Where the dead sit talking · Brandon Hobson

par Electra
5,3K vues

Difficile de passer à côté d’une telle couverture !  Et puis quand j’ai lu la quatrième, je n’ai pas hésité une seconde. Une nouvelle lecture à ajouter à mon challenge #nationindienne.

Oklahoma – fin des années 80. Sa mère en prison, Sequoaih, un jeune adolescent Cherokee de 15 ans, est placé en famille d’accueil chez les Troutt.  Ces derniers vivent à la campagne et accueillent chez eux Rosemary, une jeune fille indienne Kiowa de 17 ans et George, 13 ans. Sequoiah, profondément marqué par l’addiction de sa mère s’exprime peu et se sent très seul dans ce monde si peu accueillant. Mais son placement chez les Troutt va venir changer sa vie.  Il partage sa chambre avec George, atteint d’une forme d’autisme et doit apprendre à accepter le comportement curieux et effrayé du garçon, mais surtout il ressent une profonde attirance pour Rosemary.  Indienne, artiste, la jeune fille et lui partagent leur parcours chaotique au sein du système. Mais au fur et à mesure que ses sentiments se développent, la précarité de leurs vies et les cicatrices du passé refont surface.

Le roman s’ouvre sur une autre scène : Sequoiah, adulte, debout devant la tombe de Rosemary. L’homme se remémore cette période de sa vie. Sequoiah est un garçon de 15 ans, dont les envies profondes vont parfois vous dérouter. Il rêve parfois de violence, de commettre des crimes atroces, il se masturbe. Il erre parfois sans but. Il porte du mascara, Sequoiah se cherche. Qui est-il ? Sa mère ne l’a jamais aidé et son père a disparu très rapidement. Il est indien mais ne sait rien de son peuple. Il erre dans les couloirs de son école et se bat quand il le faut.  Il pense trouver en Rosemary une forme de réponse mais la jeune femme est encore plus troublée que lui. Plus cassée. 

Les personnages de Hobson sont crus, rongés jusqu’à l’os. Les parents de la famille d’accueil ne sont pas formidables mais ils sont là. Ses idées noires vous feront parfois peur, mais ne sont-elles pas normales ? J’ai trouvé cela très fort de la part de l’auteur de nous montrer comment certains jeunes peuvent effectivement avoir ce genre de pensées morbides, mais passent-ils à l’acte ? Au final, ils se font surtout du mal à eux-mêmes. Brian Hobson a voulu écrire son livre après avoir été assistant social auprès de jeunes en difficulté (placés en foyer, familles d’accueil, fugueurs, sans-abri, etc.) et il a voulu parler d’eux, de leur mal-être. A une période pivot d’une vie, où l’on cherche à savoir qui l’on est, ces derniers sont seuls, rejetés et souvent sans racine. Comment se trouver ?

Ne cherchez pas une intrigue, même s’il y a une disparition, c’est plutôt le récit d’une voix, celle de Sequoiah, à un moment clé de son existence. Et si son récit est sombre, la fin (ouverte ce qui peut déstabiliser certains) est plus lumineuse.

J’ai découvert un magnifique auteur avec une voix très singulière. Et puis, surtout, un mois après ma lecture, Sequoiah est toujours là, dans un coin de ma tête. Je le visualise, là, de dos, regarder de loin cette ferme, entourée de champs.

♥♥♥♥♥

Editions Soho Press, 2019, 281 pages

Et pourquoi pas

5 commentaires

Autist Reading 7 octobre 2019 - 17 h 21 min

En lisant ton formidable billet, j’ai honte : j’avais totalement oublié ce titre sur lequel j’avais pourtant mis la main lors de sa publication… mais qui s’est retrouvé depuis enfoui sous une tonne d’autres titres. Je m’en vais le ressortir au plus vite. Merci pour la piqûre de rappel.

Electra 7 octobre 2019 - 19 h 29 min

De rien ! Une très belle découverte – un auteur qui exprime superbement la perte de repères pour ces jeunes ! Il devrait te plaire 🙂

Marie-Claude 8 octobre 2019 - 0 h 50 min

Punaise… Une traduction, svp?! Pis ça presse…

Electra 8 octobre 2019 - 21 h 07 min

oui j’espère aussi et également l’auteur 😉

krol 9 octobre 2019 - 22 h 40 min

Rhôoooo, ça c’est un truc pour moi mais en français !!!

Les commentaires sont fermés