché partout lors de mon séjour à Québec et Montréal, et impossible de le trouver. Je l’ai trouvé en France. Et je ne regrette pas mon achat.

J’ai découvert Elise Fontenaille en lisant son court récit sur la prise d’Alcatraz par un groupe de jeunes activistes autochtones en 1969.  Les disparues de Vancouver se penche sur ces dizaines de jeunes femmes qui disparaissaient subitement des rues de Vancouver en 2010 sans que personne ne semble s’inquiéter. La ville canadienne accueillait alors les Jeux Olympiques d’hiver et le monde entier ne voyait que le côté positif de la ville.

Mais dans le quartier du downtown eastside , les disparitions s’enchaînent à un rythme effrayant. Les prostituées s’évanouissent dans la nature. Les trois-quart sont autochtones. Personne ne semble s’inquiéter de leur sort. Elles sont souvent droguées, malmenées par leur mac et ont perdu contact avec leurs proches. Jusqu’au jour où l’une d’elle, Sarah, disparaît. Mais Sarah venait tout juste de réintégrer le monde de la rue. Elle y avait échappé en s’installant avec l’un de ses clients, Wayne, et en vivant une jolie histoire d’amour. Bancale, mais réelle. Lorsqu’elle ne donne plus de nouvelles, celui-ci va s’inquiéter et va aller demander des comptes à la police et aux journalistes qui ne pensent qu’à relayer les JO d’hiver.

69 femmes vont ainsi disparaître dans le quartier de Skid Row. La police enquête à peine, elle va retrouver l’une d’elle, vivante – qui avait décidé de quitter la ville et retourner dans sa région natale. Les autres n’auront malheureusement pas eu cette chance. Une rumeur se répand bientôt sur un client violent, dangereux. Elise Fontenaille raconte l’histoire de ses femmes, à travers celle de Sarah, elle leur redonne leur dignité – ces femmes étaient jeunes, pleines de vie, et ont connu un sort terrible. Personne ne semblait s’en soucier. Il aura fallu que leurs familles se rassemblent et mettent la pression pour que la police les prenne enfin au sérieux.

L »enquête finira par révéler une terrible tragédie. J’ai dévoré ce récit, je l’ai trouvé juste, émouvant et triste. Triste, car ce roman montre de manière lucide la condition de nombreuses femmes autochtones de nos jours. Elles ont fui leurs réserves et sont venues à la ville croyant trouver un emploi. Très vite, elles se retrouvent à la rue, et une fois droguées, doivent travailler pour payer leur dose. Leurs clients sont souvent violents. Wayne ne lâchera pas, comme un vieux flic qui tentait aussi de les aider. J’ai une pensée pour lui et pour toutes ces femmes. J’ai vu leurs photos.

Publié chez Grasset en 2010, il faut le chercher en occasion. J’ai lu ce récit dans le cadre de mon challenge #nationindienne

♥♥♥♥

Editions Grasset, 2010, 200 pages

Photo by Brayden Law on Unsplash

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8 commentaires

Marie-Claude 9 novembre 2021 - 3 h 15 min

Une belle trouvaille que voilà. En français en plus. Un complément à Soeurs volées, côté Vancouver? Je le note de ce pas.

Electra 9 novembre 2021 - 17 h 59 min

ça m’a rappelée Soeurs Volées, mais là du côté glauque, dans le quartier mal famé de Vancouver, au milieu des prostituées et droguées, mais c’est aussi très touchant et la fin .. bref à lire absolument !

Eva 9 novembre 2021 - 15 h 47 min

je ne connaissais pas du tout, et ce livre m’intéresse grandement ! merci pour la découverte !

Electra 9 novembre 2021 - 17 h 59 min

De rien ! Oui, il est bien écrit et très instructif, même s’il est triste

Livr'escapades 10 novembre 2021 - 17 h 42 min

Je vais voir s’il est disponible à la BM, il m’intéresse.

Electra 16 novembre 2021 - 19 h 21 min

oui il te plairait bien !

Autist Reading 16 novembre 2021 - 13 h 49 min

2010, waowww… Cela fait donc 11 ans qu’il poireaute dans ma LAL… Shame, shame, shame…. Dans la même collection, j’ai lu, en revanche, Est-ce ainsi que les femmes meurent ?, de Didier Decoin.

Electra 16 novembre 2021 - 19 h 22 min

ah je le note ! mais du coup, je ne l’ai pas dans ma PAL ! Moi lu et acheté de suite ! Il vaut le détour donc garde-le !

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