The White Book · HANG Kang

par Electra
943 vues

Honnêtement, j’ai cru ne jamais revenir sur ce site. Impossible de lire une seule ligne. Mon cerveau a fait un burn out livresque. Cela correspond à une période intense de stress mais aussi à la découverte d’une autre passion, qui a tout emporté sur son passage. J’avais beau tenter de lire, n’importe quel livre me tombait des mains. J’ai décidé de laisser le temps au temps, mais j’ignorais qu’il allait me priver si longtemps de mon loisir préféré.

Et puis, j’ai pris l’avion – départ pour une semaine de vacances (actives sans pause lecture). L’avion, un vol très court d’à peine 1h30 mais suffisant pour que j’ouvre les pages de The White Book et que je sois catapultée dans l’univers blanc de HAN Kang. J’avais déjà succombé au style et au talent de l’auteure sud-coréenne en lisant une de ses nouvelles (recueil Nocturne d’un chaffeur de taxi) et j’avais, sur un coup de tête, acheté trois de ses livres. Amoureuse de la couverture du livre, je l’avais gardé sur ma table de salon.

She

I think of her living to drink that milk. I think of stubborn breathing, of tiny lips mumbling at the nipple. I think of her being weaned and ten raised on rice porridge, growing up, becoming a woman, making it through every crisis. I think of death deflected every time, face with her back as she moves firmly towards it.

Petit aparté, j’apprends le coréen depuis plusieurs mois, aussi je me procure tous les romans coréens que je peux trouver, je viens d’en commander auprès de ma soeur qui va venir des USA le mois prochain. J’avais donc sous mes yeux son livre que j’ai pris finalement dans l’avion avec moi. Et la magie a opéré. Il y avait eu Maggie Nelson et son livre sur la couleur bleu, à présent il y a le blanc chez HAN Kang. Le blanc de la neige, de la lune, des gâteaux au riz, du vêtement de naissance de cet enfant né et mort deux petites heures plus tard, dans les bras de sa jeune mère, seule à la maison.

HAN Kang se confie dans ce récit, ponctué de photos. La couleur blanche lui sert de fil d’Ariane qui la ramène dans le passé ou le présent, dans cette ville européenne, où les nuits ne sont pas les mêmes. C’est magnifiquement bien écrit. J’ai ressenti les mêmes émotions comme son étrange attirance pour les oiseaux blancs, que nous partageons. Je partage avec elle également une histoire personnelle et j’ai été très surprise de voir ainsi des mots posés sur un évènement qui a particulièrement touché ma famille mais n’est que très rarement abordé.

Salt

One day she took a handful of coarse salt and examined it closely. Those crystals had a cool beauty, their white touched with grey. For the first time, she had a real sense of the power that lay within this material : the power to preserve, the power to sterilise and to heal.

Merci donc à HAN Kang de m’avoir permis de tenir un livre entre les mains, de dévorer 72 pages en à peine trente minutes. D’avoir retrouvé le plaisir et le pouvoir des mots. Cet essai a été traduit en français aux éditions du Serpent à Plumes en 2019.

♥♥♥♥♥

Editions Granta,2019, 흰, trad.Deborah Smith, 161 pages

Photo de thom masat sur Unsplash

Et pourquoi pas

10 commentaires

keisha 26 juillet 2023 - 7 h 35 min

Hé bien te revoilà, avec des nouvelles, des projets. A ton rythme.

Electra 26 juillet 2023 - 18 h 40 min

Oui, et je continue de lire, surtout ! J’enchaîne avec plaisir, je ne me force pas .. Mais je ne stresse plus un livre à la main.
Merci pour ton coucou !

Ingannmic 26 juillet 2023 - 8 h 24 min

Bon, je passe pour ce titre, mais je lui suis infiniment reconnaissante de nous valoir ton retour ! Le coréen ?! Diantre…
J’ai pensé à toi la semaine dernière : j’ai lu Liv Maria…

Electra 26 juillet 2023 - 18 h 42 min

Ah Liv Maria ! Oui, me voilà de retour ! Et avec d’autres billets à suivre ! J’espère ne plus revivre ça. Mais oui, pas mal d’autres passions dont le coréen ! C’est passionnant , je te jure !
Je n’arrivais pas à venir vous lire car je ne lisais plus, mais je compte bien aussi revenir vous embêter !

Sunalee 28 juillet 2023 - 12 h 46 min

Contente de te revoir ici ! et je note ce livre !

Electra 28 juillet 2023 - 14 h 16 min

oui contente d’être de retour aussi !
je continue à lire tous vos billets du travail en perspective 🙂

Livr'escapades 28 juillet 2023 - 20 h 35 min

Très contente de te retrouver enfin! J’ai lu avec plaisir tes deux billets (le 2ème m’a l’air intéressant).

Electra 30 juillet 2023 - 16 h 03 min

Merci ! Oui, et vendredi soir en passant à ma librairie dans la section des livres en anglais, il était là 🙂 Vu son succès, il va sans doute être traduit mais je parie que tu peux lire l’anglais également 🙂
Je reprends le plaisir de lire et de vous lire, et je passe dorénavant tout mon temps à regarder mes livres !

Kathel 29 juillet 2023 - 20 h 41 min

Contente de ton retour ! Et avec une autrice que j’ai noté depuis belle lurette et jamais lue. Ah, ces listes impossibles !

Electra 30 juillet 2023 - 15 h 59 min

Merci 🙂 Oui ! et mes listes repartent à la hausse ! j’ai oublié de préciser que cet essai a été traduit en français par les Editions du Serpent à Plume en 2019.

Les commentaires sont fermés